Au moment où la ville de Sherbrooke multiplie les
partenariats privés pour financer ses infrastructures, un débat s'ouvre sur la
valeur symbolique des noms des bâtiments publics. Une lettre ouverte signée par
les candidats de Vision Action Sherbrooke, incluant le candidat à la mairie
Guillaume Brien, plaide pour la préservation du nom Léopold-Drolet au Palais
des Sports.
Une monétisation qui
inquiète
Depuis quelque temps, Sherbrooke s'engage dans une démarche
de commandite visant à renommer certaines de ses installations municipales à
des fins de financement. Le Centre récréatif Rock Forest est ainsi devenu le
Complexe sportif Forage FTE, tandis que le Quartier général de
l'entrepreneuriat portera le nom de Promutuel Assurance à compter de 2026. Cette
logique de partenariat financier pourrait prochainement toucher un lieu
symbolique : le Palais des Sports Léopold-Drolet.
Bien que les signataires de la lettre ouverte, menée par
Guillaume Brien, ne s'opposent pas au principe d'une commandite, ils lancent un
cri du cœur contre l'effacement de l'héritage de Léopold Drolet. Selon eux,
cette démarche ne devrait pas se faire au détriment de la mémoire collective.
« Il est légitime que la Ville explore différentes sources
de financement, mais elle ne doit pas le faire en effaçant les noms porteurs de
sens pour notre communauté », peut-on lire dans la lettre ouverte.
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Léopold Drolet : plus
qu'un nom
Le débat ne porte pas seulement sur une enseigne, mais sur
une figure de l'histoire économique et sportive de Sherbrooke. Fondateur de
l'entreprise Sherwood en 1949, Léopold Drolet a contribué à faire de Sherbrooke
un pilier de l'industrie du hockey, sport national emblématique du pays. Les
bâtons Sherwood, fabriqués ici, ont été utilisés par les plus grands noms du
hockey.
L'impact de son entreprise allait bien au-delà du sport :
Sherwood a généré des emplois, soutenu des familles, stimulé l'innovation et
participé activement au rayonnement de la région. En 2003, en reconnaissance de
son legs, la ville avait décidé de nommer le Palais des Sports en son honneur.
Pour les auteurs de la lettre, retirer ce nom serait envoyer
un signal malheureux. « Renommer un lieu comme le Palais des Sports soulève des
enjeux d'identité, d'appartenance et de reconnaissance. Les symboles qui nous
unissent doivent être traités avec respect », soulignent-ils.
Vers un panthéon des
bâtisseurs ?
Les signataires ne se contentent pas de critiquer : ils
proposent. Afin de mieux mettre en valeur les personnalités ayant façonné
Sherbrooke, ils suggèrent la création d'un panthéon des bâtisseurs. Ce lieu ou
cette initiative permettrait de reconnaître durablement les contributions de
figures locales marquantes, comme Léopold Drolet et de garder davantage leur
mémoire dans l'espace public.
Source : la lettre ouverte de VAS