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  CHRONIQUEURS / Deux mots à vous dire

Réparer ce qu’on brise

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François Fouquet Par François Fouquet
Lundi le 5 juin 2023      

Les moyens de communication n'ont jamais été aussi accessibles dans l'histoire de l'humanité!

Dans le creux de notre main, on peut, en temps réel, avoir une conversation avec un proche, même s'il est très loin (!), vidéo incluse.

Fabuleuse technologie, quand on y pense!

Chaque médaille ayant son revers, voilà que la facilité de communiquer avec autrui permet aussi d'interpeler quelqu'un de façon cavalière, voire sauvage, parfois.

Communiquer, c'est entrer en relation. 

Mais vous savez ce que c'est! Les choses se bousculent parfois rapidement.

Par exemple, en consultant les médias sociaux, un statut nous titille. On n'est pas en accord avec le propos. Voilà que, conforté par le courage que procure vicieusement le clavier sur lequel on écrit, on y va d'une sortie presque violente et teintée d'une haine surdimensionnée.

Puis, dans les minutes qui suivent, on reprend le cours de notre vie, l'épisode étant déjà derrière nous.

Bien qu'on soit passé à autre chose, l'impact de nos écrits, lui, demeure et risque de briser quelqu'un de façon plus importante que ce que l'on peut croire.

Je l'ai écrit plusieurs fois, mais je crois que, dans notre société où les droits et libertés individuelles règnent, on devrait faire plus de place aux devoirs et responsabilités qui nous incombent.

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Réparer ce qu'on brise

On a probablement toutes et tous déjà brisé quelque chose qui ne nous appartenait pas. On a tout aussi probablement omis de s'inculper alors qu'il n'y avait aucun témoin.

Mais le principe demeure et doit demeurer : si je brise quelque chose, j'ai la responsabilité de faire amende honorable et de tenter de réparer l'erreur ou la bourde.

On a presque tous une assurance responsabilité civile attachée au contrat d'assurance qui protège l'endroit où l'on vit. Ces assurances font en sorte que si je brise quelque chose de valeur chez mon voisin, je suis protégé et la réparation peut de faire adéquatement.

Mais qu'en est-il quand ce que je brise n'est pas visible puisque partie prenante d'un message incendiaire ou trop colérique sur le web?

Cette semaine, je lisais un intéressant texte (La Presse+) sur la justice réparatrice. Vous savez, cette notion où, en présence d'un médiateur, une victime entre en relation directe avec son agresseur? La démarche n'a rien à voir avec une négociation de réduction de peine. Ce sont deux choses distinctes. De toute façon, la peine de l'un n'offre pas vraiment de sentiment de justice pour l'autre. Une  rencontre en face à face (la rencontre des yeux!) et la possibilité d'interagir et de poser des questions peuvent devenir des éléments de réparation. Ce qui a été brisé peut alors débuter une réparation.  

Si communiquer, c'est entrer en relation, alors le fait d'écrire des propos parfois violents sur les médias sociaux ne tient pas de la communication, mais beaucoup plus de l'agression. Et je maintiens que la lourdeur des propos serait bien différente dans un véritable face à face.  

Drainer sa colère en l'absence de la personne concernée n'est pas constructif. Et généralement destructif, en fait.

C'est là que la notion de réparation devrait s'installer. Mais elle est trop absente dans l'échelle de nos préoccupations, il me semble.

Que les propos soient virtuels ne change rien au fait que les dommages peuvent être bien réels.

 

Clin d'œil de la semaine

Les médias sociaux sont aussi une bonne façon de dire sans communiquer, donc, de communiquer sans s'engager...


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