Ce qui m'a toujours éloigné du camp des souverainistes c'est
le trop de leurs idées. Le manque d'équilibre et l'idée d'être les seuls et
uniques représentants de la vertu. Cela était vrai du Parti québécois bien que
René Lévesque faisait son possible pour en limiter l'influence et c'est vrai
aujourd'hui de la Coalition avenir Québec de François Legault. C'est pourquoi
je me suis réjoui à lire l'excellent rapport du comité de relance du Parti
libéral du Québec, co-présidé par l'ex-sénateur et éditorialiste de la presse
André Pratte et par la députée de Bourassa-Sauvé, Madwa-Nika Cadet. Un rapport
qui est un excellent point de départ pour rebâtir ce grand parti politique qui
fait partie de l'histoire du Québec depuis son entrée dans la Confédération en
1867.
Bien sûr, ce rapport n'est pas une fin en soi. Celle ou
celui qui en deviendra le chef influencera de façon marquante les orientations
plus encore que ce rapport d'étape. Néanmoins, ce rapport intitulé S'affirmer. Rassembler. Prospérer. Un projet
libéral pour le Québec a le net avantage de mettre en jeu des orientations
concrètes d'une vision concrète du monde. Une vision libérale. Prenons quelques
minutes ensemble pour discuter de ces idées libérales pour le Québec du 21e siècle.
Un rapport incomplet... pas si sûr
Le principal reproche que les commentateurs ont adressé à ce
rapport est relatif à ce qu'il ne contient pas et au fait que le Parti libéral
du Québec n'ait pas de chef pour en propager les idées. : La belle affaire !
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On reproche au PLQ de ne pas avoir écrit un chapitre
post-mortem dans lequel il aurait expliqué pourquoi il s'est vu délaissé par la
population francophone. On aurait aimé lire sous la plume de libéraux des mots
liés aux fameuses affaires qui ont fait les manchettes des médias, mais qui n'ont
jamais trouvé de preuves. Dit simplement, la rhétorique politicienne
antilibérale largement déployée par les commentateurs politiques souvent
d'obédience nationaliste a été amplement achetée, partagée par de larges
segments de la population, mais celle-ci ne s'est pas préoccupé de la véracité
des faits qui lui a été proposée. Antoine Dionne-Charest avait tout à fait
raison de dire aux médias de changer de cassettes. Le bilan du PLQ comme
gouvernement, tant sous Robert Bourassa, Daniel Johnson, Jean Charest et même
Philippe Couillard, n'a rien à envier à tous les gouvernements autres qu'il
soit péquiste ou caquiste. Bien entendu, comme tout gouvernement, des erreurs
ont été commises. J'en ai critiqué de nombreuses dans le cadre de cette
chronique depuis plus de 10 ans. N'empêche que si l'on prend la peine de
faire le bilan de grandes choses ont été réalisées au Québec sous des
gouvernements libéraux. Je ne vous citerai que la Loi sur le patrimoine
familial sous Robert Bourassa, le rayonnement international du Québec sous Jean
Charest et le retour à des finances saines sous Philippe Couillard.
Quant à l'absence d'un chef, je suis d'avis que le PLQ doit
prendre son temps pour choisir sa ou son prochain chef. D'abord, l'élection n'est
prévue que pour 2026. Puis, la situation actuelle de la politique québécoise va
connaître des transformations majeures au cours des prochaines années notamment
en lien avec la situation des tensions internationales, la politique fédérale
et l'évolution de la société québécoise. Je suis d'accord pour faire ce choix
en 2025. Nous serons alors probablement assurés d'avoir une véritable course et
non un couronnement.
Des idées majeures
La principale idée de ce rapport qui fait le caractère
unique du PLQ dans l'offre politique québécoise c'est son choix d'être
Québécois et Canadien. Dans ce rapport, on reconnaît que : « le Québec est une nation distincte par sa langue, sa
culture et ses valeurs, une nation confiante quant à ses capacités. Il nous
faut à la fois préserver notre langue commune et les bases de la société
libérale sur lesquelles s'est édifiée notre nation. Nous devons être fiers
d'être Québécois, fiers d'être Canadiens, et continuer à donner priorité à la
défense et à la promotion des intérêts du Québec au sein de la fédération
canadienne. »
La deuxième grande idée c'est de « rassembler les Québécois,
quelles que soient leurs caractéristiques personnelles et sociales, autour de
notre langue officielle, le français, dans le respect des droits fondamentaux
de chacun. Nous devons prioriser une vision cohérente du développement
économique qui génère, dans toutes les régions, la richesse nécessaire pour
atteindre une plus grande justice sociale, un développement durable et l'équité
intergénérationnelle. »
On retrouve aussi dans ce document l'affirmation quant à
l'importance des droits individuels : « Le PLQ ne craint pas d'affirmer
ses valeurs profondes. Ainsi, la liberté des personnes de mener leur vie comme
elles l'entendent, dans le respect des autres, est au cœur de notre conception
de la politique. »
Pour réussir le Québec, il faut développer notre économie en
concert avec les régions et dans une perspective de développement
durable : « Nous devons prioriser une vision cohérente du développement
économique qui génère, dans toutes les régions, la richesse nécessaire pour
atteindre une plus grande justice sociale, un développement durable et l'équité
intergénérationnelle. »
Tout cela en ayant une politique d'ouverture envers les
francophones du Canada et en exerçant un véritable leadership au sein des
provinces canadiennes. Ce n'est pas écrit dans le document, mais il faut remettre
en question le fédéralisme canadien actuel et le réformer dans le cadre d'un
projet faisant une place plus importante aux Premières Nations, aux Acadiens et
dans le respect de tous les nouveaux arrivants. Il faut réussir à concilier
dans un projet libéral les droits individuels et les droits collectifs.
Il y a encore beaucoup de chemin à
parcourir...
Bien sûr, le PLQ ne réussira pas à rebâtir sa crédibilité en
quelques mois. Ceux qui comme moi croient un projet libéral pour le Québec
doivent s'attendre à participer à un marathon plutôt qu'à un 100 mètres.
Par ailleurs, les tensions normales entre une députation largement issue de l'Ouest-de-l'Île
et des militants de tout le Québec vont donner lieu à des débats et les médias
pourront parfois y voir des contradictions. Pourtant, tout cela est conciliable
avec patience et longueur de temps. Ce n'est pas facile de se sentir à la fois
Canadien et Québécois. Par exemple, défendre le français ne veut pas dire
s'attaquer aux universités de langue anglaise comme le prétend faussement le
gouvernement Legault. La preuve en est que le gouvernement erre, la mairesse à
Sherbrooke, Évelyne Beaudin, fondatrice avec Jean-Martin Aussant de l'Option
nationale à une autre époque, a pris fait et cause pour l'Université Bishop's
dans son bras de fer avec le gouvernement Legault sur sa nouvelle politique de
frais de scolarité pour les universités anglophones. Allez raconter à n'importe
qui à Sherbrooke que la présence d'étudiants anglophones à Bishop's menace la
sécurité linguistique de la majorité francophone, ce n'importe qui comme le
pompier jadis, va vous arroser. C'est un exemple du trop de la rhétorique des
nationaleux...