La pénurie de pharmaciens et de
pharmaciennes dans les urgences du CIUSSS de l'Estrie-CHUS a de graves
conséquences sur les soins donnés aux patients et aux patientes.
Enquête d'un an
Les résultats de la dernière enquête
de l'Association des pharmaciens des établissements de santé du Québec
(A.P.E.S.) indiquent que, dans les urgences, 37 % des besoins en pharmaciens
sont non comblés. En oncologie, 16 % des besoins en pharmaciens ne sont
également pas remplis, alors qu'il s'agit de traitements essentiels à la survie
de certains patients. Aux unités de soins intensifs et coronariens, auprès des
patients hospitalisés, 52 % des besoins en pharmaciens pour donner des soins
pharmaceutiques sont non couverts.
En dialyse rénale, 97 %
des besoins en pharmaciens sont aussi non comblés, en dépit de la vulnérabilité
aux médicaments des patients dialysés dont la capacité de filtration des reins
est diminuée.
Pourtant, tous ces secteurs doivent
obligatoirement avoir un pharmacien parmi le personnel. Les soins prodigués
dans ces départements doivent être suivis de près et le pharmacien est le seul
qui détient l'expertise au niveau des médicaments.
« Il ne suffit pas de pourvoir les postes vacants ; des centaines de
pharmaciens supplémentaires sont nécessaires afin d'assurer une couverture
juste et équitable en soins pharmaceutiques aux patients. »
- Julie
Racicot présidente de l'A.P.E.S. et pharmacienne
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Impact sur le temps d'attente dans les urgences
De plus, l'enquête menée par
l'A.P.E.S. démontrent aussi qu'un nombre considérable de visites dans les
urgences sont attribuables à des problèmes liés aux médicaments. « Les besoins en soins
pharmaceutiques ne cessent de croître avec le vieillissement rapide de la
population, la multiplication des maladies chroniques ainsi que la complexité
et le coût considérable des médicaments. L'ensemble de ces facteurs exerce une
pression non négligeable sur notre réseau de santé. En l'absence de recrutement
suffisant de pharmaciens, la capacité des équipes à offrir aux patients les
soins pharmaceutiques nécessaires et à assurer un usage optimal des médicaments
est forcément moindre. Le manque de pharmaciens nuit à l'efficience des visites
dans les salles d'urgence, notamment en augmentant le temps d'attente, les
risques d'incidents et d'accidents médicamenteux ainsi que d'effets
indésirables liés aux médicaments, et la durée moyenne des séjours », explique
de présidente de l'A.P.E.S. et pharmacienne la Julie Racicot.
Valoriser la profession de pharmacien
L'A.P.E.S. souhaite que le
gouvernement valorise la profession, spécialement en investissant dans le
recrutement de personnel et dans des conditions de travail et des salaires
attrayants pour les pharmaciens d'établissement.
Maîtrise en pharmacothérapie avancée
La valorisation de la profession
inclut aussi, selon l'A.P.E.S, la reconnaissance de la maîtrise en
pharmacothérapie avancée. Cette formation de 18 mois prépare l'étudiant à la
pratique en milieux de soins aigus et complexes. « Un titre de spécialiste
et une plus grande autonomie doivent être accordés aux pharmaciens diplômés de
ce programme », souligne Julie Racicot.
Selon L'A.P.E.S., un autre moyen pour
valoriser la profession pourrait passer par « un nouvel exercice de
planification de la main-d'œuvre en pharmacie au Québec compte tenu de
l'ampleur des besoins anticipés et de la concurrence croissante entre le réseau
public et les pharmacies privées pour le recrutement de pharmaciens. » Le
gouvernement pourrait également rendre l'accès à la maîtrise plus facile
notamment en permettant le bloc de cours à distance, surtout pour les étudiants
et les étudiantes qui habitent loin des universités qui offrent le programme.
« À l'automne 2023, le taux d'inscription en
pharmacie d'établissement se trouvait parmi les plus bas enregistrés depuis 10 ans,
avec à peine quelque 57 pharmaciens qui ont commencé le programme, malgré 114
bourses d'études disponibles. Il est essentiel de redoubler d'efforts pour
attirer et retenir des pharmaciens en établissement. Il est primordial que les
établissements de santé soient dotés des professionnels nécessaires pour offrir
des soins de qualité et sécuritaires aux patients », explique, la
pharmacienne et directrice générale de l'A.P.E.S, Linda Vaillant.
L'enquête de l'A.P.E.S. a été menée
entre le 1ᵉʳ avril 2022 et le 31 mars 2023.