L'un des beaux
moments de 2023 est sans conteste ce vaste rassemblement des gens de Sherbrooke
autour du leadership de Jean Perrault pour préserver l'avenir de l'Université
Bishop's. Il y avait longtemps que les forces vives de Sherbrooke ne s'étaient
rassemblées autour d'un projet. C'était l'époque avant que notre ville devienne
le bastion de Québec solidaire et de Sherbrooke Citoyen. Cette gauche un peu
éclectique qui a réussi à s'emparer du pouvoir de notre ville sans rien faire
avec. Outre la rhétorique habituelle de s'opposer aux élites, aux vils
promoteurs qui éliminent les arbres de notre ville et à ces industries qui
détruisent l'écosystème, cette gauche qui disait avoir un projet pour notre
ville n'a accouché d'aucun projet digne d'intérêt. C'est sans vision que se
terminent les deux premières années de mandat de la mairesse en congé de
maladie Évelyne Beaudin. Que du vent et de nouvelles structures. Sherbrooke et
l'Estrie souffrent d'un manque de leadership politique. Réflexion sur l'absence
de vision pour le troisième pôle urbain du Québec et sa région
Bilan provisoire de l'action de
Sherbrooke Citoyen
N'en déplaise
aux chantres du régime Beaudin, les faucons pèlerins vaseux des réclames
publicitaires du gouvernement du Québec, le bilan de l'action de Sherbrooke Citoyen
à la direction de la Ville depuis l'élection de madame Évelyne Beaudin ne se
résument qu'à du brassage inutile et nuisible de structures et à du vent. Nous
sommes loin du discours prometteur de la fin de la dernière campagne électorale
où madame Beaudin disait : « Nous avons effectué plus d'une vingtaine de
sorties publiques pour faire connaître nos idées à la population. Toutes ont
été bien reçues, parce qu'elles traduisent une vision d'avenir qui mise sur les
forces de notre ville et des communautés qui la forment. Les citoyennes et les citoyens
étaient heureux d'entendre parler de logement, d'environnement, de transparence
et de gestion responsable. Ils étaient heureux qu'on leur présente une vision
responsable, digne d'un véritable gouvernement de proximité. Le prochain
gouvernement assumera ses responsabilités face à la crise du logement, face aux
changements climatiques et face à la crise de confiance envers la classe
politique. Les gens ont vite compris que chez Sherbrooke Citoyen, on sait où on
va. »
Justement, nous
ne savons pas où s'en va Sherbrooke Citoyen. Que les partisans de ce parti me
disent quelles actions structurantes ont été accomplies depuis deux ans en
matière de crise du logement à part retarder des projets de construction de
promoteurs sous l'argument que seules les coopératives d'habitation peuvent
construire du logement abordable. Cette guerre aux promoteurs a laissé des
traces et elle se fait sentir dans les statistiques des nouvelles constructions
à Sherbrooke. Sur la crise des changements climatiques, quels gestes ont été
posés à part de construire des pistes cyclables pour améliorer la capacité de
notre ville à faire face aux changements climatiques ! Même le transport
collectif à Sherbrooke n'a pas connu de croissance. Certes, on a réclamé plus
d'argent de Québec, mais les gestes de l'actuelle administration municipale
n'ont pas démontré un leadership en matière de changement climatique. Si je
prends l'exemple d'un acteur institutionnel qui a pris un véritable virage vert,
je peux citer l'Université de Sherbrooke qui n'a pas hésité à bousculer les
habitudes de sa communauté en faisant disparaître des stationnements, en
négociant une entente originale à l'époque avec la STS pour ses étudiants et
son personnel et en s'investissant dans des recherches significatives en
énergie renouvelable. Voilà les gestes d'un leader qui s'assume. Rien de cela à
Sherbrooke. On connaît la passion de la mairesse Beaudin pour les vélos alors
pourquoi ne pas avoir pris le pari de faire de Sherbrooke la ville du vélo au
Québec en prenant en même temps les mesures contraignantes et impopulaires
contre l'automobile ? J'aurais personnellement détesté cela, mais cela aurait
été un geste de leadership. Quant à la sacro-sainte transparence du régime
Beaudin, je crois que l'épisode burlesque avec la secrétaire à la participation
citoyenne a pu enlever toutes les illusions à celles et à ceux qui ont cru que
l'administration Beaudin était devenue transparente.
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Non, le bilan
des engagements de Sherbrooke Citoyen est loin d'être reluisant. Pire encore,
non seulement cette administration municipale n'a pas fait ce qu'elle avait
promis, mais elle a nui à des projets et à des initiatives qui ne méritaient
pas d'être jetés aux poubelles.
Ne pas jeter ce qui n'est pas brisé...
Outre ne pas
tenir ses engagements, l'administration Beaudin s'est évertuée à défaire des
choses qui allaient bien. Parmi l'une des actions les plus destructrices, il y
a eu cette décision d'abolir Sherbrooke Innopole. Une organisation issue de la
volonté de tout le milieu au lendemain d'un sommet économique tenu par
l'ex-maire de Sherbrooke, Jean Perrault où Sherbrooke voulait devenir la
capitale de l'innovation au Québec en misant sur ses forces qui sont devenues
dans le langage de l'époque les cinq filières clés. Pourtant, si j'en crois les
rapports annuels publiés chaque année par cet organisme, ça allait plutôt bien
chez Sherbrooke Innopole. C'est grâce à son action concertée avec d'autres
acteurs du milieu que Sherbrooke a obtenu la désignation de zone d'innovation
quantique. Sans compter que la renommée de Sherbrooke Innopole dépassait
largement les frontières de la ville, de la province et du pays. Au nom d'une
structurite aiguë, on a choisi de tout refaire à neuf sous un nouveau chapeau
Entreprendre Sherbrooke. À part brasser des structures, cela n'a pas contribué
à créer un seul emploi si ce n'est ceux des fonctionnaires responsables de ces
nouvelles structures.
Il y a aussi
parmi les gestes qui sont dommageables à notre tissu industriel, cette conception
que ce n'est pas une bonne idée de développer un nouveau parc industriel parce
que les terrains manquent pour accueillir de nouvelles initiatives
entrepreneuriales. Le développement industriel n'est plus une priorité. Pour
cette administration municipale, nous sommes pour l'économie circulaire. Ce qui
signifie que l'on se met tous ensemble et on tourne en rond. Croissance zéro
est le nouveau leitmotiv de Sherbrooke. Ça va de soi, on a une pénurie de main-d'œuvre
dirait l'autre. Or, l'innovation n'est pas une attitude qui signifie qu'il faut
baisser les bras devant les défis qui se posent à nous. Ce n'est pas d'être
contre l'environnement que de souhaiter le développement durable. Le
capitalisme n'est pas la catastrophe que veut nous faire croire la rhétorique
gauchiste habituelle.
Préparer la riposte
Nous sommes à
moins de deux ans de la prochaine élection municipale. Ce qui signifie qu'il
faut se préparer pour offrir mieux aux Sherbrookoises et Sherbrookois. Je suis
d'accord avec le chroniqueur Pierre Harvey sur ce point, il faut un traitement
choc à Sherbrooke. Il faut solliciter des candidatures d'envergure à la mairie
et aux postes de conseillères et de conseillers. Ce n'est pas avec des personnes
conseillères qui s'intéressent plus à leur rémunération qu'aux intérêts de la
Ville que l'on va se bâtir un meilleur avenir économique à Sherbrooke.
L'opposition à la morosité actuelle doit se construire à l'image de ce que nous
avons fait ensemble pour défendre l'Université Bishop's. Les forces vives de
Sherbrooke doivent se rassembler et redonner l'espoir à ce troisième pôle
urbain du Québec.
Nous sommes en
mal de leadership politique dans cette ville. Sherbrooke mérite mieux que ce
qu'elle a présentement. Sherbrooke est un véritable joyau pour le Québec et ne
mérite pas d'être vidée de sa substance par une gauche sans projet...