Le Cégep de Sherbrooke annonce un budget déficitaire de près
d'un million de dollars pour 2025-2026, conséquence directe d'une coupe
gouvernementale de 151 M $ dans le réseau collégial public. L'établissement
s'inquiète de répercussions majeures sur les services aux étudiants et la
qualité de l'enseignement.
Un coup dur pour la
mission éducative du cégep
Le Cégep de Sherbrooke a confirmé ce matin, lors d'un point
de presse, qu'il devra composer avec un manque à gagner de plus de 3 M $, en
raison des compressions imposées par le gouvernement du Québec. La présidente
du conseil d'administration, Isabelle Fontaine, et le directeur général, Éric
Gagné, ont présenté un budget déficitaire de près de 1 M $ pour l'année
2025-2026. Un signal d'alarme pour l'un des plus grands établissements
collégiaux de la province, qui accueille près de 6 000 étudiants.
Ces compressions surviennent alors que les besoins en
soutien explosent, notamment en raison d'une hausse prévue de la population
étudiante. Pour faire face à cette situation, le Cégep a dû abolir 19 postes
permanents ou contractuels, représentant près de 5 % de son personnel non
enseignant. Les impacts touchent à la fois les services administratifs et des
services directs aux étudiants, comme le soutien psychosocial, les services
adaptés, l'orientation et la réussite éducative.
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Les plus vulnérables
au cœur des préoccupations
Le directeur général a souligné que le Cégep de Sherbrooke
est l'un des plus touchés par ces coupes, car une forte proportion de sa
population étudiante dépend des services offerts. Plus de 20 % des étudiantes
et des étudiants ont un plan d'intervention avec les services adaptés et les
demandes de soutien psychosocial sont en hausse constante depuis la pandémie.
M. Gagné dénonce une approche paramétrique du ministère de
l'Enseignement supérieur qui ne tient pas compte des réalités régionales. Il
craint que ces mesures nuisent gravement à l'accessibilité aux études, à la
persévérance et à la diplomation, et remettent en question la mission même des
cégeps : démocratiser l'enseignement supérieur et lutter contre les inégalités
sociales.
Mme Fontaine abonde dans le même sens : « Ces restrictions
risquent d'avoir un impact direct sur l'avenir de milliers d'étudiantes et d'étudiants
ainsi que sur la vitalité de notre région. » Dans un contexte d'inflation et
d'incertitude économique, elle rappelle que l'éducation demeure un levier
essentiel de résilience.
Une mobilisation
collective
Le point de presse a également été marqué par la présence
des représentantes et des représentants des trois syndicats du personnel ainsi
que de l'Association du personnel cadre. Un geste qui témoigne de la gravité de
la situation et d'une volonté commune de dénoncer les effets délétères de ces compressions.
« Il est urgent de réinvestir de façon significative dans
les cégeps pour assurer la pérennité, la qualité et l'accessibilité de
l'enseignement collégial dans toutes les régions du Québec », a insisté M.
Gagné en conclusion.
Alors que le Cégep de Sherbrooke tire la sonnette d'alarme,
la question du financement de l'enseignement collégial au Québec revient au
premier plan. Ces compressions mettent en lumière un dilemme de société, comment
maintenir l'accessibilité et la qualité de l'éducation dans un contexte de
restrictions budgétaires ? Un débat qui mérite d'être porté au-delà des murs
des établissements d'enseignement.
Source : Léa-Maude Roy, conseillère en communication