Au XIXe siècle, la naissance ou
l'essor de certains villages du Québec est attribuable à une situation
géographique idéale. Des entrepreneurs établissent une industrie à un endroit
où ils ont accès à une matière première et à une rivière à fort potentiel
hydraulique, ce qui stimule la croissance d'agglomérations de tailles diverses.
Néanmoins, cette proximité d'une rivière et le manque de contrôle sur celle-ci
peuvent apporter un lot de complications, voire des catastrophes.
La région des Cantons-de-l'Est, en plus d'être
choyée en rivières, regorge de forêts de conifères. À partir des
années 1850, des hommes d'affaires de la région saisissent cette
opportunité en devenant administrateurs ou associés de compagnies qui achètent
des réserves forestières de la Couronne ou d'autres entreprises. Ainsi, ils
disposent d'un approvisionnement régulier de bois pour se lancer dans le
secteur de l'industrie forestière.
En 1901, à Brompton Falls, le marchand de bois E.
W. Tobin acquiert le site de l'ancienne scierie Clark et de la force
hydraulique de la chute de la rivière Saint-François. Il y installe une usine
de pâtes et papiers, la Brompton Pulp and Paper Company, et fait ériger un
barrage afin de contrôler la quantité et la régularité de l'approvisionnement
hydraulique. L'année suivante, le village obtient le statut de ville, qui prend
le nom de Bromptonville.
Cette ancienne ville, qui fait partie d'un
arrondissement de Sherbrooke depuis 2002, est bâtie sur l'ancien lit de la
rivière Saint-François. D'importantes inondations survenues avant la
construction du barrage de la Brompton Pulp and Paper Company ont marqué son histoire.
Les terres deviennent très fertiles grâce aux
dépôts de limon résultant de ces inondations,
mais celles-ci causent d'immenses dommages au centre du village. En
réponse à ce phénomène, le maire de Bromptonville, Adélard Allard, fait
construire une digue et un aqueduc à la fin des années 1920.
Le 20 mars 1948, cette installation n'arrive
pas à sauver la ville, qui se trouve ensevelie sous des milliers de tonnes de
glace atteignant jusqu'à 6 mètres d'épaisseur. La débâcle est causée par
l'ouverture tardive des vannes du barrage de la compagnie de pâtes et papiers.
Les journaux de l'époque rapportent différents chiffres concernant
l'affaire : 2 morts et de 100 à 300 personnes à la rue; entre 500 000 et 1 million de
dollars de dommages; entre 20 et 40 maisons endommagées ou emportées. La
gare du village et la voie ferroviaire du Canadian National sont durement
touchées.
La compagnie, déjà affectée par la chute du prix du
papier journal depuis 1947, est incapable de payer les dommages et ferme son
usine. En 1950, la compagnie Richmond Pulp & Paper en fait l'achat. Vingt
ans plus tard, elle est renommée Kruger inc.
En 1951, un mur de béton est construit le long du
village pour en finir avec ce genre de catastrophes. La débâcle de 1948 est la
dernière que les résidents de Bromptonville ont dû subir.
Sources
:
KESTEMAN, Jean-Pierre, Peter SOUTHAM et Diane Saint-Pierre, Histoire des Cantons de l'Est, Sainte-Foy, Institut québécois de
recherche sur la culture, 1998, 831 p.
« L'inondation emporte 20 maisons, à Bromptonville », Le Devoir, 22
mars 1948, p. 2.
« Désastre à Bromptonville », L'Union des Cantons de l'Est, 25
mars 1948, p. 1.
« L'inondation de
Bromptonville, 25 ans après », La Tribune, 17
mars 1973, p. 18.
http://www.circuitbrompton.com/fr/fiche/maison-joseph-forest/3/fr/inondations-a-bromptonville/4
https://coeurdebrompton.com/histoire/linondation/
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