Un souper entre amis.
Il y avait longtemps qu'on ne s'était pas vus! C'est fou
comme il faut geler des espaces-temps dans l'agenda pour que quelque chose
finisse par survenir! La vitesse n'épargne personne. Qu'on soit ou non sur le
marché du travail.
C'est un miroir, les soupers entre amis, je trouve!
Un miroir qui vient refléter le vécu de chacun. On échange
de nos nouvelles. On se demande où on en est. On rit beaucoup. Ça sert à ça
aussi, les soupers! Et comme nous étions dans un groupe d'âge homogène, le
miroir n'était pas très déformant : après la vérification des signes
vitaux (lire état de santé général!), la question vient rapidement :
« pensez-vous à la retraite? »
C'est un peu comique de constater à quel point les enjeux
ont changé au fil des ans : les enfants à venir, les enfants qui
grandissent, la carrière, tout cela est tassé des discussions. Les vieux
parlent de la retraite à venir! De leur progéniture aussi, évidemment, mais surtout
de la notion de retraite qui est à géométrie bien variable!
Et à travers ces discussions, évidemment, on jase maison. On
parle de soi, bien sûr, mais aussi de toit!
|banniere-article|
Un premier constat s'impose. Comme une évidence qui saute
aux yeux : l'explosion récente des prix fait en sorte qu'on n'aurait pas
les moyens de racheter notre propre maison aujourd'hui!
Spécial, quand même!
Si c'est intéressant au niveau de l'équité générée sur la
valeur de notre maison, il faut voir que tout autour a explosé : les coûts
de construction, d'achat de terrain, de location d'appartements, etc.
Je me suis alors dit que c'était la même chose pour mes
parents, sûrement! Tout est mathématique, en lien avec les revenus annuels et
tout ça.
Pas tant, selon mon petit univers personnel.
La maison familiale de mon enfance a coûté environ
15 000 $ en 1965. Au décès de papa, une quarantaine d'années plus tard,
voilà qu'elle s'est vendue environ 120 000 $. Une bonne hausse, mais étalée
sur quatre décennies.
Puis, pas même 20 ans plus tard, la même se vendrait
aujourd'hui au moins 350 000 $.
C'est énorme.
En 1960, le salaire moyen au Québec était de 3 679 $
annuellement. La maison a donc coûté 4 fois plus que le salaire annuel moyen.
En 2005, le salaire moyen est à 41 000 $. À
120 000 $, la maison a donc coûté 3 fois plus cher que le revenu moyen
annuel.
En 2021, le revenu moyen est à 51 000 $. À 350 000$, la
maison est presque 7 fois plus chère que le revenu annuel moyen. *
On peut discuter les chiffres et tout, mais la hausse est
immense!
Une inquiétude vive
On faisait l'exercice l'autre jour : un voisin vend son
bungalow de briques des années 1965/70 pour 460 000$. On se disait : « Ok.
Disons qu'on est des parents à l'aise. On donne 75 000 $ pour la mise de
fonds. Disons aussi que nos enfants (exceptionnels, évidemment!), ont réussi
par je ne sais trop quel subterfuge, à placer 75 000 $ pour l'achat de la
maison. Il reste quand même une hypothèque de 300 000 $ ! Ouch! »
Le souper a été un succès. Ça fait du bien de se revoir, de
se jaser, d'échanger et de rire un bon coup!
Mais les futurs retraités que nous sommes n'arrivent pas à
se consoler complètement du fait qu'ils ont été chanceux dans leur parcours. On
pense à celles et ceux qui suivent.
Et on est inquiets.
L'affaire, c'est que le toit, c'est la base de la stabilité
des humains en société. Pas nécessaire d'être propriétaire, j'en conviens, mais
un logement à 1 200$ et plus par mois, c'est énorme!
|banniere-article|
Après le souper...
Ma réflexion s'est poursuivie bien au-delà du souper.
D'urgence, il faut prioriser la place de l'habitation dans
notre société. Je comprends les propriétaires de logements de chercher à
maximiser la rentabilité de chaque pied carré. On ne peut les blâmer, ce sont
les règles du jeu économique.
Il faut donc développer ailleurs et autrement. Les
coopératives sont une option assez extraordinaire. Les logements sociaux aussi.
Il y a aussi ce projet du Gouvernement du Québec de solliciter les fabricants
de maisons préusinées pour construire et vendre des logements de qualité à bon
prix. Un peu comme le modèle des « maisons de vétérans » de l'après-Deuxième
Guerre.
La clé, pour que ces modèles fonctionnent? Éviter les
modèles économiques où la spéculation monétaire est la priorité.
Ça part de là...
Clin d'œil de la semaine
Le pont est fait pour passer d'une rive à l'autre. Pas pour
servir de toit aux citoyens...
*source: Statistiques Canada