En ce
matin du 25 juin, voilà qu'on ferme les fenêtres. L'humidité de l'air et un
rare vent du nord gardent bien basse la fumée des feux qui ravagent l'Abitibi.
Une fumée qui charrie des microparticules pouvant être nocives, prévient la
Santé publique.
Drôle de
lendemain de Fête nationale! Et un rappel que les changements climatiques, même
si on en nie encore de grands pans, sont là, bien présents, dans nos vies.
J'ai pu
jeter un œil sur le spectacle de la Fête nationale de Montréal et j'avais prêté
l'oreille (à temps très partiel!) à celui de la veille à Québec.
Et je
pensais à nous, les souches. Celles et ceux qui sont nés ici au temps où la
communauté était relativement uniforme et rassemblée sous une dénomination
religieuse et culturelle somme toute relativement uniforme.
Je dis
relativement parce que nous avons toujours été divisés, quand même. Les anglos
d'un bord, les francos de l'autre.
Dans
bien des villes et villages de l'Estrie, des cimetières sont construits l'un
juste en face de l'autre. L'un protestant ou anglican, l'autre catholique.
Une des
grandes différences, du côté des francos, c'est cette notion de l'église résolument
immiscée dans la vie quotidienne des gens pendant quelques siècles. Le clergé
était porteur des valeurs et imposait des façons de faire et de penser. La
force du mouvement religieux était telle que les hôpitaux et l'éducation
relevaient systématiquement de celle-ci.
L'urbanisation,
entre autres, est venue chambouler les choses. Il était plus facile pour le
clergé de maintenir sa poigne en milieu rural. Très lentement, depuis la fin
des années 1800, on a senti les grands doigts du clergé desserrer leur étreinte.
Tout
aussi lentement, par un lien de cause à effet, la population francophone a
commencé à s'affirmer un peu plus.
Jusqu'à
la Révolution tranquille, qui a eu effet fort sur la société et la population.
Une émancipation possible se dessinait subitement. Après près de 400 ans
d'existence, les francophones devenaient finalement des ados. Pour poursuivre
l'image, collectivement, on commençait même à penser au moment où on
deviendrait adultes.
Et là,
rapidement, nos frontières se sont ouvertes. Dans un monde de plus en plus
global, c'était inévitable. Inévitable aussi du simple fait que notre taux de
natalité a fondu comme une glace au soleil du midi.
Alors
voilà : l'ado pas complètement mature que nous sommes comme peuple doit
maintenant conjuguer avec une famille recomposée!
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Et si
cela était juste et bon?
Je
comprends très bien les inconforts qu'apportent tous ces changements. Et ils
sont normaux. Au même titre que je peux très bien comprendre que notre réaction
première soit défensive. Il faut atteindre une certaine maturité pour ne pas
céder au mode défensif pur et dur.
Ainsi, j'ai
entendu souvent des exclamations du type : « Ils sont au Québec,
qu'ils fassent comme nous! »
La
phrase est aussi défensive que vide, en fait. Dans le contexte du
chacun-pour-soi bien appuyé sur l'expression de nos libertés individuelles, il
devient difficile de décrire le « comment on fait, nous, au Québec! »
De toute
façon, le réflexe à éviter, c'est celui du repli sur soi. Sur hier. Sur le
passé.
Lors du
spectacle du 24 juin à Montréal (que j'ai vu à la télé), j'ai eu cette
impression heureuse que le drapeau du Québec était symbole de fierté, oui, mais
aussi d'ouverture. De grands classiques musicaux revisités par une diversité
impressionnante d'artistes. Et ça marchait! Dire que j'ai aimé chaque
prestation ne serait pas honnête. Mais faire une analyse globale basée sur mes
propres goûts musicaux serait aussi faire un repli sur soi!
En ce lendemain
de veille, au moment d'écrire ces lignes et à travers le smog des grands feux
de l'Abitibi, une lumière brille en moi.
Une
sorte d'espoir qui rappelle que c'est possible de chanter et danser sur des
airs de souche (!) sans se refermer dans une sorte de repli qui finirait par
nous isoler.
Un
isolement qui ne ferait qu'accélérer notre déclin, cela dit.
Défendre
sa culture, ce n'est pas l'imposer. C'est lui permettre de s'exprimer.
Tout
simplement.
Clin
d'œil de la semaine
Si, en
vacances, on peut prendre grand plaisir à danser avec des Cubains sur des airs
qui leur sont uniques, on peut, sans gêne et sourire aux lèvres, chanter et
danser la Bastringue avec qui que ce soit, peu importe sa culture!