On parle
de réalité pour décrire quelque chose qui existe. Qui est là. Qui n'est pas une
invention.
Cela
dit, ma réalité est différente de la vôtre sous certains aspects.
Je veux
dire qu'une personne riche et une personne pauvre vivant au Québec ont la même
réalité géographique, climatique et linguistique, mais il leur réalité
quotidienne diffère grandement.
Mais je
reviens à la définition que je vous donnais d'entrée de jeu : la réalité
décrit quelque chose qui existe.
Théoriquement...
Réalité
et politique font mauvais ménage depuis quelques décennies.
Je
prends l'exemple du 3e lien à Québec. À l'automne 2022, la réalité présentée,
main sur le cœur et osant mettre son siège en jeu au passage, décrivait, de
façon à faire frissonner le moins frileux des Québécois, la périlleuse
situation de la circulation automobile entre Lévis et Québec. Un enfer quotidien
dont on ne sortira qu'avec une dizaine de milliards de dollars! C'était présenté
comme une question de vie ou de mort.
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Pendant
ce temps, dans le monde réel, l'itinérance gagne du terrain chaque année,
l'endettement des familles augmente, les services publics s'essoufflent et le
logement est de moins en moins accessible.
Malgré
cela, le gouvernement avait identifié, il y a quelques mois à peine, que
l'enjeu nécessitant l'investissement le plus important était le 3e
lien entre Québec et Lévis.
Jusque-là,
on peut mettre ça sur le compte des priorités que chacun choisit d'embrasser.
Ce sont des choix politiques.
Et les
gens ont voté en fonction de ce qu'on a promis.
Ce qui
me heurte, c'est quand, six mois après avoir obtenu une écrasante majorité, le
gouvernement revient expliquer que, finalement, il n'y a plus de circulation
automobile suffisante. Le télétravail a visiblement changé la donne.
Donc,
personne au niveau de ce gouvernement n'avait remarqué le phénomène avant les
élections de l'automne dernier.
Le
danger est le suivant : bâtir une promesse électorale en martelant une
réalité non avérée devient une incroyable semence de cynisme dans le terreau
des électeurs.
Ça vient
brasser une soupe qui prend trop de consistance à mon goût. Parmi les
ingrédients de cette soupe, la désinformation devenue chronique, la discussion
qui est complètement tassée par les insultes, l'efficacité des médias sociaux à
regrouper sans effort les groupes les plus radicaux, etc.
Avant le
3e lien, il faudrait rénover le 1er lien : celui entre les élus
et les électeurs. C'est celui-là qui est effrité. Cassé, pour plusieurs.
Ce sera
un grand combat! Il y a long à rebâtir.
Et c'est
contre-intuitif pour nous, je le crains. À voir l'état de nos infrastructures,
disons que nous ne sommes pas les champions de l'entretien ou de la restauration!
À grands coups de promesses vides (et on pourrait en nommer des dizaines!),
disons qu'on n'aide pas notre cause!
Nier la
réalité n'est pas sain non plus, cela dit. Quand le ministre Drainville laisse
entendre qu'il y a de fausses situations dénoncées dans le dossier des écoles
du Québec, ce n'est pas aidant non plus! Il affirme être entré dans une école
identifiée comme "problématique au niveau structurel" et que,
pourtant, il n'a rien vu d'évident. Non seulement ça discrédite les signataires
des rapports et ça suggère que lui seul peut évaluer des dommages à un
bâtiment, mais ça vient aussi dire qu'il n'y a pas d'enjeu là, ce qui justifie
de ne pas s'en occuper!
Le 1er
lien est notre priorité prioritaire(!), j'en suis sûr!
Vivement
un engagement plutôt qu'une promesse.
Clin
d'œil de la semaine
Ce que
je ne vois pas n'existe pas. Le vide des discours ne se voit pas. Donc, il
n'existe pas! Simple de même!