Des fois (comme vous, j'imagine!), ça déborde dans ma tête.
Je ressens comme un vertige. Et j'ai de plus en plus souvent le goût de me
soustraire, le temps de quelques heures ou quelques jours, à l'actualité, tant
elle est déprimante.
L'affaire, c'est que non seulement mon retrait de quelques
jours ne change rien dans la réalité des choses, mais il me rend inutile à
réagir.
Dilemme.
Très souvent, j'ai écrit sur la notion du chacun-pour-soi;
sur le principe de la bulle personnelle dans laquelle on se retrouve tous,
individuellement.
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En parallèle de cette réalité, je viens placer les politiciens,
les gestionnaires publics, parapublics, privés, bref, tous les gestionnaires,
dans cette notion de bulle individuelle.
Chaque gestionnaire a son ordre du jour propre. Sa propre
planification qui est qualifiée de stratégique. Je le dis ainsi puisque la
stratégie est en fonction de la réalisation d'un mandat. Mandat, qui, de toute
évidence, n'est pas inclus dans un programme plus vaste. Plus grand. Plus
global.
D'où ma question : qui regarde les choses globalement?
J'inclus, dans ma vision de la globalité, deux grands
axes : globalement au sens où les gestes de l'un sont en interaction avec
les gestes de l'autre, et globalement au sens de la portée dans le temps. Des
impacts de nos gestes du jour sur les résultats de demain.
Je me sens subitement théoricien.
J'illustre mon propos avec des exemples.
En 1996, Lucien Bouchard, alors premier ministre du Québec,
a tenté de rallier tout le monde (électeurs, syndicats, patrons) autour du
concept de déficit zéro à tout prix. Une mise à la retraite massive dans le
secteur public s'en est suivie. Près de 30 ans plus tard, on a toujours un
puissant déficit en ressources humaines en santé et en éducation.
L'objectif du déficit zéro a été atteint en quelques années.
Monsieur Bouchard jubilait. À défaut de prévoir les choses pour les décennies à
venir, on aura eu, momentanément, un déficit zéro!
Et c'est comme ça partout, il me semble.
Autre exemple, au nom des dépenses ponctuelles qu'il faut
éviter, on a aussi évité de s'intéresser au vieillissement de la population
pourtant bien prévisible depuis des décennies. On se retrouve avec des CHSLD
inadéquats et dans lesquels le nombre de places est nettement insuffisant. Au
fil des années, les gestionnaires et les politiciens peuvent quand même dire
qu'ils ont atteint leurs objectifs ponctuels. Donc, ce n'est la faute de
personne. Ce n'est pas beau, ça?
Quand on gère au jour le jour, on finit par oublier que
demain existe.
Donc, qui regarde globalement les choses?
Des chercheurs. Ces théoriciens qu'on invite sur des panels
avant de mettre de côté ce qu'ils ont dit.
Je m'explique: on fait un sommet politique sur une situation
environnementale ou sociale. On signe une résolution commune à la fin de
l'exercice. Puis, chacun retourne à son bureau et se rappelle soudainement que
son objectif est d'être réélu, donc qu'il lui faut plaire à la masse critique
susceptible de voter pour lui. Adieu, résolution!
Planifications stratégiques
Je mets de l'avant un dernier élément. Je n'ai pas de
chiffres à l'appui, mais j'ai une conviction profonde : il n'y a jamais eu
autant de consultants en planification stratégique et, en parallèle, il n'y a
jamais eu si peu de planification globale.
Chaque planification stratégique sert à cocher la bonne case
dans l'évaluation annuelle du gestionnaire.
La priorité est là. Voir plus loin et plus globalement est
un acte réservé à quelqu'un, j'imagine.
C'est ce quelqu'un que je cherche...
Clin d'œil de la semaine
Réagir coûte plus cher que de prévoir.
« Pas grave, de toute façon, c'est le gouvernement qui
paie! Pfff! »