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  CHRONIQUEURS / Deux mots à vous dire

L’amitié et le mot qui manque

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François Fouquet Par François Fouquet
Lundi le 31 mai 2021      

C'est en marchant dans le quartier que ça m'est passé par la tête. Un quartier, ça évolue au gré des vagues assez régulières des générations. Les maisons dans ma rue datent des années 1960, généralement. C'est donc dire que ces maisons ont été construites pour de jeunes familles. Les enfants ont quitté. Les parents ont vieilli au même endroit. Un bon matin, la maison est devenue trop grande (c'est souvent la formule qu'on utilise pour constater qu'on a pris un coup de vieux!). Puis, d'autres jeunes familles s'y installent.

Le quartier, comme la vie, évolue au gré de ces générations qui se succèdent avec régularité.

Et ça m'a fait penser à la génération de mes parents.

J'ai grandi dans un univers où le respect et l'amour avaient une place de choix. Mais il fallait décoder ce respect et cet amour. On le sentait bien plus que c'était dit.  

C'est vers l'âge de 16 ans que j'ai compris l'importance de l'amitié. Je me suis alors dit qu'il manquait un mot dans la langue française. Un mot pour dire à quelqu'un qu'on l'aime, mais sans dire le « je t'aime » qui déploie tant de messages!

Compliqué, tout ça...

Je me doutais bien qu'un jour, quand je sortirais de cette coquille qui était bien plus coriace qu'elle n'en donnait l'impression, je dirais « je t'aime » à une partenaire. J'avoue que ça m'effrayait un peu, mais bon.

Je t'aime. Avec sa connotation d'exclusivité. Comme si dire je t'aime à quelqu'un scellait quelque chose. Que ça empêchait de le dire à une autre personne sans trahir la première. 

L'art de se mettre de la pression. C'est que le « je t'aime » voulait dire engagement pour la vie. Un peu intense, pareil!

En même temps, ça ne se disait pas beaucoup, à l'époque. Des fois, comme ça, une carte de fête était signée « tes parents qui t'aiment ». C'était pas mal le top! Les mots « tes parents » mettaient même une certaine distance, on dirait. Comme si c'est via son titre de parent que l'humain t'aime.  

Au fond, il y avait une gêne ambiante à utiliser les mots « je t'aime ».

Et la gêne est encore trop ambiante, je crois bien.  

Le mot qui manque

Je me disais donc, vers l'âge de 16 ans, qu'il manquait un mot dans notre belle langue. Dire « je t'aime » à un de mes amis envoyait systématiquement un message amoureux.

Hey, lala...

J'avais imaginé : je t'amitie. Mais ça se disait mal.

Alors, ça virait comme ceci : « Hey... toi, j'te dis! » Et ça s'accompagnait d'une « bine » sur l'épaule. Et on espérait que l'autre comprenne un peu.

« Je t'amitie », c'était ma version française de « I like you a lot ». Me semble qu'on n'a pas vraiment d'équivalent de « like » en français.

Aujourd'hui, les émoticônes aident un peu. Mais c'est par clavier interposé. Encore pas très direct. Au moins, les accolades sont mieux vues! Et je peux dire plus aisément « je t'aime » à un ami.

Mais il reste encore quelque chose de collé au fond de la poêle. Comme une mémoire ancestrale qui est imprimée quelque part. Qui vient mettre une petite gêne dans l'expression même des sentiments.   

Pourquoi je parle de tout ça, là, aujourd'hui?

Parce que le fait de revoir des amis au premier jour du déconfinement m'a rappelé que je les aime. Il n'y a pas eu d'accolades, pas de poignées de main. Mais des sourires et des regards. Et des niaiseries échangées. Et des sujets sérieux abordés. Et un peu d'alcool. Mais ça!

Au fond, ce n'est pas si important, le mot qui manque.

Ce qui est important, c'est ce qui se passe quand on se voit. Quand on se parle. Ce quelque chose d'inconditionnel qui fait que divergences ou pas, on est là, les uns pour les autres.

Le mot n'est peut-être pas important, me dis-je pour m'éviter de me prononcer.

Ah, pis tiens, juste au cas : je vous aime!   

 

Clin d'œil de la semaine

« J'ai jamais dit je t'aime tout court, j'ajoute toujours que'que'chose après.

C'est comme ça qu'on voit si on est en amour : je t'aime beaucoup, ça fait moins vrai... »

-Les Colocs, Le répondeur



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