Malgré la démission fracassante et habilement mise en scène
de la mairesse de Gatineau, madame France Bélisle, je ne suis pas convaincu que
cet événement soit annonciateur d'une grave crise politique au Québec.
Je constate comme bien des gens qu'il y a au Québec, et
c'est aussi vrai ailleurs dans le monde occidental, une montée effarante de
l'incivilité, une difficulté accrue pour tous les pouvoirs à imposer comme
jadis leur volonté à une population docile qui s'inclinait volontiers devant
l'autorité. Oui, cela j'en prends acte. Je suis aussi d'avis que le monde
municipal qui en est un de proximité par excellence est particulièrement touché
par cette montée de l'intolérance et par cette difficulté que nous avons de
vivre ensemble. J'accepte aussi l'idée que les « égouts sociaux » comme j'aime
appeler les réseaux sociaux, y jouent un rôle important, mais je refuse d'y
voir une crise majeure du pouvoir politique municipal. À tout prendre, je suis
d'avis, si j'en crois les échos venus de l'Outaouais glanés dans le quotidien Le
Droit, que la démission de madame Bélisle est plutôt le résultat d'une
personnalité particulière en mal d'assumer un leadership dans son milieu et
auprès de ses collègues. Une personnalité particulière qui n'était pas faite
pour faire de la politique nous écrivait l'éditorialiste du Droit
Marie-Claude Lortie. Quelques réflexions sur le pouvoir politique.
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La sortie
côté cour de madame Bélisle
Nous connaissons mal madame France Bélisle et pas du tout la
dynamique politique à Gatineau. C'est donc à la lecture de l'article que j'ai
pu retrouver dans le quotidien Le Droit que j'ai pu m'en faire une
opinion. D'abord, sous la plume de madame Lortie, je lis un éditorial
intitulé : « La mairesse qui n'était peut-être pas faite pour ça »
paru le 23 février dernier. Dans ce texte, madame Lortie qui commente la
sortie de madame Bélisle reconnait que les temps sont difficiles et que la
société entière traverse « une crise de courtoisie, d'incivilité, qui dépasse
l'entendement. On ne peut imaginer les inepties violentes qui lui ont été dites
ou écrites. Les journalistes aussi y goûtent. On connaît le parfum soufré de
ces déversements de méchanceté. » Elle ajoute cependant : « Ce qu'on sait
aussi, cependant, c'est que France Bélisle a déjà été du côté de ceux qu'on
accuse de harcèlement, de gestion autoritaire, unidirectionnelle, de contrôle
abusif. Ces allégations sont sorties pendant la campagne électorale de 2021. Et
on avait même appris, à l'époque, que son ancien employeur, Tourisme Outaouais,
avait jugé nécessaire de faire enquête sur le climat de travail au sein de
l'organisme, à la suite de certaines plaintes ». Elle ajoute aussi : « Ce
que tous les journalistes qui ont écrit sur la mairesse savent aussi, c'est à
quel point elle avait de la difficulté à ne pas exprimer ses frustrations quand
les reportages chroniques et autres ne faisaient pas son affaire ». Loin du
personnage idyllique célébrée par tous les commentaires de ses collègues, dont
notre propre mairesse à Sherbrooke, Évelyne Beaudin, j'y reviens dans quelques
instants.
Le chroniqueur Patrick Duquette partage la vision de madame
Lortie. Il ne peut cacher son étonnement devant les propos tenus par madame
Bélisle lors de son départ : « je viens de réécouter pour la troisième
fois le discours de démission de la mairesse France Bélisle. Ça part dans
toutes les directions. Elle voudrait nous faire croire qu'elle est victime d'un
système politique hostile et de la politique ultra-partisane. Mais à ce que je
sache, la mairesse était peut-être la plus partisane autour de la table du
conseil. »
Évelyne
Beaudin pendant ce temps...
Si je vous écris au sujet de la démission de madame Bélisle
ce matin, c'est surtout à cause de la sortie pour le moins maladroite de notre
mairesse à nous à Sherbrooke, Évelyne Beaudin. D'abord, sur la forme, la voir
lire des notes à l'écran pour dire ses sentiments sur quelque chose qui, selon
ses dires, la touche particulièrement était un spectacle en soi désolant. Par
ailleurs, je ne sais pas qui conseille madame Beaudin, mais prendre la parole
publiquement sur un tel sujet n'était pas le geste le plus avisé pour une
personne qui vit présentement des moments troubles à la tête de notre ville et
dont le leadership est de plus en plus contesté. Quand on lit les propos des
éditorialistes et des chroniqueurs du journal Le Droit en Outaouais, on
se pince quand on entend madame Beaudin nous entretenir des similitudes de sa
situation avec madame Bélisle. A-t-elle vraiment dit cela, me suis-je interrogé ?
Madame Beaudin a elle aussi de la difficulté à s'entendre avec les gens de son
environnement immédiat.
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Rappelons le départ de son chef de cabinet, Claude Dostie,
le congédiement déguisé de l'ancien directeur général de la Ville de
Sherbrooke, Daniel Picard accusé par Sherbrooke Citoyen d'avoir manqué à son
devoir de réserve, ses démêlés avec la conseillère Annie Godbout et son départ
du comité exécutif, les relations tendues avec la présidente du Conseil, madame
Danielle Berthold, le congédiement de la personne qu'elle avait choisie comme
secrétaire générale, Néné Oularé, ses désaccords avec la conseillère Hélène
Dauphinais sur sa participation au comité des retraites au sujet de la
rémunération, ses prises de becs avec de nombreux membres du conseil lors des
débats et enfin son bras de fer avec les promoteurs immobiliers de la ville de
Sherbrooke qui aujourd'hui poursuivent tous la Ville devant les tribunaux dans
la foulée du Plan nature qui est la version la plus exigeante au Québec de
toutes les villes et municipalités. Je ne veux pas m'acharner sur le cas de
madame Beaudin, on ne tire pas sur une ambulance, mais force est d'admettre que
son mandat actuel n'est pas de tout repos pour elle et pour les citoyennes et
les citoyens de Sherbrooke. J'ai écrit dans une chronique précédente le 10 janvier
dernier en parlant de notre conseil de ville que : « Nous sommes en mal de
leadership politique dans cette ville. Sherbrooke mérite mieux que ce qu'elle a
présentement. »
Le moins que je puisse dire aujourd'hui c'est que le retour
aux affaires de madame Beaudin est loin de me convaincre de sa capacité à
redresser la barre et à faire la preuve du leadership que nous avions pressenti
chez elle au moment de son élection. Ce n'est pas en jouant aux victimes du
système politique actuel que les mairesses comme mesdames Bélisle et Beaudin
vont nous convaincre qu'elles sont détentrices d'une vérité difficilement
palpable par nous les pauvres ouailles citoyennes. N'empêche que malgré les
faits, madame Bélisle poursuivra ses représentations à l'émission Tout le
monde en parle dimanche (ce texte est écrit avant la diffusion de cette
émission), elle voudra vraisemblablement sous les questions complaisantes de
notre Guy A. Lepage national faire la démonstration qu'elle est une victime
d'un système politique partisan et hostile. Moi qui regarderai sa performance
en différé lundi, je ne croirai pas un mot concernant ses propos. Le monde
politique municipal a de nombreux défis à relever en ces temps difficiles, j'en
conviens. Néanmoins, pour moi la cause est entendue, il n'y a pas de crise dans
le monde municipal...