Cette semaine, c'était la rentrée parlementaire à Québec. Ce sera la dernière session parlementaire avant les élections générales prévues pour octobre prochain. Les plus récents sondages ne sont pas de bon augure pour le gouvernement libéral de Philippe Couillard.
Si l'on en croit les tendances qui s'en dégagent, on a des chances de voir une lutte entre la CAQ et le PLQ et plus que jamais un regain du Parti québécois est nécessaire au gouvernement pour lui permettre d'espérer de se voir reconduit pour un second mandat aux prochaines élections.
Les enjeux de cette prochaine élection ne sont pas encore clairs. Ce qui est plus évident c'est que le gouvernement Couillard a eu une performance honnête et que l'économie du Québec tourne à plein régime. Ça ne se traduit pas dans les intentions de vote. Analyse de la situation politique québécoise à l'aube d'un combat électoral.
L'usure du pouvoir
S'il est vrai que le gouvernement libéral de Philippe Couillard a tenu ses principaux engagements concernant le retour à l'équilibre budgétaire et en matière de création d'emploi, il a fait preuve de peu de compassion dans la mise en œuvre de ses politiques pour favoriser le retour à cet équilibre. De plus, il a été très loin des préoccupations des régions en démantelant toutes les structures de développement qui avaient été mises en place par les différents gouvernements québécois depuis les années 1960.
Le gouvernement Couillard a aussi fait preuve de peu d'empathie envers les questions liées à l'identité et à la langue françaises et s'est fait plutôt discret en matière de défense et de promotion de la nation québécoise auprès du gouvernement du Canada. Sa plus grande faiblesse cependant, c'est le fait que les libéraux sont au pouvoir depuis 2003 avec la petite interruption d'un gouvernement péquiste de Pauline Marois de 18 mois, et que de nombreux problèmes qui sont vécus par la population du Québec ont été laissés en plan par ces mêmes libéraux. La volonté de changement de la population québécoise est bien plus l'expression de la lassitude de la population envers les libéraux que l'expression du besoin de nouvelles politiques. C'est d'abord et avant tout l'usure du pouvoir qui est le principal adversaire politique du gouvernement Couillard.
L'intégrité et l'éthique
Si la lassitude s'est installée dans la population et se traduit par l'usure du gouvernement libéral, la question de l'intégrité est aussi au cœur des préoccupations des citoyennes et des citoyens du Québec. Après toutes les turpitudes et la trahison de nos élites économiques dévoilées au grand jour par la Commission Charbonneau, on ne peut pas dire que les Québécois en ont eu pour l'argent pour punir les coupables. Le récit rocambolesque des péripéties de l'UPAC et des querelles entre policiers dans des luttes de pouvoir nettement perceptibles n'améliore en rien l'opinion que la population peut avoir de ses institutions et de sa classe politique. Quoi que certains puissent en penser, c'est toute la classe politique québécoise qui écope et la foi en la qualité de nos institutions de justice et de police n'a jamais été aussi vacillante.
Outre le roman-feuilleton de l'UPAC dans des enquêtes comme mâchuré et celle liée au procès de l'ancienne ministre Nathalie Normandeau, il y a eu aussi cette incapacité de nos tribunaux et de notre système de justice de gérer les questions liées aux inconduites sexuelles envers les femmes. On connaît la suite, les réseaux sociaux se sont occupés de rendre justice aux femmes avec des mots-clics comme # Moi aussi avec tous les excès que cela peut générer. La crise de confiance envers nos institutions est solidement installée et jamais le scepticisme et le cynisme n'auront eu autant d'emprise sur nos débats publics. Les libéraux ont un rôle majeur dans cet état de fait.
Nul ne peut nier que c'est le Parti libéral du Québec qui a été le plus mis en lumière par cette gangrène lié au financement des partis politiques et aux apparences de collusion et de corruption. Le fait que les plus hauts dirigeants de ce parti sont partis des enquêtes n'est pas une note en bas de page. Pour bien des citoyennes et des citoyens, même s'ils n'ont pas d'accusations particulières à formuler à l'endroit de Philippe Couillard, des membres de son gouvernement et de son parti, la solution pour cesser de parler de ce sujet est le départ des libéraux du pouvoir. Cela permettra de parler d'autres choses au Québec.
Un bilan honnête
Pourtant, le gouvernement libéral de Philippe Couillard n'a pas à avoir honte de son bilan. Il a réussi à rétablir les équilibres budgétaires. Il a su accompagner nos entreprises dans le développement économique. Il formule les bons diagnostics quant aux besoins de notre économie en se préoccupant de la question de la pénurie de la main-d'œuvre. Sur le plan environnemental, il n'a pas fait si mal notamment en matière de la lutte contre les changements climatiques. En ce qui concerne le développement social, ses réalisations sont nettement moins convaincantes, mais cela est prévisible, car c'est un gouvernement libéral et non pas une formation sociale-démocrate.
Là où la performance du gouvernement a été la plus faible, c'est dans la gestion des crises qui accompagnent tout gouvernement. À bien des occasions, le gouvernement Couillard a été en réaction aux événements. Il a rarement été proactif. Ses communications avec la population ont été trop souvent erratiques et aujourd'hui ce gouvernement en paie un prix. Il faut néanmoins en toute justice reconnaître les performances dignes de mention des ministres Anglade, Coiteux, Leitão et Proulx. Si le gouvernement avait été à l'image de la performance de ces ministres, les résultats des sondages d'opinion seraient beaucoup plus favorables à ce dernier qu'ils le sont en ce moment.
L'attente du verdict populaire
Connaissant la machine libérale, je sais pertinemment qu'ils font vraisemblablement une analyse similaire à la mienne aujourd'hui. D'ici les élections, ils vont déployer une énergie sans précédent pour dépeindre François Legault et la CAQ comme des démons qui mèneront le Québec à sa perte. Après le déluge de notre argent dans différentes annonces, ils passeront aux vraies affaires et les attaques envers leurs adversaires et particulièrement la Coalition avenir Québec seront féroces. Nous verrons alors de quel bois se chauffe François Legault et les membres de sa formation politique. Malgré tout, tous les efforts du gouvernement risquent de demeurer vains, car comme me l'a un jour dit une ancienne compagne de vie; quand c'est fini, c'est fini!