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  CHRONIQUEURS / Deux mots à vous dire

Le malaise de la fête de Mères…

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François Fouquet Par François Fouquet
Lundi le 15 mai 2023      

Le malaise est là. Pas encore si bruyant, mais il est là. Il le sera probablement lors de la fête des Pères. Un malaise qui exprime une incompréhension par rapport à la façon avec laquelle on devrait réagir.

Dans un environnement où les genres des personnes et les modèles de parentalité se redéfinissent, est-il encore éthique de parler de la fête des Mères et la fête des Pères?

Est-ce que le fait qu'une école primaire ait pris la décision de combiner les mères et des pères dans un concept de fête des Parents est une aberration en soi? Une bonne idée? Est-ce que c'est un signe de l'évolution d'une société ou bien le signe que tout fout le camp autour de nous?

Le genre de questions qui a tout pour polariser les opinions!

Je sais, je marche sur des oeufs en parlant de ce sujet. Et je sais aussi que plein d'yeux fixent les oeufs sur lesquels je marche! J'entends déjà des « issshhhhhh! Tu vas vraiment là, aujourd'hui? »

Bien oui.

C'est que la question est intéressante et, surtout, qu'elle ouvre une panoplie de réflexions. Exactement le genre d'affaire qu'on ne fait plus à l'ère des médias sociaux qui commandent une opinion sur le champ!

D'abord, disons que si la redéfinition (ou la précision) des genres se fait parfois de façon harmonieuse, il faut bien admettre que, socialement, ça vient ébranler les colonnes d'un temple bien installé. Si une personne peut demander de façon légitime qu'on la considère d'un genre différent que celui qu'elle avait à la naissance, il faut accepter que le malaise potentiel d'un ou des membres de l'entourage est tout aussi légitime.

Différents volets à une même question

Je me dis, à la base, qu'une personne équilibrée et outillée pour évoluer sur la route de sa vie doit être confortable avec ce qu'elle est. Avec son identité propre. Je peux comprendre qu'on soit mal à l'aise avec le genre qu'on a. Et ce n'est pas une affaire de 2023! J'ai grandi en entendant des expressions comme « il fait tellement fille! » ou encore « elle, c'est un gars manqué! »

Je comprends donc qu'on cherche à préciser le genre (ou le non-genre) auquel on veut s'identifier et être identifié. Mais je me dis, du même souffle, que lorsque des anthropologues et des archéologues retrouveront l'ossature des gens de notre époque, ils retrouveront essentiellement des mâles et des femelles.

Donc, pour moi, la notion de précision du genre ou du non-genre est une question de place et de statut dans cette société qui est la nôtre.

Oui, mais la fête des Mères, on en fait quoi?

Quand on décrète une fête du type de la fête des Mères, on fait des inclus et des exclus. Forcément. Est-ce que c'est injuste pour celles qui ne sont pas mères de ne pas avoir une journée pour elles? Et si une mère redéfinit le genre dans lequel elle espère mieux s'accomplir, devient-elle une victime de la fête décrétée?

Pour certains, oui. De mon point de vue, c'est plus nuancé pas mal!

D'abord, si je choisis d'être une victime par rapport à ces repères sociaux que sont les fêtes et que je cultive le malaise au nom de ma cause, je crée un fossé encore plus grand avec mes l'autre. Le mode « passif-agressif » s'impose et est généralement passablement stérile. L'isolement n'est pas un agent d'évolution sociale.

Abandonner un événement pour ne pas déplaire à un groupe de personnes peut être un piège. Il y a des milliers de mamans, au Québec, qui reçoivent des visiteurs uniquement lors des événements spéciaux. La fête des Mères elle rapproche bien des gens, au moins de façon ponctuelle.

Et la fête des Mères et la fête des Pères ont l'avantage de souligner des apports différents à une parentalité.

Une route sinueuse

La route de l'évolution de notre vie en société n'est pas un petit sentier droit qui constitue le chemin le plus court entre deux points précis!

Je me souviens très bien avoir vu l'évolution de la signature de ma mère sur les chèques qu'elle émettait pour les dépenses courantes de la famille. Après tout, c'est elle qui s'occupait des finances, à la maison! Au départ, elle signait le nom de mon père en ajoutant Mme devant. Après, elle est a pu mettre son prénom, mais le nom de famille de mon père par la suite. Puis, son prénom, son nom de famille et celui de mon père. Maintenant, elle signe son nom de fille, comme elle le dit!

Ça peut sembler banal, mais tout ça se faisait avec des réactions souvent épidermiques! Les femmes prenaient trop de place, ne renonçaient plus à leur identité, pouvaient maintenant voter et s'acheter une maison, et tout...

« Où est-ce que ça va nous mener? », s'égosillaient les plus conservateurs.

La même rhétorique s'applique aujourd'hui quand il est question des genres en société.

Alors, fête des Mères? C'est oui ou c'est non?

Je sais très bien que ces fêtes sont d'abord une affaire commerciale. Elles risquent de devenir un levier politique aussi.

J'ai d'abord été surpris de l'idée de l'école de modifier la fête des Mères et des Pères pour les joindre dans un concept de fête des Parents. Normal, j'ai grandi avec l'autre concept. Mais une fois la surprise passée, je me mets dans la peau de l'enfant qui a à grandir dans des situations nouvelles et je me dis que l'idée n'est quand même pas si épouvantable.

Pour l'heure, je vis très bien avec le concept de fête des Mères et des Pères. J'y vois encore plus d'avantages que d'inconvénients. Le fait d'abolir ou de renommer la fête des Mères ou des Pères pour éviter tout imbroglio va en causer d'autres. L'unanimité est difficile à obtenir et n'est pas souhaitable pour l'évolution des choses.

J'ai aussi grandi avec des voix qui décriaient ces fêtes commerciales en disant que c'est plutôt chaque jour qu'on devrait reconnaître l'apport des mamans et des papas!

Pour l'heure, donc, bonne fête des Mères un peu en retard! Et merci de nous avoir donné la vie.

À nous de la faire évoluer!

 

Clin d'œil de la semaine

Entendu des milliers de fois : « Maman, je suis parfaitement capable de prendre mes responsabilités! Mais là, y est où mon chandail bleu? »


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