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Le plus récent bilan de la Direction de la protection de la
jeunesse (DPJ), dévoilé cette semaine, suscite à nouveau l'inquiétude en
Estrie. Selon l'Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et
des services sociaux (APTS), les constats sont clairs : malgré un ton d'espoir
insufflé par la nomination récente de Lesley Hill à la tête de la DPJ
nationale, les actions concrètes pour améliorer le sort des jeunes et des
intervenants tardent à se faire sentir.
Une situation alarmante sur le terrain
Sur le territoire Estrien, les professionnels sont à bout de
souffle. « Nos membres sont épuisés et attendent depuis trop longtemps des
gestes concrets », déplore Danny Roulx, représentant national de l'APTS. En
effet, les conditions de travail demeurent extrêmement préoccupantes : postes
vacants par centaines, lourdeurs administratives, manque criant de ressources...
Autant d'éléments qui mettent en péril la qualité de l'encadrement offert aux
jeunes, particulièrement les plus vulnérables.
Les cas de violence familiale, de négligence ou encore les
situations complexes de transition vers l'âge adulte se multiplient, mais les
ressources pour y faire face sont limitées. Le personnel de la DPJ, souvent
pointé du doigt dans les médias, continue pourtant de prévenir des drames au
quotidien, et ce, malgré un environnement marqué par les compressions
budgétaires et une surcharge chronique de travail.
Des enjeux humains et technologiques
Outre les défis structurels, des problèmes émergents
viennent alourdir le climat. L'APTS sonne l'alarme sur la montée des actes de
cyberintimidation visant les intervenants jeunesse. Messages haineux, menaces
voilées ou explicites, attaques personnelles : le climat devient toxique pour
celles et ceux qui œuvrent à la protection des enfants. « Être au service de la
jeunesse ne devrait jamais exposer une personne à la peur ou à l'insécurité »,
insiste Danny Roulx.
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Ce phénomène, encore peu encadré par des politiques claires,
contribue à miner la motivation et la capacité d'agir des équipes sur le
terrain. L'APTS exige des mesures de protection immédiates afin d'assurer un
environnement sécuritaire à ses membres, en ligne comme en personne.
Une urgence d'agir
Malgré les discours de bonne volonté, l'APTS déplore que les
gestes posés à ce jour demeurent symboliques. Pour améliorer la situation de
façon durable, elle appelle à une mise en œuvre rapide des recommandations
touchant le renforcement des équipes, la reconnaissance de l'expertise
professionnelle et un meilleur accès aux services pour les jeunes en
difficulté.
La nomination de Lesley Hill à la direction nationale
pourrait représenter un tournant, mais encore faut-il qu'un véritable dialogue
s'installe entre la base et les instances décisionnelles. « Il est temps de
bâtir des ponts solides », insiste le syndicat, qui espère voir émerger une
gouvernance plus transparente, humaine et ancrée dans la réalité du terrain.
Des enfants en attente de courage politique
Alors que les bilans s'enchaînent année après année, l'APTS
Estrie rappelle que derrière chaque statistique se cache un enfant en détresse,
une intervenante débordée, une décision différée. Pour transformer le système,
il faudra plus que des promesses : il faudra du courage politique, un
investissement massif et surtout, une écoute réelle des professionnels qui tiennent
le réseau à bout de bras.
Source : Danny Roulx, représentant national, APTS