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Fausses notes

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Photo : On a aussi compris que certaines écoles pratiquaient le même type de normalisation statistique.
Daniel Nadeau Par Daniel Nadeau
Mercredi le 10 mai 2017      

La controverse qui a été mise à jour la semaine dernière quant à la fiabilité des notes décernées à nos enfants dans nos écoles remet au premier plan de l'actualité la question de l'éducation.

Pour celles et ceux qui n'ont pas suivi l'actualité, rappelons ce que l'on a découvert à la suite des questions des partis de l'opposition à l'Assemblée nationale du Québec. Les notes décernées aux élèves aux examens du Ministère étaient normalisées. Ainsi, une note de 58 devenait un 60 permettant le passage d'un niveau à un autre.

On a aussi compris que certaines écoles pratiquaient le même type de normalisation statistique. Là, c'était moins clair et le ministre de l'Éducation, Sébastien Proulx, a dit que son ministère ferait enquête pour mieux comprendre le phénomène.

À terme, cela ressemble à une tempête dans un verre d'eau. La normalisation statistique des notes des examens du Ministère ne date pas d'hier. C'est une pratique courante qui avait cours au moment où je faisais mon secondaire il y a près de 40 ans. Il n'y a rien là. Ce qui attire cependant mon attention c'est le débat sous-jacent à cette controverse : la qualité de l'éducation dans la foulée d'importantes compressions budgétaires ces dernières années et des multiples réformes en éducation. Le point sur l'éducation au Québec.

L'héritage des réformes

Depuis le rapport Parent déposé en 1964, notre système d'éducation n'en finit plus d'être réformé. Déjà en 1964, les auteurs de ce rapport sonnaient le glas à l'école traditionnelle. Lisons ensemble un extrait significatif : « La crise de l'enseignement est universelle. Partout sont remises en question les structures administratives et pédagogiques, partout se préparent ou s'appliquent des réformes plus ou moins radicales; c'est que l'homme moderne n'habite plus le même univers que ses ancêtres. » Par la suite, notre système d'éducation a vécu de nombreuses réformes dont la dernière est celle des compétences transversales.

Je ne suis pas expert de la question des réformes de l'éducation ni spécialiste en pédagogie. Je suis cependant un grand-père aujourd'hui avant d'avoir été un père et j'ai pu constater, comme plusieurs d'entre vous, les atouts et les faiblesses de notre système d'éducation. Il ne faut pas vivre de nostalgie. Ce n'est pas vrai que l'école d'hier était meilleure que celle d'aujourd'hui. Apprendre le latin et le grec, même si cela peut aider à mieux comprendre les racines de la langue française, n'était pas gage de plus grand succès que d'avoir des cours d'éthique comme aujourd'hui. Ce que l'on doit comprendre néanmoins c'est que l'école doit s'adapter à son époque. Et c'est là que le bât blesse. Notre époque.

Le nivellement par le bas

Soyons simples. L'école doit former des esprits à être apte à devenir des citoyennes et des citoyens accomplis qui seront capables de faire face aux défis d'être des humains accomplis. On a aussi voulu que le degré de préparation de chaque humain à la vie en société comprenne une solide base de connaissances. C'est pourquoi la fréquentation scolaire est obligatoire jusqu'à 16 ans, soit grosso modo une scolarité secondaire complétée.

Ce que l'on s'attend de l'école c'est que nos enfants en sortent en ayant la capacité de lire, écrire et compter. En sus, on veut qu'ils aient un minimum de bagage culturel pour comprendre le monde dans lequel ils sont appelés à vivre. Sans s'empêtrer de statistiques sur le décrochage scolaire, on doit prendre acte que cet objectif n'est pas entièrement réussi. Sans compter que l'on cherche souvent à niveler par le bas dans notre système scolaire à tous les niveaux, du primaire jusqu'au programme de doctorat. On couve tant notre jeunesse que l'on veut éviter qu'elle vive un sentiment d'échec. D'où cette désagréable perception, fausse malgré tout, qu'aujourd'hui on normalise les notes pour éviter aux jeunes de vivre un échec. Ce qui n'est pas le cas dans le dossier de la normalisation statistique des notes des examens du Ministère. Ce qui n'empêche pas que l'on dorlote trop notre jeunesse à l'école.

La littératie, symbole d'un échec collectif

Le meilleur indicateur pour une société de la qualité de son système d'éducation, du primaire à l'université, c'est le taux de littératie. Une étude de l'UNESCO publiée il y a plus de trois ans sonnait l'alarme. J'avais écrit une chronique à ce sujet dans EstriePlus.com.

La littératie c'est la capacité de lire des textes, d'utiliser des documents, de comprendre des graphiques et des statistiques. Cela peut aller du simple manuel d'instructions d'objets achetés à la compréhension de règlements ou à l'exécution de simples mesures sur des plans. On doit aussi ajouter dans les compétences liées à la mesure de la littératie la capacité de rédiger des textes, de raisonner, de communiquer oralement, d'utiliser les outils informatiques nombreux maintenant à notre disposition tout comme la capacité de travailler en équipe et de recevoir de la formation sur une base continue. En cette ère où l'on valorise l'économie du savoir, on comprendra toute l'importance d'obtenir d'excellents résultats en matière de littératie d'une population comme celle du Québec qui possède une économie ouverte sur le monde.

Qu'en est-il de ce taux de littératie de la population du Québec? Selon les résultats de l'Enquête internationale sur l'alphabétisation et les compétences des adultes (EIACA), près de 50 % de la population démontre de très faibles (15,6 %) ou de faibles compétences (33 %) alors que 36,8 % de cette même population est considérée comme ayant le niveau minimal permettant de comprendre et d'utiliser l'information contenue dans des textes et des tâches de difficultés grandissantes qui caractérisent la société émergente du savoir et l'économie de l'information. C'est seulement 14,6 % de la population du Québec qui possèdent le niveau de compétence souhaité en littératie globale pour faire face aux défis de la nouvelle économie que tous les politiciens célèbrent dans leur discours quotidien. Cela amène à réfléchir, ne croyez-vous pas?

Valoriser l'éducation

Nous devrions nous en réjouir. Aujourd'hui, toutes les formations politiques présentes à l'Assemblée nationale du Québec affirment que l'éducation est la toute première préoccupation. La mère des mères des priorités. Reste à voir ce qui sera fait par nos gouvernements. On demande souvent à l'école de remplacer les parents. L'école ne peut pas tout faire. Il faut se donner des priorités. L'une des plus importantes ce serait à mes yeux de faire en sorte que le taux de littératie des Québécoises et des Québécois soit d'au moins 60 %, la note de passage. Nous en étions il y a trois ans à 15 %.

Nous avons du travail à faire. Une société qui n'a même pas la note de passage pour la littératie de ses citoyennes et de ses citoyens peut difficilement vanter les résultats de son système d'éducation. Les belles courbes des graphiques des bureaucrates du ministère de l'Éducation du Québec sur la baisse du taux de décrochage ou sur la réussite de nos écoles ne peuvent pas changer la réalité de la littératie de la population québécoise. Dans ce débat sur la note de passage, c'est cela les véritables fausses notes...


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