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Le père Noël existe, nous l’avons inventé !

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Daniel Nadeau Par Daniel Nadeau
Mercredi le 24 décembre 2025      

Demain, ce sera Noël. Un Noël marqué cette année par des guerres : entre autres, celles de l'Ukraine, de la Bande de Gaza, de la guerre commerciale avec notre voisin américain instrumentalisé par le grand marionnettiste en chef, Donald J. Trump, de la prise de position du bellâtre Paul St-Pierre Plamondon contre le milieu culturel et des tests de pureté qui seront exigés aux citoyens du Québec sous un gouvernement péquiste. La CAQ ne donne pas sa place avec sa loi sur la laïcité qui réaffirme la discrimination à l'égard des minorités religieuses au Canada particulièrement les femmes musulmanes. En dépit de ce climat délétère sur la scène politique québécoise, il me semble encore approprié de vivre la magie de Noël et de nous interroger sur la question de l'existence du père Noël. Doit-on favoriser ou non la croyance du phénomène père Noël ? La réponse à cette question appartient à chaque parent, mais il n'y a pas à en sortir, la magie de Noël fait partie de notre culture. Chose certaine, nous pouvons suivre à la trace la création et les diverses métamorphoses de ce personnage dans notre imaginaire collectif.

Le miracle de la 34e rue

Le gros bonhomme de rouge et de blanc avec sa barbe blanche et sa poche de cadeaux sur son traîneau tiré par des rênes est la représentation achevée du père Noël qui a été largement mise à contribution par les marchands et scénarisée dans les plus grands films hollywoodiens. Qui ne se rappelle pas le célèbre film Le Miracle de la 34e rue qui a été produit en 1947 par le réalisateur George Seaton et qui a gagné trois Oscars. Un film qui met en vedette un père Noël, Kris Kringle, gentil vieillard, qui doit débattre dans un procès de la preuve de son existence contre de méchants marchands de jouets. Le père Noël, rassurez-vous, sortira gagnant de ce procès. Une fois encore, Hollywood permettra le triomphe du bien contre le mal. Le méchant marchand ne triomphera pas de l'esprit charitable de Noël. Mais est-ce bien là la vérité ?

Un Noël chrétien, vraiment ?

Souvent, on veut croire que le père Noël est issu de la tradition chrétienne et que lentement, au cours des dernières années, la méchante société de consommation que nous sommes devenues a travesti le sens de Noël et en a fait une vulgaire fête commerciale. Est-ce là toute la vérité que nous enseigne l'histoire ? Non. Le père Noël n'a peut-être pas été inventé par Coca-Cola comme le veut cette fausse vérité largement répandue par les services marketings de cette multinationale américaine, mais il n'en fut pas moins inventé par les marchands qui, à l'approche de ces festivités annuelles, voulaient multiplier leurs possibilités de profit.

Coca-Cola et le père Noël

C'est une légende urbaine de croire que le père Noël a été inventé par Coca-Cola. Il est vrai cependant qu'en 1931, Coca-Cola, voyant ses ventes de boissons gazeuses décliner fortement durant la période hivernale, a eu l'idée d'associer son produit à un symbole mondialement connu et immédiatement reconnu : le père Noël. Coca-Cola voulant créer un buzz publicitaire a fait appel à Haddon Sundblom pour lui demander de dessiner un vieux bonhomme en train de boire du Coca-Cola pour reprendre des forces pendant la distribution de cadeaux. Le célèbre dessinateur l'habilla aux couleurs du produit : rouge et blanc.

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L'image du père Noël était désormais fixée dans l'imaginaire nord-américain grâce à la puissance marketing de la multinationale américaine. Il faut dire cependant que Coca-Cola s'appuyait sur un terreau déjà fertile, le vieux bonhomme Saint-Nicolas avait déjà de la notoriété. Cela a fait que certaines voix catholiques, d'où provient la tradition de Saint-Nicolas, se firent entendre pour dénoncer l'envahissement de cette nouvelle figure qui venait porter ombrage à la naissance du petit Jésus. Même si certains allaient brûler l'effigie du nouveau père Noël, Coca-Cola a réussi à imposer sa nouvelle figure emblématique. C'est sur cela que s'appuie la légende urbaine que Coca-Cola aurait inventée l'actuel père Noël. Pourtant, ce personnage de l'imaginaire de tous les enfants avait déjà acquis sous diverses formes et diverses représentations une très grande notoriété partout dans le monde occidental.

De SinterKlaas à Santa Claus...

Au Moyen Âge, l'Église cherchait à remplacer les figures païennes par des saints. Ainsi, l'évêque de Myre, Nicolas de Myre, un personnage qui a vécu au IVe siècle au sud de la Turquie actuelle, devient Santa Claus, personnage qui distribue anonymement nourriture et cadeaux aux pauvres et aux familles modestes pendant la nuit. Au XIe siècle, au moment des croisades, sa dépouille est volée. Des légendes autour de ce personnage naîtront ainsi à Lorraine en France, à Bari en Italie, où on attribuera des miracles à ce personnage mythique et il deviendra un personnage semi-laïc après la réforme aux Pays-Bas, Sinter Klaas. C'est à partir de ce personnage que nous retrouverons par la suite le Santa Claus popularisé au Royaume-Uni et aux États-Unis, à New York plus précisément, qui avait des liens privilégiés avec les Hollandais.

De l'Europe aux États-Unis...

Le Noël de Charles Dickens

Dans le Royaume-Uni, on doit à l'auteur anglais Charles Dickens le passage de Saint-Nicolas au père Noël grâce à ses livres de Noël. En Hollande, le père Noël prenait forme sous les traits de Sinter Klaas. En France, il aura fallu attendre à la fin de la Deuxième Guerre mondiale pour que le père Noël tel que nous le connaissons aujourd'hui parvienne à s'imposer, même si sa figure était largement connue, mais faisait l'objet de résistance. Les Français préférant continuer à s'offrir de petits présents sous l'égide de Saint-Nicolas, figure plus compatible avec les valeurs chrétiennes et catholiques de ce pays.

Le père Noël de New York

Aux États-Unis, un père Noël différent de la représentation que nous nous en faisons aujourd'hui est apparu au même moment qu'au Royaume-Uni, soit vers 1860, alors que le journal new-yorkais Harper's Weekly représente Santa Claus vêtu d'un costume orné de fourrures blanches et d'une large ceinture de cuir noir. C'est l'illustrateur et caricaturiste, Thomas Nast, qui pendant près de trente ans dessina tous les aspects de la légende de Santa Claus et donna à ce personnage mythique ses principales caractéristiques visuelles : petit bonhomme rond vêtu à ses débuts d'une houppelande en fourrure de couleur rouge. C'est aussi lui qui a établi le lieu de résidence du père Noël au pôle Nord. C'est à partir de cette représentation que l'illustrateur réputé a fait la fortune de Coca-Cola dans ses efforts de création d'un buzz publicitaire majeur et que la figure actuelle du père Noël tout vêtu de rouge et de blanc s'est imposée comme étant le vrai père Noël. Au Québec, le personnage a vécu une trajectoire similaire.

Le père Noël de la société distincte

Le Québec ne fait pas figure d'exception et chez nous aussi, Saint-Nicolas s'est transformé en père Noël. Trop souvent, on entend dire faussement que ces dernières années, on a travesti nos Noëls d'antan par une commercialisation à outrance. Au milieu du 19e siècle, en 1843, la publication Mélanges religieux de Mgr Ignace Bourget publie des vers sous le titre Cette nuit de bonheur n'a plus de poésie : « Noël, mais ce n'est plus la fête universelle, que notre cœur d'enfant regrette et se rappelle, ce n'est plus ce beau jour si dé Demain, ce sera Noël. Un Noël marqué cette année par des guerres : entre autres, celles de l'Ukraine, de la Bande de Gaza, de la guerre commerciale avec notre voisin américain instrumentalisé par le grand marionnettiste en chef, Donald J. Trump, de la prise de position du bellâtre Paul St-Pierre Plamondon contre le milieu culturel et des tests de pureté qui seront exigés aux citoyens du Québec sous un gouvernement péquiste. La CAQ ne donne pas sa place avec sa loi sur la laïcité qui réaffirme la discrimination à l'égard des minorités religieuses au Canada particulièrement les femmes musulmanes. En dépit de ce climat délétère sur la scène politique québécoise, il me semble encore approprié de vivre la magie de Noël et de nous interroger sur la question de l'existence du père Noël. Doit-on favoriser ou non la croyance du phénomène père Noël ? La réponse à cette question appartient à chaque parent, mais il n'y a pas à en sortir, la magie de Noël fait partie de notre culture. Chose certaine, nous pouvons suivre à la trace la création et les diverses métamorphoses de ce personnage dans notre imaginaire collectif.

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Le père Noël, une affaire de gros sous

Quoi que l'on en pense aujourd'hui, le père Noël a bel et bien été inventé par les commerçants et Coca-Cola dans un coup de marketing brillant en a fixé la représentation archétypale actuelle grâce au concours des producteurs d'Hollywood avec le film culte Le miracle de la 34e rue de George Seaton.

Le mot de la fin revient à Jean-Philippe Warren : « Dès la fin du siècle, des Canadiens français s'avouent nostalgiques d'une période révolue où Noël était une vraie fête chrétienne, familiale, féérique et charitable. Le passage d'une époque à une autre a été d'une grande rapidité. En trente ans à peine (1885-1915), l'imaginaire culturel a été bouleversé et retraduit dans la logique de la société industrielle. » (Warren, ibid. p. 259)

Une question en terminant : comprenez-vous mieux maintenant, à l'ère des chartes et du relativisme culturel ambiant, pourquoi il est faux d'affirmer que Noël est une fête chrétienne ? Noël, c'est bien plus la fête des commerçants que la fête des chrétiens et cela ne date pas d'hier. Le père Noël existe, nous l'avons créé...

Lectures suggérées :

Jean-Philippe Warren, Hourra pour Santa Claus. La commercialisation de la saison des fêtes au Québec, 1885-1915. Montréal, Éditions du Boréal, 2006, 301 p. Wikipédia, père Noël. http://fr.wikipedia.org/wiki/

N.B. Ce texte a déjà été publié. Cette version est légèrement remaniée. Ce texte est toujours d'actualité. Le père Noël nous revient chaque année et son histoire demeure la même malgré le temps incertain dans lequel nous vivons et où les fausses nouvelles rendent moins amusantes les fables modernes.


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