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  CHRONIQUEURS / Deux mots à vous dire

Du gros bon sens à la communication réelle

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François Fouquet Par François Fouquet
Lundi le 14 août 2023      

« J'en appelle au gros bon sens »

« Bien, voyons, ça tombe sous le sens, pourtant! »

Voilà des phrases passe-partout qui ont, en prime, le pouvoir de clouer le bec de nos interlocuteurs, sauf si un de ceux-ci nous demande de préciser notre pensée.

J'illustre avec un exemple. Dans le contexte d'une situation de relations de travail, il m'est arrivé qu'un collègue me dise : « ben, là, on peut-tu juste appliquer le gros bon sens? »

J'ouvre une parenthèse: on ne peut pas vraiment répondre non à cette question! Alors, à défaut du « non » qui n'aurait pas de sens, il reste le « oui, mais... ».

Mais je reviens à l'exemple. Je lui ai répondu : « oui, mais, c'est quoi, le gros bon sens? Si c'est de laisser passer la situation parce que « ça ne change rien pour personne », est-ce qu'on a vraiment réfléchi aux conséquences? Est-ce qu'on crée un précédent qu'on ne pourra tenir ensuite? Ou est-ce que si ça tombe sous le sens pour tout le monde, a-t-on pensé à régulariser le tout de façon plus formelle? »

Le gros bon sens, basé sur rien, est une coquille vide.  

La notion de gros bon sens réfère à notre culture personnelle, à la façon apprise de nos parents de vivre en société. Tout cela en tenant compte du contexte familial, socio-économique, religieux, dans certains cas. Bref, de bien des éléments qui font que, dans notre esprit, telle chose a (ou non!) un sens. 

Donc, pour moi, le « gros bon sens » en appelle à tout et à rien en même temps.

Un cul-de-sac dans tous les sens!

Je mijotais toutes ces pensées autour du sens.

Il suffit de jeter un œil aux informations, ces temps-ci, pour constater que ça va justement dans tous les sens!

Notre environnement est bousculé. Les grands écarts climatiques s'imposent. Les conflits entre pays et personnes se multiplient. Un fossé social se creuse entre la droite et la gauche. Les acquis sont de plus en plus discutés, alors que la main droite détruit ce que la gauche a construit.

Le moins que l'on puisse dire, c'est que le gros bon sens de l'un, n'est pas celui de l'autre!

Réapprendre à communiquer.

À ma connaissance, il n'y a jamais eu autant de gens spécialisés en communication dans notre société.

Pourtant.

Je constate que le type de communication que ces gens pratiquent ne vise pas à entrer en communication avec autrui, mais vise plutôt à faire passer un message. Une pilule, parfois.

En entrevue, en 2021, Jean Chrétien mentionnait son amour pour les périodes de questions à la Chambre des Communes. Il aimait les débats sur des questions qu'il ne voyait pas toujours venir. Il aimait la spontanéité des échanges.

De nos jours, les instances politiques demandent aux équipes de communication d'imposer des délais entre le temps où on reçoit une question et le moment où une réponse est émise. Souvent, c'est minimalement 48 heures. Le temps de bien peser, lécher, édulcorer et raffiner une réponse qui viendra, idéalement, clore la chose.

C'est de la communication à sens unique. Un émetteur qui impose quelque chose à un récepteur. Point.

Il nous manque de communication réelle. Avec des allers-retours dynamiques.

Une communication qui exige deux jours entre chaque interaction devient nulle. Elle noie le poisson. On peut croire, d'ailleurs, que c'est l'effet recherché, dans bien des cas.

L'idée de contrôler le message mine la confiance, isole l'électeur de la structure décisionnelle.

Il faut réapprendre à communiquer. L'apparence de transparence n'est pas de la transparence.

Des enjeux nous guettent. Il faudra mieux communiquer.

Notre société oublie de plus en plus de gens derrière, la révolte suivra à coup sûr. Il faut réapprendre à communiquer.

Je crois que c'est la base de tout.

Entrer en contact réel. Établir une vraie communication.

Me semble que ça relève du gros bon sens...

 

Clin d'œil de la semaine

Aucun traité de paix entre deux nations ou deux personnes ne se termine par : "Puissions-nous dorénavant nous comporter avec un gros bon sens élémentaire"...


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