Cette dernière semaine, le gouvernement Legault a déposé son
budget par la voix du ministre des Finances, Éric Girard. Un budget presque
sans histoire, si ce n'est la hauteur du déficit prévu de 11 milliards de
dollars.
Il n'en fallait pas plus pour que l'on puisse réentendre les
voix du passé faisant du déficit zéro un objectif primordial de société. Outre
le rappel des dépenses inutiles aux Kings de Los Angeles par exemple, ce budget
fait place à bien peu d'extravagances. Le gouvernement Legault, fidèle en cela
à une volonté clairement exprimée de la population, a choisi d'investir de
façon importante dans les réseaux d'éducation et de santé. Qui sommes-nous pour
critiquer ce choix alors que la volonté est claire ? Celle-ci s'est même
manifestée lors de la dernière négociation avec les employés de l'État ou les
gens ont appuyé de toute évidence les employés en grève.
On ne se formalisera pas aujourd'hui du montant que cela
représente dans le budget. Faire autrement serait comme les discours du
quart-arrière du lundi après les matchs de football du weekend. Il n'en demeure
pas moins que dépenser plus que ses revenus peut devenir un problème majeur
pour une société vieillissante comme la nôtre dans un monde ou les catastrophes
climatiques causent d'énormes dommages matériels à nos infrastructures et à nos
biens. Tant et si bien que ce qui devrait nous préoccuper davantage ce n'est
pas l'augmentation importante en santé et en éducation, mais plutôt la
faiblesse de nos revenus. Si la population veut plus de services en santé et en
éducation, il faut trouver des façons pour augmenter les revenus afin de ne pas
s'enfoncer dans une spirale de déficit sans fin. Réflexions sur des moyens
d'augmenter les revenus de l'État québécois.
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Un budget
dépensier ?
Pas de discussions possibles. Le budget présenté par le
ministre Éric Girard est un budget expansif qui dépense de fortes sommes en
santé et en éducation tout en maintenant nos paiements au Fonds des générations
afin d'amoindrir la taille du déficit de l'état québécois pour les générations
futures. Si l'on tient compte de ce paiement aux générations futures et aux
sommes consenties pour les imprévus, on se retrouve avec un déficit avoisinant
les 7 milliards de dollars plutôt que les 11 milliards annoncés la
semaine dernière. Il faut prendre en compte les incendies de forêt qui ont eu
des effets sur le niveau des réservoirs d'eau d'Hydro-Québec venant ainsi plomber
les revenus que cette société d'État remet au gouvernement. Nos campagnes
efficaces contre l'alcool et ont aussi des
effets à la baisse sur les revenus de l'État québécois. Par ailleurs, le
gouvernement du Canada tarde pour des raisons politiques de transférer des
sommes dues au Québec notamment en matière de santé et d'immigration. Bref, peu
de perspectives réjouissantes pour le ministre des Finances en matière de
revenus.
Bien entendu, le coût des conventions collectives signées
avec les employés de l'État a des effets importants sur le niveau des
équilibres budgétaires non seulement cette année, mais pour les années
subséquentes. Le coût de la main-d'œuvre est en hausse, mais cela est essentiel
pour l'attractivité et la rétention des employés dans les réseaux d'éducation
et de santé.
Il reste néanmoins que je ne suis pas convaincu que le fait
d'être payé plus va améliorer la qualité et la disponibilité des services
dispensés à la population. Nous en avons eu un exemple avec la scolaire après la grève où les
volontaires étaient peu nombreux malgré le fait que leur combat ait été mené
pour le bien des enfants. Ne chiquons pas la guenille et soyons de bon compte.
Au lendemain d'un conflit éprouvant, il n'est guère étonnant que la
collaboration ne soit pas au beau fixe. Espérons que le climat s'assainira au
cours des prochains mois. Ce qui laisse toute la place à la discussion sur
l'augmentation des revenus de l'État.
Augmenter
les revenus
Comme plusieurs le répètent, l'argent ne pousse pas dans les
arbres. L'État pour augmenter ses revenus n'a que des choix limités.
L'augmentation des impôts et des taxes, la suppression des dépenses notamment
aux entreprises et aux individus sous forme de crédit d'impôt et l'augmentation
de la contribution des Sociétés d'État. Pour le moment, le ministre Girard et
le gouvernement Legault n'ont pas fait de choix les reportant à plus tard. Les
seuls choix d'optimisation de ce budget sont l'attrition du programme « Roulez
Vert » et la fin des crédits d'impôt aux salaires pour certaines
entreprises. Le gros de l'ouvrage reste à faire et il sera fait sous le thème
de l'optimisation plutôt que sous le vocable de l'austérité. Entre vous et moi,
réduire les dépenses ou les couper c'est une forme d'austérité. Le reste n'est
que du langage politique adapté au goût du jour.
Augmenter l'impôt n'est pas dans le cahier de charges de ce
gouvernement. Il vient tout juste de les baisser de façon importante le privant
de trois milliards de dollars de revenus. Je comprends que dans une société où
40 % de la population ne paie pas d'impôt, c'est une option populaire. Il
n'en reste pas moins que le Québec est la juridiction où les contribuables sont
parmi les plus taxés du monde occidental. Je veux bien croire que nous avons
des services en échange des impôts et des taxes, mais l'accessibilité de ces
services fait défaut pour de nombreux citoyens. Je me cite en exemple où
maintenant sans médecin, le mien a pris sa retraite, ma prochaine visite se
fera dans un cabinet privé et cela me coûtera près de 500 $. C'est le prix
à payer si l'on veut voir un médecin au Québec en 2024 dans un temps
raisonnable et éviter les longues heures d'attente sur les nombreux numéros 1-800
ou Clic-Santé de ce monde.
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La suppression des dépenses, oh pardon l'optimisation des
activités financières du gouvernement, est une voie à explorer. Je suis d'avis
que l'État ne cesse de prendre de l'ampleur et que, par exemple, il serait
intéressant que le gouvernement ne finance plus les entreprises privées et le
développement économique à l'exception de mesures pour améliorer la
productivité des entreprises par l'automation de la production. Cela permettra
à la fois de pallier le problème de la pénurie de la main-d'œuvre et celui de
la faible productivité des entreprises venant ainsi améliorer leur position
concurrentielle sur les marchés d'exportation. Enfin, les revenus des sociétés
d'État devraient être au rendez-vous au cours des prochaines années surtout si
l'on décide de payer un prix plus conforme au marché pour l'énergie électrique
qui est largement subventionné par les taxes et les impôts.
Un budget
social ?
Contrairement aux idées reçues, le budget d'un État n'est
pas comme notre budget personnel ou celui de notre famille. Un État exerce des
responsabilités envers les plus démunis, doit voir à entretenir les
infrastructures et financer le transport durable notamment par les grands
projets de transport collectif. Je sais que le dernier budget a laissé en plan
les dossiers du transport collectif et du logement. Les villes se sont
empressées de nous le rappeler.
On pourrait aussi mettre en œuvre certaines idées émises
depuis plusieurs années par Amir Kadir qui croit à raison qu'il faudrait taxer
davantage l'eau et les minerais utilisés par les entreprises sur notre
territoire. Il serait temps que l'État obtienne de meilleures redevances de ces
richesses collectives au profit du bien commun de tous. Cela nous changerait
des vieilles rengaines néo-libérales qui se sont entendre ces jours-ci. Il faut
en finir de ces vieilles rengaines néo-libérales...