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  CHRONIQUEURS / L'Agora

Langue de bois et langue de soie...

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L'actualité politique est d'une richesse incroyable. Cette semaine, pour choisir le sujet de cette chronique, j'avais l'embarras du choix. J'aurais pu vous entretenir de la décision référendaire de la population suisse qui a mis un frein brutal à l'accueil des immigrants.

Il y avait un parallèle à faire avec notre débat sur la charte et notre peur viscérale de l'Autre en cette époque de crise profonde de l'économie. J'aurais aussi pu facilement vous parler des élections qui s'en viennent et du faux suspense qui l'entoure et dire que madame Marois s'est vantée d'avoir adopté une politique d'élections à date fixe pour éviter que les citoyennes et les citoyens soient les victimes des trajectoires partisanes du chef de l'État. J'ai plutôt choisi de vous entretenir de la question des finances publiques québécoises et de la présentation prochaine d'un faux budget par le gouvernement Marois.

La rhétorique de la responsabilité fiscale...

Tous les partis politiques et tous les chefs de ces formations qui veulent nous gouverner se drapent dans le rôle du bon gestionnaire et de la responsabilité fiscale. C'est bien la moindre des choses avec les déficits à répétition de notre gouvernement du Québec et avec une dette qui ne cesse d'augmenter même si le ratio avec notre PIB donne de meilleurs résultats que les chiffres bruts. Néanmoins, tous s'accordent pour dire que la situation est préoccupante non pas tellement à cause de la taille de la dette, mais plutôt de notre capacité de remboursement. Un gouvernement comme une famille doit se préoccuper de sa capacité de payer et de rembourser afin d'ajuster son mode de vie en conséquence. Ce n'est pas ce que nous faisons au Québec. Province parmi les plus pauvres du Canada, le Québec voit sa population vieillir et diminuer. Nous travaillerons moins, produirons moins donc gagnerons collectivement moins. Nous sommes condamnés à devenir plus pauvres collectivement. Ce qui augure mal pour l'avenir.

Foncer dans un mur à 180 km/h

La meilleure image pour illustrer cela est de comparer le Québec à une famille qui voyage dans une grosse Mercedez de l'année et dont les paiements n'ont pas été faits depuis plusieurs mois. Alors que nous nous dirigeons allégrement dans un mur à 180 km/h, nous nous apercevons que nous n'avons plus de freins et nous nous disputons sur la couleur de notre prochaine Mercedez lorsque celle-ci aura été reprise par le concessionnaire et que nous chercherons à nous en procurer une nouvelle comme si rien ne s'était passé.

L'économie du Québec c'est structurel va diminuer de taille comme la plupart des économies des pays industrialisés. C'est largement attribuable au vieillissement de la population et à sa diminution de taille. Face à ce défi structurel, que faisons-nous collectivement? Nous continuons à accumuler les déficits, nous augmentons notre dette, refusons d'exploiter nos ressources naturelles. Multiplions les taxes et les impôts de toute sorte et surtout inventons de nouveaux programmes où l'État nous prend en charge. Le dernier exemple est l'implantation prochaine d'une assurance autonomie dont nous n'avons aucune idée des coûts futurs. Je ne discute pas ici du mérite de cette politique phare pour notre ministre de la santé Réjean Hébert, mais je remets en question sa faisabilité et son à-propos dans notre contexte budgétaire. De nombreux autres exemples pourraient être cités, mais pour l'instant, restons-en là.

Des revenus sans les dépenses...

Le gouvernement Marois nous aura habitués à de nombreux reculs et à plusieurs pirouettes, mais la dernière est de loin la plus originale. Présenter un budget sans parler de dépenses. Quel monde merveilleux ce serait celui où nous tiendrons compte seulement de nos revenus sans parler de nos dépenses! Ne dit-on pas que celui qui ne dépense pas est riche? Le gouvernement Marois s'apprête à utiliser la langue de soie après nous avoir habitués à la langue de bois. Le jeudi 20 février, nous aurons droit à un budget qui ne nous dira rien, mais absolument rien des crédits de dépenses et de revenus par poste et par ministère. Ce qui permettra à ce gouvernement de repousser l'austérité après les élections. Avant, le mot d'ordre c'est parler de prospérité. Le pire ce n'est pas l'attitude du gouvernement qui est celle normale d'un groupe qui cherche à conquérir le pouvoir, mais plutôt la nôtre qui assistons à tout cela en silence et en nous disant que de toute façon plus ça change, plus c'est pareil. Il faudra un jour que nous prenions nos responsabilités et que nous exigions de celles et ceux qui nous gouvernent ou qui aspirent à nous gouverner un plus grand sens des responsabilités.

Entendre la vérité et cesser de jouer à l'autruche

C'est relativement simple, la situation politique changera le jour où nous aurons envie que notre classe politique nous dise la vérité et pour la récompenser, nous l'élirons. Ce jour n'est pas encore venu si j'en crois les stratégies actuelles du gouvernement Marois pour se faire réélire. Les mêmes vieilles tactiques font offense au « gouverner autrement » de Bernard Drainville. Proposer des politiques qui polarisent l'électorat (la charte), inonder le Québec de subventions pour acheter nos votes (annonces multiples des derniers mois), prétendre prendre des décisions courageuses (Anticosti), discréditer l'opposition (attaquer le bilan de l'ancien gouvernement Charest) et refuser de faire la lumière sur l'état des finances publiques (faux budget à venir).

Gouverner autrement avec une femme?

Décidément, le gouvernement Marois n'a rien à envier au plus opportuniste des gouvernements antérieurs quant à sa volonté de tout faire pour conserver le pouvoir et d'espérer une majorité pour relancer le Québec dans des psychodrames identitaires. Mme Marois est la première femme qui occupe le poste de première ministre de l'histoire du Québec. De nombreux universitaires ont consacré plusieurs articles ou livres sur la question des femmes au pouvoir qui révolutionnerait la gouvernance. À voir aller madame Marois, on comprend que le principal changement est d'avoir troqué la langue de bois pour la langue de soie...

Tweet de la semaine

« Créer une société pour vendre le paradis sur plan. Et en créer une autre pour s'assurer contre l'enfer. Certain que ça marcherait. » dans Bernard Pivot, Les tweets sont des chats, Paris, Albin Michel, p. 151.

Commentaires ou suggestions : dnadeau@estreplus.com


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