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Les vieilles rengaines néo-libérales

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Daniel Nadeau Par Daniel Nadeau
Mercredi le 20 mars 2024      

Cette dernière semaine, le gouvernement Legault a déposé son budget par la voix du ministre des Finances, Éric Girard. Un budget presque sans histoire, si ce n'est la hauteur du déficit prévu de 11 milliards de dollars.

Il n'en fallait pas plus pour que l'on puisse réentendre les voix du passé faisant du déficit zéro un objectif primordial de société. Outre le rappel des dépenses inutiles aux Kings de Los Angeles par exemple, ce budget fait place à bien peu d'extravagances. Le gouvernement Legault, fidèle en cela à une volonté clairement exprimée de la population, a choisi d'investir de façon importante dans les réseaux d'éducation et de santé. Qui sommes-nous pour critiquer ce choix alors que la volonté est claire ? Celle-ci s'est même manifestée lors de la dernière négociation avec les employés de l'État ou les gens ont appuyé de toute évidence les employés en grève.

On ne se formalisera pas aujourd'hui du montant que cela représente dans le budget. Faire autrement serait comme les discours du quart-arrière du lundi après les matchs de football du weekend. Il n'en demeure pas moins que dépenser plus que ses revenus peut devenir un problème majeur pour une société vieillissante comme la nôtre dans un monde ou les catastrophes climatiques causent d'énormes dommages matériels à nos infrastructures et à nos biens. Tant et si bien que ce qui devrait nous préoccuper davantage ce n'est pas l'augmentation importante en santé et en éducation, mais plutôt la faiblesse de nos revenus. Si la population veut plus de services en santé et en éducation, il faut trouver des façons pour augmenter les revenus afin de ne pas s'enfoncer dans une spirale de déficit sans fin. Réflexions sur des moyens d'augmenter les revenus de l'État québécois.

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Un budget dépensier ?

Pas de discussions possibles. Le budget présenté par le ministre Éric Girard est un budget expansif qui dépense de fortes sommes en santé et en éducation tout en maintenant nos paiements au Fonds des générations afin d'amoindrir la taille du déficit de l'état québécois pour les générations futures. Si l'on tient compte de ce paiement aux générations futures et aux sommes consenties pour les imprévus, on se retrouve avec un déficit avoisinant les 7 milliards de dollars plutôt que les 11 milliards annoncés la semaine dernière. Il faut prendre en compte les incendies de forêt qui ont eu des effets sur le niveau des réservoirs d'eau d'Hydro-Québec venant ainsi plomber les revenus que cette société d'État remet au gouvernement. Nos campagnes efficaces contre l'alcool et ont aussi des effets à la baisse sur les revenus de l'État québécois. Par ailleurs, le gouvernement du Canada tarde pour des raisons politiques de transférer des sommes dues au Québec notamment en matière de santé et d'immigration. Bref, peu de perspectives réjouissantes pour le ministre des Finances en matière de revenus.

Bien entendu, le coût des conventions collectives signées avec les employés de l'État a des effets importants sur le niveau des équilibres budgétaires non seulement cette année, mais pour les années subséquentes. Le coût de la main-d'œuvre est en hausse, mais cela est essentiel pour l'attractivité et la rétention des employés dans les réseaux d'éducation et de santé.

Il reste néanmoins que je ne suis pas convaincu que le fait d'être payé plus va améliorer la qualité et la disponibilité des services dispensés à la population. Nous en avons eu un exemple avec la scolaire après la grève où les volontaires étaient peu nombreux malgré le fait que leur combat ait été mené pour le bien des enfants. Ne chiquons pas la guenille et soyons de bon compte. Au lendemain d'un conflit éprouvant, il n'est guère étonnant que la collaboration ne soit pas au beau fixe. Espérons que le climat s'assainira au cours des prochains mois. Ce qui laisse toute la place à la discussion sur l'augmentation des revenus de l'État.

Augmenter les revenus

Comme plusieurs le répètent, l'argent ne pousse pas dans les arbres. L'État pour augmenter ses revenus n'a que des choix limités. L'augmentation des impôts et des taxes, la suppression des dépenses notamment aux entreprises et aux individus sous forme de crédit d'impôt et l'augmentation de la contribution des Sociétés d'État. Pour le moment, le ministre Girard et le gouvernement Legault n'ont pas fait de choix les reportant à plus tard. Les seuls choix d'optimisation de ce budget sont l'attrition du programme « Roulez Vert » et la fin des crédits d'impôt aux salaires pour certaines entreprises. Le gros de l'ouvrage reste à faire et il sera fait sous le thème de l'optimisation plutôt que sous le vocable de l'austérité. Entre vous et moi, réduire les dépenses ou les couper c'est une forme d'austérité. Le reste n'est que du langage politique adapté au goût du jour.

Augmenter l'impôt n'est pas dans le cahier de charges de ce gouvernement. Il vient tout juste de les baisser de façon importante le privant de trois milliards de dollars de revenus. Je comprends que dans une société où 40 % de la population ne paie pas d'impôt, c'est une option populaire. Il n'en reste pas moins que le Québec est la juridiction où les contribuables sont parmi les plus taxés du monde occidental. Je veux bien croire que nous avons des services en échange des impôts et des taxes, mais l'accessibilité de ces services fait défaut pour de nombreux citoyens. Je me cite en exemple où maintenant sans médecin, le mien a pris sa retraite, ma prochaine visite se fera dans un cabinet privé et cela me coûtera près de 500 $. C'est le prix à payer si l'on veut voir un médecin au Québec en 2024 dans un temps raisonnable et éviter les longues heures d'attente sur les nombreux numéros 1-800 ou Clic-Santé de ce monde.

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La suppression des dépenses, oh pardon l'optimisation des activités financières du gouvernement, est une voie à explorer. Je suis d'avis que l'État ne cesse de prendre de l'ampleur et que, par exemple, il serait intéressant que le gouvernement ne finance plus les entreprises privées et le développement économique à l'exception de mesures pour améliorer la productivité des entreprises par l'automation de la production. Cela permettra à la fois de pallier le problème de la pénurie de la main-d'œuvre et celui de la faible productivité des entreprises venant ainsi améliorer leur position concurrentielle sur les marchés d'exportation. Enfin, les revenus des sociétés d'État devraient être au rendez-vous au cours des prochaines années surtout si l'on décide de payer un prix plus conforme au marché pour l'énergie électrique qui est largement subventionné par les taxes et les impôts.

Un budget social ?

Contrairement aux idées reçues, le budget d'un État n'est pas comme notre budget personnel ou celui de notre famille. Un État exerce des responsabilités envers les plus démunis, doit voir à entretenir les infrastructures et financer le transport durable notamment par les grands projets de transport collectif. Je sais que le dernier budget a laissé en plan les dossiers du transport collectif et du logement. Les villes se sont empressées de nous le rappeler.

On pourrait aussi mettre en œuvre certaines idées émises depuis plusieurs années par Amir Kadir qui croit à raison qu'il faudrait taxer davantage l'eau et les minerais utilisés par les entreprises sur notre territoire. Il serait temps que l'État obtienne de meilleures redevances de ces richesses collectives au profit du bien commun de tous. Cela nous changerait des vieilles rengaines néo-libérales qui se sont entendre ces jours-ci. Il faut en finir de ces vieilles rengaines néo-libérales...


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