L'un des plus grands classiques de la littérature marxiste est
l'ouvrage de Lénine intitulé La
maladie infantile du communisme. Essai de causerie
populaire sur la stratégie et la tactique marxistes.
Dans cet essai, écrit en 1920, Lénine critique
durement la stratégie suivie par une partie des communistes, membres de la Troisième Internationale, notamment
les Hollandais, les Allemands, les Anglais et les Italiens. Leur ligne de refus
de participation aux syndicats et aux élections, en régime de démocratie parlementaire, lui semble relever de la plus pure « puérilité » :
au nom de la sauvegarde de la pureté et de la virginité des principes, il
faudrait donc se priver de ces tribunes alors que l'immense majorité de la
population travailleuse y croit encore. Plus d'un siècle plus tard, il
m'apparaît utile de rappeler cet essai de Lénine alors que la crise éclate au
sein de Québec solidaire. Réflexions sur une crise politique aux répercussions
importantes sur la démocratie québécoise.
Québec solidaire, une force politique pertinente
Sans faire l'apologie de Québec solidaire, on ne
peut être insensible au succès de cette coalition de gauche qui a réussi mieux
que tout autre auparavant à se faire une place dans notre démocratie
parlementaire et dans notre vie démocratique. Jadis, j'avais participé à des
efforts en ce sens avec l'ancien président de la CSN, Marcel Pépin, dans le
cadre de la constitution d'une nouvelle force politique : le mouvement
socialiste. Nous n'avions pas obtenu le succès qu'ont eu Amir Khadir et
Françoise David avec Québec solidaire. D'ailleurs, cette vaine tentative
m'avait amené à l'époque à rompre avec la gauche pour épouser le libéralisme.
N'empêche que mes divergences politiques avec Québec solidaire ne sont pas un
prétexte pour ne pas sympathiser avec la crise que vivent aujourd'hui les
femmes et les hommes qui militent au sein de ce parti. Québec solidaire demeure
aujourd'hui une force politique pertinente au Québec et ce parti représente la
conscience sociale du Québec.
La crise, sources et effets de toge
La formation politique
Québec solidaire, fondée en 2006, a longtemps été perçue comme porteuse d'alternatives
progressistes au sein du paysage politique québécois. Cependant, récemment, des
tensions internes et des dissensions de plus en plus manifestes ont ébranlé le
parti. Cette crise au sein de Québec solidaire soulève des questions cruciales
sur son avenir et sur sa capacité à maintenir son unité et sa pertinence dans le
paysage politique québécois actuel.
À l'origine de la crise à
Québec solidaire. Les divergences idéologiques, les tensions personnelles entre
certains membres clés du parti et les débats sur l'orientation stratégique ont
contribué à fragiliser l'unité interne. Ces conflits ont été exacerbés par des
prises de position publiques controversées et des différends sur des questions
stratégiques telles que les alliances électorales ou les politiques
prioritaires du parti. La question est de savoir quelles sont les conséquences
de cette crise sur Québec solidaire et sur son image auprès de l'électorat. Les
divisions internes et les apparentes querelles de personnalités ou les
guerres d'égos affectent la crédibilité et la cohésion du parti, risquant de
dissuader les électeurs potentiels et de susciter des doutes quant à sa
disposition à gouverner de manière cohérente et efficace.
En fait,
depuis le temps de Périclès, on se retrouve au cœur des contradictions des
humains dans leurs volontés de vivre ensemble. Chez Québec solidaire, certains sont agacés de
l'importance et de l'ascendant de Gabriel Nadeau-Dubois sur son parti.
L'influence acquise à force de talents et d'habiletés naturelles depuis
huit ans tend à faire la lumière sur le fait que ce jeune porte-parole ne
se réduit pas à un citoyen interchangeable, à un stratège parmi les autres
élus. Ses contempteurs pensent qu'une polarisation autour de Gabriel
Nadeau-Dubois contredit l'ADN de ce parti où l'on dénonce le pouvoir d'un seul,
car pour eux la véritable démocratie doit rompre avec la thèse de l'homme
providentiel.
|banniere-article|
Devant
cette crise, Québec solidaire doit impérativement renouer avec ses valeurs
fondatrices et réaffirmer son identité politique. Les membres du parti doivent favoriser
le dialogue, la concertation et la recherche de compromis pour dépasser les
divergences et retrouver une dynamique collective constructive. Il est
également essentiel que Québec solidaire renforce sa communication interne et
externe pour clarifier son positionnement et ses orientations stratégiques.
Il importe
que l'on soit capable de distinguer entre le leader démagogue et le démocrate. Le démagogue et le
démocrate sont deux personnages créés par la démocratie, le démocrate la sert
alors que le démagogue s'en sert, pis même le démagogue la dessert à force de
s'en servir, puisqu'il transforme les citoyens en clients, les groupes en
communautés, et qu'il orchestre des prévalences plutôt que de l'égalité, se
souciant de quelques-uns au lieu de s'occuper de tous. Rien de démagogue dans
le citoyen Gabriel Nadeau-Dubois. J'y vois plutôt un politicien de talent qui
cherche à opérer une distinction entre son profit et le bien commun.
Contrairement à ce qu'en racontent les commentateurs, je suis d'avis que Gabriel
Nadeau-Dubois ne cherche pas à accroitre son pouvoir, mais que son intervention
ne vise qu'à renforcer Québec solidaire. Il émet le vœu que son parti soit plus
fort et plus grand que sa personne.
L'étincelle de la crise : la démission d'Émilise
Lessard-Therrien
La récente démission
d'Émilise Lessard-Therrien, co-porte-parole de Québec solidaire, a secoué les
fondations du parti politique. Cette décision inattendue a engendré une crise
interne qui soulève des questions essentielles sur l'avenir et la cohésion de
QS.
La crise
actuelle à Québec solidaire représente un défi majeur pour le parti, mais aussi
une de renouvellement et de consolidation de son projet politique. En se
concentrant sur l'unité, le dialogue et la cohésion, Québec solidaire pourra surmonter
cette crise et réaffirmer son rôle en tant que force progressiste et innovante
au Québec. L'avenir du parti dépendra de sa capacité à tirer les leçons de
cette période tumultueuse et à se réinventer pour répondre aux attentes et aux
aspirations de ses membres et de l'électorat québécois.
Même s'il est crucial pour
les membres de Québec solidaire de comprendre les raisons qui ont poussé
Émilise Lessard-Therrien à démissionner, cela demeure obscur. Son départ a mis
en lumière des tensions internes au sein de Québec solidaire, notamment des
divergences d'opinions stratégiques et des désaccords sur certains dossiers
politiques. Ces fissures préexistantes ont été exacerbées par l'annonce de sa
démission, laissant le parti dans une situation délicate et fragilisant son
image publique.
|banniere-article|
La perte d'une figure clé
comme Émilise Lessard-Therrien a provoqué un bouleversement au sein de Québec
solidaire. Son rôle en tant que députée, vaillante combattante contre
l'immobilisme de la Fonderie Horne, néanmoins défaite aux dernières élections,
en avait fait un symbole puissant de la voix des régions et de la défense de la
population et de sa santé. Sa campagne comme co-porte-parole en a fait une voix
des régions. Élue in extremis contre Ruba Ghazal par peu de voix, Émilise
Lessard-Therrien avait tout pour devenir une co-porte-parole efficace de Québec
solidaire. Le départ de cette jeune femme dynamique qui a choisi de faire écho
aux critiques de l'ex-députée Catherine Dorion envers Gabriel Nadeau-Dubois ne
pouvait que devenir une crise importante chez QS. Québec solidaire doit saisir
cette crise comme une opportunité de renouveau et de consolidation.
En conclusion, la crise chez
Québec solidaire faisant suite à la démission d'Émilise Lessard-Therrien est un
moment charnière pour le parti. C'est une période de défis et d'opportunités
qui nécessite une réflexion approfondie, un engagement collectif et une volonté
de changement. En surmontant cette épreuve avec courage et détermination,
Québec solidaire pourra renforcer sa position sur l'échiquier politique
québécois et incarner pleinement son rôle de force progressiste et innovante au
service de la société québécoise.
L'avenir de Gabriel Nadeau-Dubois
Figure
emblématique de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois incarne une nouvelle
génération de leaders politiques au Québec. Porteur d'idées progressistes et
d'une vision résolument tournée vers l'avenir, son ascension rapide sur la
scène politique québécoise soulève des questionnements sur son rôle et son
influence dans les années à venir. Devant la crise initiée par le départ
d'Émilise Lessard-Therrien, Nadeau-Dubois propose de saisir cette crise comme une opportunité de renouveau et de
consolidation. La démission d'Émilise Lessard-Therrien offre au parti
l'occasion de redéfinir son identité, de clarifier sa ligne politique et de
renforcer son leadership. Il est essentiel pour QS de mobiliser ses ressources
internes, de réaffirmer ses valeurs progressistes et de proposer une vision
rassembleuse et inspirante pour les Québécois.
Gabriel Nadeau-Dubois joue le
tout pour le tout. Il pointe du doigt le vrai débat au sein de la gauche, celui
entre les réalistes et les idéalistes épris de la pureté. Nous en sommes au
cœur de la difficulté historique des partis de gauche : combattre
l'infantilisme de la gauche québécoise...