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  CHRONIQUEURS / Deux mots à vous dire

Viens donc te battre, on va régler ça!


Si c'est vraiment la peur qui freine celui qui voudrait donner un coup vicieux à l'adversaire, passons d'abord par l'application meilleure des règlements déjà établis.
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Photo : crédit photo: RDS
François Fouquet Par François Fouquet
Lundi le 24 février 2020      

« Envoye, fais pas ta femmelette! »

Le mot femmelette, que j'écris pour la première fois, je crois, attise le Cro-Magnon qui ne dort visiblement pas à poings fermés (!) dans la tête de l'amateur de hockey qui a le goût d'une bonne bagarre!

Il y a plusieurs aspects à considérer quand on parle d'abolir les bagarres dans la Ligue de hockey junior majeure du Québec.

Les bagarres!

Un coup d'œil au rétroviseur me ramène aux Castors de Sherbrooke, dans la deuxième moitié des années 1970. Je me souviens des attentes que nous avions, jeunes du secondaire, envers les Floyd Lahache et Jimmy Mann! À l'époque, les entraîneurs grimpaient sur les bandes pour enguirlander les arbitres et les joueurs des équipes adverses.

L'époque du « mon goon est plus fort que le tien! ». Le goon, c'était le matamore engagé pour faire régner l'ordre et la justice sur la glace. Dans ses temps morts, il intimidait l'adversaire et provoquait des bagarres...qu'il était ensuite mandaté pour régler! Le pompier pyromane!

Le plus intimidant, c'était la foule elle-même! Debout, gueulant son approbation! Je ne joue pas aux puristes, j'en étais, à l'époque!

Dans les mêmes années, Les Flyers de Philadelphie, avec l'entraîneur aux verres fumés Fred Shero, gagnaient des coupes Stanley en ne manquant pas d'intimider tout ce qui bougeait autour.

Heureusement, les temps ont changé.

Le débat actuel propose l'abolition des bagarres au hockey junior. Je croyais que ça allait de soi, mais non. On a même reporté le vote! La majorité n'aurait pas été assez forte, dit-on.

Jocelyn Thibault, co-propriétaire et directeur général du Phoenix de Sherbrooke, voit les choses autrement. En fait, il corrige l'angle : "les bagarres", dit-il, "sont déjà interdites. La preuve, c'est qu'on est puni si on se bat. Comme quand on donne un coup de bâton. Le débat réside donc dans la sévérité de la pénalité."

L'argument principal du clan qui approuve le statu quo quant aux bagarres réside dans la crainte que leur abolition entraîne une augmentation des coups vicieux.

La logique de l'argument tient essentiellement dans le fait que si tu donnes un coup vicieux à l'adversaire, tu t'exposes à recevoir la visite d'un bagarreur de l'autre équipe. La peur t'incite donc à ne pas donner le coup vicieux en question.

Si c'est vraiment la peur qui freine celui qui voudrait donner un coup vicieux à l'adversaire, passons d'abord par l'application meilleure des règlements déjà établis. À ce sujet, disons que la souplesse dans l'application des règles est assez typique au hockey! En début de saison, on ne peut pas accrocher, mais quand l'enjeu est serré, subitement, « les arbitres laissent jouer » pour ne pas influencer l'issue du match! Personnellement, je continue de croire que la commande vient d'en haut.

Et si la peur est en mesure de dissuader quiconque voudrait être vicieux, ça devrait avoir le même effet sur un bagarreur en l'expulsant du match.

Autre chose. Quand les bagarres font partie du plan de match, c'est tout le spectacle qui en souffre. Si tant est que le spectacle que vous appréciez est l'habileté de joueurs à jouer et non à se battre!

Sans hésiter, j'irais pour l'expulsion du match d'un joueur qui se bat. Et j'ajouterais un match de suspension à l'instigateur. Et j'exigerais des arbitres une application rigoureuse du livre des règlements.

Je retiens l'argument complémentaire de Jocelyn Thibault : « on dirige de jeunes joueurs et on tente d'éviter les coups à la tête. Il faut être conséquent! »

Je comprends que c'est un changement de paradigme assez solide. Ça vient remettre en question le Cro-Magnon qui n'est pas mort, mais ça a le mérite de nous rappeler que le hockey est un jeu. Même quand il faut « absolument » gagner un match. Parce que même dans le mot enjeu, il y a le mot jeu.

Clin d'œil de la semaine

Il est difficile de taper sur la gueule de quelqu'un sans qu'il ne reçoive des coups à la tête!


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