Une des tantes de mon père vivait en communauté. Religieuse.
Cloîtrée, qui plus est. Je me souviens de ma surprise par rapport à
l'explication qu'on m'avait donnée quant au mot cloîtrée. Mais ma surprise
s'est éclatée quand on m'a aussi appris que cette grande tante et ses consœurs
avaient obtenu un premier droit de sortie depuis quelques décennies dans le
monde extérieur pour visiter Expo '67 à Montréal! J'imaginais le choc sans trop
pouvoir le visualiser complètement, tellement ça me semblait surréaliste!
Pour moi, une communauté, c'était nécessairement religieux.
C'est plus tard que j'ai compris la notion de gens vivant
ensemble et partageant des biens ou des intérêts communs.
Le Québec est donc une communauté. Le Canada aussi.
Le débat identitaire s'engage alors. Comment
s'identifie-t-on à notre communauté globale. Pas si simple comme débat.
Et je ne parle pas du combat Québec VS Canada. Je parle de
l'introduction de la charte affirmée des droits et libertés qui a eu des répercussions
positives dans la reconnaissance de chaque individu.
Il faut bien se rappeler qu'on vivait dans une société
prônant un modèle uniforme. L'homme, la femme, le mariage, les enfants, tout ça
sous le dogme catholique qui définissait clairement les façons de se comporter.
Depuis la Révolution tranquille des années 1960, tout a
basculé. Mais, évidemment, changer des approches par rapport à des éléments qui
ont été bannis pendant quelques centaines d'années, ça ne se fait pas tout
simplement.
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Rendre acceptable ce qui était condamnable demande aussi du
temps. Revoir les façons de penser pour s'organiser et s'assurer que les gens
vivant avec un handicap le fassent dignement et puissent s'épanouir comme
humains proactifs dans la société, tout ça demande de la bonne volonté et du
temps.
Quand j'étais petit, je me souviens des cours de catéchèse
lors desquels on nous expliquait que les personnes handicapées étaient moins
chanceuses que nous et qu'elles méritaient notre pitié. Au passage, on nous
demandait de remercier le Seigneur pour notre santé normale à nous...
Le tournant des années 2000 a vu naître des communautés pour
rassembler les gens vivant des réalités communes. Des centaines de petites et
grandes associations concernant tantôt des orientations sexuelles spécifiques,
tantôt des handicaps physiques ou mentaux, ou tantôt des gens ne correspondant
pas aux dictats sociaux encore bien présents (personnes en surplus de poids,
par exemple).
L'avantage de ces communautés est de donner une voix plus
forte pour faire valoir les revendications liées à leur situation, tout en se
dotant d'un espace de discussion et de partage adapté.
La situation fait aussi en sorte qu'on se retrouve
aujourd'hui avec une société remplie de centaines de communautés qui
s'affirment et revendiquent des éléments généralement très valables, mais qui
comportent aussi un danger de repli sur soi.
Ce n'est pas un jugement de valeur. Vraiment pas. C'est un
constat.
Le défi qu'on a comme société est puissant. Développer un
esprit de grande communauté. Chacune de ces centaines (voire de milliers) de
petites ou plus grandes communautés plaide pour une société inclusive.
Je me rends compte que ce sera quand même difficile de créer
un grand groupe communautaire pour réunir dans une seule direction les visions
de chaque personne et de chaque communauté.
Pourtant, c'est un défi social qui me semble nécessaire.
Il faudra de l'ouverture d'esprit de toutes parts. La
société inclusive demande plus de travail et de relatif oubli de soi que l'idée
de revenir à des notions très simples de dictats aplanissant toutes les
différences sur leur passage.
D'où les mouvements d'une droite très religieuse et
masculiniste qui prennent de l'ampleur.
Il faut réagir à cette droite radicale. Les communautés
séparées devront finir par en faire une plus grande.
Reste à trouver le chemin pour y arriver.
Clin d'œil de la semaine
Je suis pour la liberté, tant et aussi longtemps que la
mienne est totalement respectée.