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La langue belle…

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Photo : Le Québec a-t-il atteint ses objectifs de rassurer la nation québécoise de souche canadienne-française sur son avenir?
Daniel Nadeau Par Daniel Nadeau
Mercredi le 30 août 2017      

« C'est une langue belle à l'autre bout du monde
Une bulle de France au nord d'un continent
Sertie dans un étau, mais pourtant si féconde
Enfermée dans les glaces au sommet d'un volcan...
Et de l'Île d'Orléans jusqu'à Contrescarpe
En écoutant chanter les gens de ce pays
On dirait que le vent s'est pris dans une harpe
Et qu'il a composé toute une symphonie. »

Yves Duteil, La langue de chez nous, 1985

Le compositeur et interprète français Yves Duteil a écrit et chanté une très belle chanson sur la langue française. Une langue qu'il a contribué à célébrer de belle façon, cette chanson a beaucoup été diffusée au Québec et elle a gagné le cœur et les esprits des Québécois tant elle rejoignait de profondes racines de notre identité. Il est vrai que la langue française est au cœur de l'identité québécoise. Une chose qu'avait bien comprise le regretté Camille Laurin qui avait fait adopter en 1977 la loi 101 qui faisait du français la langue officielle du Québec il y a 40 ans aujourd'hui.

Les questions qu'il faut se poser aujourd'hui alors que nous célébrons le quarantième anniversaire de l'adoption de la loi 101 sont les suivantes : Le Québec a-t-il atteint ses objectifs de rassurer la nation québécoise de souche canadienne-française sur son avenir? Notre identité est-elle raffermie? Avons-nous fait reculer notre sentiment d'insécurité proverbiale quant à notre survie linguistique? En quoi la protection de la langue française a-t-elle contribué à faire avancer la cause de la défense et de la promotion d'une « société distincte » ou d'une « nation québécoise »? Autant de questions qui se posent à nous dans les sillons du rappel de l'adoption de cette loi fondamentale pour le Québec moderne. Le point sur l'héritage de la loi 101 au Québec.

État des lieux

Les statistiques sont probantes. Depuis l'adoption de la loi 101, la proportion des anglophones connaissant le français est passé de 37 % en 1977 à 70 % aujourd'hui. Il faut dire qu'une grande proportion d'anglophones, au lendemain de l'adoption de la loi 101, plus de 49 000 personnes de cette communauté ont quitté le Québec de 1976 à 1981. La proportion d'allophones connaissant le français est passé de 47 % à 77 %. Ce qui est le plus spectaculaire, et c'était le plus grand objectif de la loi 101, c'est le taux de fréquentation de l'école francophone par les nouveaux arrivants qui était de 15 % avant la loi 101 et qui est aujourd'hui de 89 %.

La loi 101 a atteint largement ses objectifs de l'époque même si de temps à autre la mouvance la plus nationaliste au Québec fait part de ses grandes inquiétudes quant à l'avenir de notre langue particulièrement à Montréal où l'attrait de la langue anglaise est présent plus que jamais. Le dévoilement récent des données du dernier recensement du Gouvernement du Canada où des erreurs statistiques donnaient l'impression du recul de la langue française et d'une montée inexplicable de la langue anglaise dans les régions du Québec ne pouvait mieux illustrer les inquiétudes latentes des milieux nationalistes eu égard à l'avenir du français.

L'avenir du français au Québec constitue avec la question de l'immigration et l'intégration de nouvelles religions des questions au cœur des débats actuels au Québec sur l'identité québécoise « canadienne-française ». Ces Québécois de souche qui se sentent à tort, par les temps qui courent, dépossédés de leur territoire et menacés dans leur survie. La question de la langue s'ajoute à l'arsenal d'arguments des souverainistes pour créer chez la majorité que nous sommes au Québec, un sentiment d'insécurité. La langue devient un fétiche politique. Une sorte de drapeau que l'on agite comme la muleta du toréador dans les corridas.

S'il est vrai que jamais la force d'attraction de la langue anglaise et de la culture américaine n'ont été aussi puissantes partout dans le monde, il n'en demeure pas moins que je suis de ceux qui croient que la langue française se porte bien au Québec. Il faut néanmoins continuer à défendre notre langue et à la promouvoir. Le combat de la langue et celui de la survie d'une « société distincte » francophone en Amérique du Nord et plus globalement en Amérique sont toujours à faire et refaire. Nous ne devons pas dormir sur nos lauriers.

Les enfants de la loi 101

La semaine dernière, j'ai été un téléspectateur attentif de l'excellent documentaire Les Québécois de la loi 101 de l'animateur culturel Stéphane Leclair et de la réalisatrice Judith Plamondon. Dans ce documentaire diffusé sur les ondes d'ICI RDI jeudi soir dernier, Plamondon et Leclair vont à la rencontre de jeunes Québécois provenant de diverses communautés culturelles pour voir dans quelle mesure cette maîtrise de la langue fait en sorte qu'ils se sentent chez eux au Québec et comment ils définissent leur sentiment d'appartenance. Le constat est dur pour nous. Il semble que nous avons réussi à les franciser, mais pas à les intégrer pleinement à notre société.

Ces jeunes témoignent qu'ils aimeraient bien mieux connaître la culture française du Québec, mais qu'ils en ont peu d'occasions puisque nous les considérons souvent comme « Autre ». Dans ce documentaire au propos équilibré, on voit dans les divers témoignages les ravages de ce « Nous » contre « Eux » qui constituent toujours une réalité trop présente parmi nous, depuis la déclaration malheureuse de Jacques Parizeau au lendemain de la défaite référendaire.

Le propos du documentaire élargit les préoccupations pour venir à aborder les questionnements identitaires du Québec français et qui viennent teinter les perceptions de ces Québécois d'origines diverses que nous peinons à pleinement intégrer à notre société. Les propos d'Akos Verboczy et de Kathy Wong sont particulièrement éclairants tout comme les témoignages de Louise Beaudoin, Rima Elkouri et Marc Cassivi.

La loi 101 a atteint ses objectifs et par le fait même le Québec a réussi à franciser les nouveaux arrivants. Nous avons gagné leur tête, mais nous avons négligé de conquérir leur cœur.

L'avenir du Québec et notre insécurité identitaire

Ce qu'il faut retenir au lendemain du quarantième anniversaire de la loi 101 c'est que nous avons réussi à franciser les nouveaux arrivants, mais qu'il reste beaucoup à faire pour les intégrer à notre culture. Il est évident que notre insécurité identitaire est un obstacle à une intégration réussie des Québécois d'origines diverses à une nation québécoise forte et attractive. Faire du français et de la culture française un environnement accueillant pour les autres nécessite d'abord que nous cessions de craindre pour notre avenir et que nous cessions d'entretenir de la méfiance et des préjugés envers la culture de l'Autre. Il faudrait aussi que soyons plus exigeants envers nous-mêmes et que nous accordions plus d'importance collectivement à la qualité de la langue française parlée et écrite dans l'espace public.

Nous devrions aussi être plus soucieux d'offrir une école de qualité et où la culture, la littérature et l'histoire du Québec seraient mieux enseignées et mieux transmises non seulement aux nouveaux arrivants, mais aussi aux jeunes Québécois « Canadien français de souche ». Si nous n'accordons pas plus d'importance que nous le faisons à notre langue, pourquoi les autres le feraient-ils mieux que nous?

Bien sûr, il faudrait peut-être apporter des aménagements à la loi 101, par exemple en matière de langue du travail et de l'affichage public. Néanmoins, aujourd'hui, le débat linguistique n'est plus celui de 1977. Nous n'avons plus à combattre l'anglais, mais plutôt à donner plus d'amour à notre langue et notre culture par nos propres comportements. Il faut plus séduire que légiférer pour promouvoir cette langue belle...


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