Demain, ce sera Noël. Un Noël marqué cette
année par des guerres : entre autres, celles de l'Ukraine, de la Bande de
Gaza, de la guerre commerciale avec notre voisin américain instrumentalisé par
le grand marionnettiste en chef, Donald J. Trump, de la prise de position du
bellâtre Paul St-Pierre Plamondon contre le milieu culturel et des tests de
pureté qui seront exigés aux citoyens du Québec sous un gouvernement péquiste.
La CAQ ne donne pas sa place avec sa loi sur la laïcité qui réaffirme la
discrimination à l'égard des minorités religieuses au Canada particulièrement
les femmes musulmanes. En dépit de ce climat délétère sur la scène politique
québécoise, il me semble encore approprié de vivre la magie de Noël et de nous
interroger sur la question de l'existence du père Noël. Doit-on favoriser ou
non la croyance du phénomène père Noël ? La réponse à cette question appartient
à chaque parent, mais il n'y a pas à en sortir, la magie de Noël fait partie de
notre culture. Chose certaine, nous pouvons suivre à la trace la création et
les diverses métamorphoses de ce personnage dans notre imaginaire collectif.
Le miracle de la 34e rue
Le gros bonhomme de rouge et de blanc avec sa barbe blanche et sa poche de cadeaux
sur son traîneau tiré par des rênes est la représentation achevée du père Noël
qui a été largement mise à contribution par les marchands et scénarisée dans
les plus grands films hollywoodiens. Qui ne se rappelle pas le célèbre
film Le Miracle de la 34e rue qui a été produit en 1947 par le
réalisateur George Seaton et qui a gagné trois Oscars. Un film qui met en
vedette un père Noël, Kris Kringle, gentil vieillard, qui doit débattre dans un
procès de la preuve de son existence contre de méchants marchands de jouets. Le
père Noël, rassurez-vous, sortira gagnant de ce procès. Une fois encore,
Hollywood permettra le triomphe du bien contre le mal. Le méchant marchand ne
triomphera pas de l'esprit charitable de Noël. Mais est-ce bien là la vérité ?
Un Noël chrétien, vraiment ?
Souvent, on veut croire que le père Noël est issu de la tradition chrétienne et
que lentement, au cours des dernières années, la méchante société de
consommation que nous sommes devenues a travesti le sens de Noël et en a fait
une vulgaire fête commerciale. Est-ce là toute la vérité que nous enseigne l'histoire ?
Non. Le père Noël n'a peut-être pas été inventé par Coca-Cola comme le veut
cette fausse vérité largement répandue par les services marketings de cette
multinationale américaine, mais il n'en fut pas moins inventé par les marchands
qui, à l'approche de ces festivités annuelles, voulaient multiplier leurs
possibilités de profit.
Coca-Cola et le père Noël
C'est une légende urbaine de croire que le père Noël a été inventé par Coca-Cola.
Il est vrai cependant qu'en 1931, Coca-Cola, voyant ses ventes de boissons
gazeuses décliner fortement durant la période hivernale, a eu l'idée d'associer
son produit à un symbole mondialement connu et immédiatement reconnu : le
père Noël. Coca-Cola voulant créer un buzz publicitaire a fait appel
à Haddon Sundblom pour lui demander de dessiner un vieux bonhomme en train de
boire du Coca-Cola pour reprendre des forces pendant la distribution de
cadeaux. Le célèbre dessinateur l'habilla aux couleurs du produit : rouge
et blanc.
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L'image du père Noël était désormais fixée
dans l'imaginaire nord-américain grâce à la puissance marketing de la
multinationale américaine. Il faut dire cependant que Coca-Cola s'appuyait sur
un terreau déjà fertile, le vieux bonhomme Saint-Nicolas avait déjà de la
notoriété. Cela a fait que certaines voix catholiques, d'où provient la
tradition de Saint-Nicolas, se firent entendre pour dénoncer l'envahissement de
cette nouvelle figure qui venait porter ombrage à la naissance du petit Jésus.
Même si certains allaient brûler l'effigie du nouveau père Noël, Coca-Cola a
réussi à imposer sa nouvelle figure emblématique. C'est sur cela que s'appuie
la légende urbaine que Coca-Cola aurait inventée l'actuel père Noël. Pourtant,
ce personnage de l'imaginaire de tous les enfants avait déjà acquis sous
diverses formes et diverses représentations une très grande notoriété partout
dans le monde occidental.
De SinterKlaas à Santa Claus...
Au Moyen Âge, l'Église cherchait à remplacer les figures païennes par des
saints. Ainsi, l'évêque de Myre, Nicolas de Myre, un personnage qui a vécu
au IVe siècle au sud de la Turquie actuelle, devient Santa Claus,
personnage qui distribue anonymement nourriture et cadeaux aux pauvres et aux
familles modestes pendant la nuit. Au XIe siècle, au moment des croisades,
sa dépouille est volée. Des légendes autour de ce personnage naîtront ainsi à
Lorraine en France, à Bari en Italie, où on attribuera des miracles à ce
personnage mythique et il deviendra un personnage semi-laïc après la réforme
aux Pays-Bas, Sinter Klaas. C'est à partir de ce personnage que nous
retrouverons par la suite le Santa Claus popularisé au Royaume-Uni et
aux États-Unis, à New York plus précisément, qui avait des liens privilégiés
avec les Hollandais.
De l'Europe aux États-Unis...
Le Noël de Charles Dickens
Dans le Royaume-Uni, on doit à l'auteur anglais Charles Dickens le passage de
Saint-Nicolas au père Noël grâce à ses livres de Noël. En Hollande, le
père Noël prenait forme sous les traits de Sinter Klaas. En France, il
aura fallu attendre à la fin de la Deuxième Guerre mondiale pour que le père
Noël tel que nous le connaissons aujourd'hui parvienne à s'imposer, même si sa
figure était largement connue, mais faisait l'objet de résistance. Les Français
préférant continuer à s'offrir de petits présents sous l'égide de
Saint-Nicolas, figure plus compatible avec les valeurs chrétiennes et
catholiques de ce pays.
Le père Noël de New York
Aux États-Unis, un père Noël différent de la représentation que nous nous en
faisons aujourd'hui est apparu au même moment qu'au Royaume-Uni, soit vers 1860,
alors que le journal new-yorkais Harper's
Weekly représente Santa Claus vêtu d'un costume orné de
fourrures blanches et d'une large ceinture de cuir noir. C'est l'illustrateur
et caricaturiste, Thomas Nast, qui pendant près de trente ans dessina tous les
aspects de la légende de Santa Claus et donna à ce personnage
mythique ses principales caractéristiques visuelles : petit bonhomme rond
vêtu à ses débuts d'une houppelande en fourrure de couleur rouge. C'est aussi
lui qui a établi le lieu de résidence du père Noël au pôle Nord. C'est à partir
de cette représentation que l'illustrateur réputé a fait la fortune de
Coca-Cola dans ses efforts de création d'un buzz publicitaire majeur
et que la figure actuelle du père Noël tout vêtu de rouge et de blanc s'est
imposée comme étant le vrai père Noël. Au Québec, le personnage a vécu une
trajectoire similaire.
Le père Noël de la société distincte
Le Québec ne fait pas figure d'exception et chez nous aussi, Saint-Nicolas s'est
transformé en père Noël. Trop souvent, on entend dire faussement que ces
dernières années, on a travesti nos Noëls d'antan par une commercialisation à
outrance. Au milieu du 19e siècle, en 1843, la publication Mélanges
religieux de Mgr Ignace Bourget publie des vers sous le titre Cette
nuit de bonheur n'a plus de poésie : « Noël, mais ce n'est plus la fête
universelle, que notre cœur d'enfant regrette et se rappelle, ce n'est plus ce
beau jour si dé Demain, ce sera Noël. Un Noël marqué cette année par des
guerres : entre autres, celles de l'Ukraine, de la Bande de Gaza, de la
guerre commerciale avec notre voisin américain instrumentalisé par le grand marionnettiste
en chef, Donald J. Trump, de la prise de position du bellâtre Paul St-Pierre
Plamondon contre le milieu culturel et des tests de pureté qui seront exigés
aux citoyens du Québec sous un gouvernement péquiste. La CAQ ne donne pas sa
place avec sa loi sur la laïcité qui réaffirme la discrimination à l'égard des
minorités religieuses au Canada particulièrement les femmes musulmanes. En
dépit de ce climat délétère sur la scène politique québécoise, il me semble
encore approprié de vivre la magie de Noël et de nous interroger sur la
question de l'existence du père Noël. Doit-on favoriser ou non la croyance du
phénomène père Noël ? La réponse à cette question appartient à chaque parent,
mais il n'y a pas à en sortir, la magie de Noël fait partie de notre culture.
Chose certaine, nous pouvons suivre à la trace la création et les diverses
métamorphoses de ce personnage dans notre imaginaire collectif.
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Le père Noël, une affaire de gros sous
Quoi que l'on en pense aujourd'hui, le père
Noël a bel et bien été inventé par les commerçants et Coca-Cola dans un coup de
marketing brillant en a fixé la représentation archétypale actuelle grâce au
concours des producteurs d'Hollywood avec le film culte Le miracle de la
34e rue de George Seaton.
Le mot de la fin revient à Jean-Philippe Warren : « Dès la fin du siècle,
des Canadiens français s'avouent nostalgiques d'une période révolue où Noël
était une vraie fête chrétienne, familiale, féérique et charitable. Le passage
d'une époque à une autre a été d'une grande rapidité. En trente ans à peine
(1885-1915), l'imaginaire culturel a été bouleversé et retraduit dans la
logique de la société industrielle. » (Warren, ibid. p. 259)
Une question en terminant : comprenez-vous mieux maintenant, à l'ère des
chartes et du relativisme culturel ambiant, pourquoi il est faux d'affirmer que
Noël est une fête chrétienne ? Noël, c'est bien plus la fête des commerçants
que la fête des chrétiens et cela ne date pas d'hier. Le père Noël existe, nous
l'avons créé...
Lectures suggérées :
Jean-Philippe Warren, Hourra pour Santa Claus. La commercialisation de la
saison des fêtes au Québec, 1885-1915. Montréal, Éditions du Boréal, 2006,
301 p. Wikipédia, père Noël. http://fr.wikipedia.org/wiki/
N.B. Ce texte a déjà été publié. Cette version est légèrement remaniée. Ce
texte est toujours d'actualité. Le père Noël nous revient chaque année et son
histoire demeure la même malgré le temps incertain dans lequel nous vivons et
où les fausses nouvelles rendent moins amusantes les fables modernes.