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Trump, c’est pas parce qu’on rit que c’est drôle…

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Daniel Nadeau Par Daniel Nadeau
Mercredi le 18 septembre 2024      

Ils étaient plus de 60 millions d'Américains mardi soir dernier à regarder et à écouter le débat entre Donald Trump et Kamala Harris, débat diffusé sur le réseau ABC et repris par toutes les grandes chaînes américaines. Certains voulaient mieux connaître Kamala Harris, 28 % des Américains selon un sondage, d'autres voulaient entendre ce que les candidats avaient à leur proposer pour faire face aux démons de l'inflation dans leur vie quotidienne. Plusieurs étaient impatients de voir la performance de leur candidat ou de leur candidate devant l'adversaire.

Les auditeurs en ont eu pour leur argent. Non seulement Kamala Harris a détruit le prétendant Trump, mais celui-ci a été plus loin que jamais dans l'expression de son racisme déjanté. Imaginez, l'aspirant Trump a affirmé que dans la ville de prédilection des Simpson, Springfield en Ohio, que les nouveaux arrivants haïtiens mangeaient les animaux domestiques des bons Américains. Démenti par les autorités, Trump en a rajouté les jours suivants en alléguant que ces immigrants violaient les femmes après leur festin d'animal domestique. Demandant aux électeurs de l'élire. Trump s'est même engagé à déporter les membres de cette communauté même s'ils sont des immigrants légaux. Le point sur un moment de surréalisme politique américain.

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Pourquoi Trump a-t-il des appuis ?

On ne peut passer sous silence que de nombreux Américains appuient Donald Trump. Il faut essayer de comprendre le phénomène, car nos voisins ont sûrement des raisons pour cela. Donald Trump bénéficie d'un soutien significatif parmi les Américains pour plusieurs raisons, qui varient en fonction des croyances et des priorités de ses partisans. Trump a capitalisé sur un sentiment anti-establishment. Il se présente comme une figure extérieure à la classe politique traditionnelle, promettant de secouer un système que de nombreux Américains perçoivent comme corrompu ou déconnecté de leurs préoccupations. Son langage direct et son approche non conventionnelle attirent celles et ceux qui sont fatigués du discours politique classique. Là réside une grande part de son succès.

Beaucoup de ses partisans soulignent les performances économiques pendant son mandat (avant la pandémie de la COVID-19). Trump a promis de créer des emplois et de renforcer l'économie en réduisant les impôts, en assouplissant les réglementations et en se concentrant sur l'industrie américaine, ce qui a séduit la classe ouvrière, en particulier dans les États industriels. Pourtant, ce n'est pas la réalité, mais les perceptions sont difficiles à vaincre. Sa rhétorique nationaliste, centrée sur le slogan America First, a résonné chez ceux qui estiment que les États-Unis ont été trop généreux ou laxistes dans leurs relations commerciales internationales et dans leurs engagements militaires. Beaucoup apprécient sa posture dure vis-à-vis de la Chine et des accords commerciaux qu'il considérait comme désavantageux pour les États-Unis.

Par ailleurs, les Américains, comme nous les Canadiens, se sentent un peu plus marginalisés dans leur pays qui perd peu à peu sa « blanchité » et qui voit la langue hispanique prendre de plus en plus de place dans leur quotidien. Dans un guichet bancaire, vous pouvez choisir soit la langue anglaise ou la langue espagnole par exemple. C'est pourquoi la position ferme de Trump sur l'immigration illégale séduit autant d'électeurs. Cela attire ceux qui estiment que l'immigration clandestine met en péril l'économie, la sécurité et l'identité culturelle des États-Unis. Son projet de mur à la frontière avec le Mexique est un symbole de cette approche. Ses déclarations mensongères sur la réalité vécue dans la ville de Springfield en Ohio ne sont qu'une hyperbole sensationnaliste de cette stratégie raciste digne du Ku Klux Klan. De nombreux conservateurs américains le soutiennent en raison de ses positions sur des sujets comme le droit à la vie (opposition à l'avortement), la défense du port d'armes, et la protection de la liberté religieuse. Son engagement à nommer des juges conservateurs à la Cour suprême a également renforcé son attrait auprès de la droite chrétienne et conservatrice. Même s'il n'en croit rien, Trump est le porte-étendard de la droite religieuse. Pour parvenir à ses fins, Trump doit neutraliser les médias qui risquent de dévoiler ses mensonges et ses exagérations. C'est pourquoi Trump a su entretenir un discours de méfiance envers les médias qu'il qualifie de fake news, renforçant ainsi l'idée que lui seul dit la vérité. Ses partisans ont adopté cette attitude, croyant que les médias et l'élite politique s'unissent pour le discréditer. Enfin, certains de ses partisans apprécient son franc-parler, qu'ils voient comme de l'authenticité, même si ses commentaires sont souvent polémiques. Son image d'homme d'affaires prospère et sa capacité à projeter une confiance en soi démesurée séduisent beaucoup.

Ce qui n'est pas un mince exploit, c'est que Trump a réussi à créer un mouvement politique qui transcende les lignes partisanes traditionnelles, attirant à la fois les républicains traditionnels, les indépendants, et une partie de la classe ouvrière qui ne s'était pas sentie représentée auparavant. Ce qui en fait aujourd'hui une menace réelle pour la démocratie non seulement aux États-Unis, mais partout en Occident.

Trump, une menace pour la démocratie ?

La question de savoir si Donald Trump représente une menace pour la démocratie a fréquemment été débattue parmi les experts, les politiciens et les citoyens. Aujourd'hui, ce n'est plus une question de débat, mais une réalité. Trump incarne une menace réelle pour la démocratie même s'il fait semblant d'agir dans le cadre des lois démocratiques.

L'un des aspects les plus préoccupants pour beaucoup est le refus de Trump d'accepter les résultats de l'élection présidentielle de 2024 advenant sa défaite. Déjà, il prépare les esprits en mettant en doute la légitimité de la candidature de Kamala Harris. Comme en 2020 pour l'élection présidentielle où il a affirmé sans preuve solide que l'élection avait été volée à cause de fraudes électorales généralisées. Cette position, on se le rappellera tristement, a culminé avec l'assaut du Capitole le 6 janvier 2021, où des partisans de Trump ont tenté de perturber la certification de la victoire de Joe Biden. Pour de nombreux observateurs, cette tentative de renverser un processus électoral légitime est une attaque directe contre les fondements démocratiques. Il n'en promet pas moins cette année en prédisant que s'il n'est pas élu, il y aura un bain de sang. Les risques de violence politique à l'issue du scrutin sont bien réels aux États-Unis.

Trump critique fréquemment les institutions américaines, y compris le système judiciaire, avec lequel il a maille à partir, les services de renseignement et les médias, les qualifiant d'ennemis du peuple. Ces attaques sapent la confiance dans les institutions qui sont essentielles à une démocratie saine. En outre, il ignore les normes politiques traditionnelles et défie les contre-pouvoirs, ce qui vient alimenter les inquiétudes sur sa volonté de respecter les principes démocratiques.

Trump a aussi une admiration sans bornes et des affinités avec des dirigeants autoritaires comme Vladimir Poutine, Kim Jong-un, Erdogan ou Jair Bolsonaro. Ses critiques estiment qu'il admire ces leaders pour leur pouvoir absolu et leurs méthodes autoritaires, et que ses tentatives de concentrer le pouvoir exécutif et d'ignorer les freins et contrepoids de la Constitution américaine montrent une tendance autoritaire.

L'une des caractéristiques des régimes autoritaires est la méfiance et la manipulation des médias. Trump a souvent qualifié les médias de fake news et encouragé ses partisans à ne pas croire aux informations qui le critiquaient. Cette attitude contribue à polariser davantage la société et à affaiblir le rôle des médias indépendants en tant que contre-pouvoirs et vecteurs d'information pour une démocratie saine.

Trump déraille...

Trump a fréquemment utilisé des discours incendiaires contre ses opposants, mais jamais comme ces derniers jours envers la communauté haïtienne de Springfield Ohio. Par son discours, il a attisé la violence dans la communauté qui a dû faire face à de nombreuses alertes à la bombe à l'hôtel de ville et dans les écoles. Les membres de la communauté haïtienne ont été menacés. Il y a un point, comme le disait la défunte revue humoristique québécoise Croc, ce n'est pas parce que l'on rit que c'est drôle...


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