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  CHRONIQUEURS / L'Agora

Deux ans de vraies affaires...

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Pour le gouvernement libéral de Philippe Couillard, c'est le temps du bulletin de mi-mandat. Ce gouvernement nous avait promis la relance de l'économie grâce à l'effet libéral et le retour de la stabilité politique. Le moins que l'on puisse dire, c'est que cet engagement n'a pas été tenu. Jamais le Québec n'a été aussi en panne en matière de développement économique. Qui plus est, le retour à l'avant-scène politique des relents d'histoires de népotisme, de collusion et de financement politique illégal ne contribue pas à la stabilité politique. Philippe Couillard avait aussi promis un nouveau climat de discussion politique à l'Assemblée nationale du Québec. Celles et ceux qui ont regardé les périodes de questions la semaine dernière conviendront rapidement avec moi que cela n'avait rien à envier aux pires moments de la fin du gouvernement Charest en 2011 et 2012. Bilan et prospective d'un gouvernement aux abois.

L'austérité

Le premier grand travail de Philippe Couillard fut de rétablir l'équilibre budgétaire. Sans surprise aucune, au lendemain de l'élection de son gouvernement, nous avons appris que la maison Québec était en fort mauvais état. Que les déficits étaient plus grands qu'anticipés et que nous devions redresser la barre de façon urgente si nous ne voulions pas que le Québec se voit obligé d'abandonner tout ce qu'il chérissait en matière de programmes sociaux, de santé et de soutien aux familles. Ce qui fut dit fut fait. Nous sommes alors entrés dans une période de grandes rigueurs que les adversaires politiques et les groupes de la société civile n'ont pas tardé à qualifier d'austérité. Dans cette chronique, je me suis même amusé à inventer un nouveau mot pour remplacer le Québec comme le pays de l'Austérie.

Ce régime de rigueur budgétaire ne fut pas sans conséquence pour de larges pans des services fournis à la population par leur gouvernement. Les personnes âgées, les gens malades, les écoles, les garderies, les structures de développement régional, les organismes communautaires et plusieurs autres services à la population ont été diminués ou même abolis dans certains cas. Malgré les effets délétères de ces compressions sur l'ensemble de la société, le gouvernement Couillard s'en est plutôt bien sorti même si ses déclarations sur l'honneur que les services à la population ne seraient pas affectés entraînaient plus de rires que du respect.

Ce parti pris du gouvernement libéral de Philippe Couillard pour le néo-libéralisme économique a connu son apogée lors des négociations avec tous ses employés. Et surprise, il a réussi à obtenir une entente négociée avec la majeure partie d'entre eux.

En mars dernier, le gouvernement annonce la fin de l'austérité grâce au retour à l'équilibre budgétaire et utilise sa mince marge de manœuvre pour faire de l'éducation une priorité nationale. Des mots plus que des actions étant donné la faiblesse du réinvestissement en éducation et du maintien de coupes budgétaires importantes dans les autres missions de l'État québécois puisque les budgets ne sont pas indexés au coût de système.

L'économie c'est stupide...

Le développement économique du Québec n'a pas connu l'effet libéral promis. Les investissements privés stagnent et tardent à se manifester alors que les statistiques sur l'emploi sont bien loin de la promesse libérale de créer 250 000 nouveaux emplois durant son mandat.

Le développement économique qui devait figurer au cœur de l'action du gouvernement libéral de Philippe Couillard a vite été estompé par les manchettes des effets et des conséquences des choix budgétaires du gouvernement. Le Québec a perdu 22 500 emplois en mars dernier selon Statistiques Canada. Seulement 300 emplois ont été gagnés au cours des douze derniers mois.

Outre ces résultats fort décevants, le trio économique de l'équipe libérale composée de Leitao, Daoust et Coiteux a été démantelé sans donner de grands résultats. Il faudra maintenant compter sur la nouvelle venue du club ferme des libéraux (la CAQ) Dominique Anglade, pour redonner du tonus et de la crédibilité au gouvernement en matière de développement économique. La vente du quincaillier RONA et des rôtisseries Saint-Hubert à des intérêts américains et canadiens jointe aux décisions de Bombardier, qui a fait des mises à pied importantes au Québec, malgré l'aide financière d'un milliard de dollars du gouvernement du Québec à la C Series, ne vient pas renforcer la crédibilité du gouvernement en cette matière.

On a beau brandir devant nous les sentiers lumineux de la nouvelle économie numérique, mais rien n'y fait et le pessimisme demeure élevé quant à la capacité de ce gouvernement de contribuer à la relance de l'économie du Québec. Un échec cuisant de l'effet libéral qui n'est jamais venu...

L'identité, la langue, l'immigration et les politiques d'intégration

Sur le plan de l'identité québécoise et de la protection et de la promotion de la langue française, le gouvernement de Philippe Couillard a fait preuve d'une timidité excessive pour promouvoir notre caractère distinct. Outre qu'il peine à faire voter sa Loi 60 sur les propos haineux, il n'a encore rien fait sur le plan du suivi à donner aux recommandations de la Commission Bouchard-Taylor sur les accommodements raisonnables. Nous attendons toujours sa politique pour promouvoir le vivre ensemble québécois et protéger notre particularisme face à l'universel. Quant à la question de la langue, le premier ministre semble bien mal à l'aise avec ces questions d'identité, lui qui n'a parlé qu'en anglais devant un public étranger. Quant à la politique d'immigration, le nombre d'immigrants sera relevé sans débats sur les politiques et les ressources mises en œuvre pour assurer l'intégration des nouveaux arrivants. Là aussi, le gouvernement Couillard peine et fait du surplace.

L'environnement, les pipelines, Anticosti et gaz de schiste

Concernant l'environnement, on a assisté à beaucoup de cafouillages notamment par rapport à Anticosti et à l'exploitation des ressources pétrolières. On a été assez timide avec les ressources pétrolières des Îles de la Madeleine alors que l'on semble prêt à permettre l'exploitation en Gaspésie. La saga de l'oléoduc Énergie Est a aussi connu de multiples rebondissements et de brusques changements de cap au gouvernement. La récente politique énergétique semble être intéressante bien que nous n'en soyons qu'aux objectifs et non pas aux modalités, là où ça compte vraiment. Sur cet aspect également, il y a eu plusieurs ratés.

L'incapacité à gérer et prévoir les crises

Là où le gouvernement paraît le plus mal c'est dans sa capacité à prévoir et gérer les crises. On ne les compte plus, l'affaire Lise Thériault et la SQ, le bon docteur Bolduc et ses primes, les fugueuses de Laval, l'affaire Sam Hamad, les garderies, les centres de toxicomanie, le financement du réseau de la santé, les coups de gueule du Dr Barrette. Le premier ministre en a plein les bras avec cette incapacité de son cabinet à prévoir et à gérer les crises qui sont monnaie courante pour un gouvernement, quel qu'il soit. La dernière plus dommageable encore touche de plein fouet l'avenir de ce gouvernement avec les questions d'intégrité, les relents de l'ère Charest et la mise en œuvre des recommandations de la Commission Charbonneau.

Bref, après deux ans de vraies affaires, les Québécois souhaiteraient maintenant avoir un gouvernement qui soit à la hauteur des défis qui se posent à eux en ce début de 21e siècle. Le développement économique, la protection et la promotion de l'identité québécoise de même que le maintien des programmes de santé et d'éducation devraient être au cœur des préoccupations de ce gouvernement. Vivement, les vraies affaires...


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