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  CHRONIQUEURS / Deux mots à vous dire

La valeur des choses

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Dimanche matin. Tôt. Veille des élections provinciales. Je précise le moment pour bien situer l'état de cet esprit qui m'habite et qui a subi bien des pressions au cours des dernières semaines.

Il s'en est dit des niaiseries. Il s'en est insulté des gens au fil des semaines.

La bassesse des attaques a trouvé écho dans les médias sociaux. Il suffisait de retransmettre un texte qui vous a plu pour recevoir une flopée d'insultes. C'est étrange, cette agressivité. Vous remarquerez que les gens qui frappent le plus fort sont souvent ceux qui prétendent être complètement impartiaux. Se mentir à soi-même (et se croire...) c'est troublant aussi.

Le ton de cette campagne m'a déplu. Frustré, même.

M. Couillard qui ouvre le bal en disant : « C'est un gouvernement que je déteste! » en parlant de celui de Madame Marois. Le ton était lancé par le chef lui-même. La publicité qui démolissait Madame Marois était franchement déplacée (pour ne pas dire plus).  Déplacée parce qu'elle reprend le modèle américain. Et que je ne souhaite pas que ce modèle s'installe chez nous.

Dans une cour d'école, les chicanes les pires commencent par une insulte. C'est pareil dans la vie. Ce que sème ce type de publicité implique une réponse. Une vengeance. Une riposte. C'est la suite des choses qui me fait peur. On s'attend de nos chefs à ce qu'ils donnent l'exemple.

Le pire, c'est que si M. Couillard survit à Madame Marois, au sens propre, il déclarera, lors du décès de celle-ci : « Le Québec perd une grande dame. Nous avions des divergences dans nos façons de voir et de faire, mais je salue la politicienne de haut calibre qui a servi les Québécoises et les Québécois pendant près de quarante ans ». Madame Marois, à l'inverse, tiendrait des éloges de même acabit. La politique vient-elle avec le prononcé d'un serment d'hypocrite?

Oui, je sais, M. Couillard ne jouait pas seul sur la patinoire électorale. C'est juste qu'il a été plus spectaculaire à ce niveau.

Jamais, de mémoire, une campagne au Québec n'a été aussi pleine de vides. Avec un « s ». Il nous faut revoir nos manières et le livre des règlements, sinon, la haine et le mépris nous guideront dans tous nos gestes. 

Dimanche matin. 6 avril. Il neige encore. Bien honnêtement, cette campagne m'a déprimé passablement.

Heureusement, il y a eu vendredi dernier.

Attablé avec ma blonde et entouré de gens de toutes allégeances politiques, je participais à une soirée destinée à saluer des bénévoles qui oeuvrent dans notre arrondissement. J'animais la partie protocolaire. Je suis toujours ému de constater le travail que font les bénévoles sur le terrain.

Il y a, autour de vous, des voisins qui, chaque jour, chaque semaine, sortent de leur petit confort et donnent un coup de main. Ils le font gratuitement. Dans le sens gratuit du terme. Vendredi, ils sont arrivés à l'activité reconnaissance, habités par une sorte de petit malaise. Heureux, mais un peu troublés par tant d'attention. Pas qu'ils ne la méritent pas, nenon, mais parce que leurs gestes ne sont pas posés dans le but de recevoir un prix, une reconnaissance.  

Et vous savez quoi? Les politiciens de tous les partis auront beau s'égosiller, si on soustrayait, demain matin, l'implication bénévole de notre vie collective, le tissu social tomberait en lambeaux. Les conséquences seraient désastreuses.

La formule n'est pas magique. Le travail bénévole part d'un système de valeurs solide. Le jeu consiste à mettre ces valeurs en application. Le « politique » a pris la mauvaise habitude de mettre en place des mesures et de tenter de les faire coller à des valeurs ensuite. Tout cela pour les rendre vendables.

Il est temps de revoir nos mœurs politiques. Peu importe le résultat de cette élection.

Il est temps de regarder autour et définir ce qui est vrai de ce qui est faux.

Il est surtout temps d'arrêter de prétendre qu'à force de le répéter, le faux devient du vrai...

Merci à vous, bénévoles. Vous me donnez une inspiration dont vous ne vous doutez pas! Et c'est normal, parce que ce n'est pas, non plus,  pour cela que vous êtes bénévoles! Vous l'êtes simplement pour aider. Pour être utile!

Que les feux de la rampe quittent un peu le politique et qu'ils vous éclairent. Comme vous éclairez votre entourage. Et ne soyez pas mal à l'aise outre mesure. Vous ne l'avez pas bénévolé!

Clin d'œil de la semaine

Le printemps ne s'installe pas. J'imagine que le nouveau gouvernement va s'en occuper mardi...


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