L'expression est vieille. Plus que neuf vies de chat mises
bout à bout.
On l'attribue aux violences imposées à un animal lorsqu'il
faisait quelque chose de condamnable aux yeux des humains. Comme le banal geste
de fouetter un chat...
C'était une autre époque.
La place des animaux est bien différente dans notre société
de 2023.
Le contraste m'a frappé cette semaine. Au gré de mes sorties
à pied quotidiennes, je me paie le luxe de me faire lire des romans et essais
qui m'intéressent. Ces livres audio sont une belle découverte et gagnent en
qualité de montage, soit dit en passant!
Bref, je parcours le roman Kukum de Michel Jean. Kukum,
c'est « grand-maman » en langue innue. Dès les premiers chapitres, on
y parle de la relation entre l'homme et les animaux. On ne chasse pas pour le
plaisir. On chasse pour se nourrir. Loin de l'épicerie qui ramène toutes les
denrées du monde sur ses tablettes, est
difficile d'avoir un apport suffisant en protéines par la simple ingestion de
plantes. Et les amandes sont rares dans les forêts du nord du Québec!
Mais les Innus considèrent la mort d'un animal comme le
sacrifice de sa propre vie pour en nourrir une autre. Donc, on ne tue pas pour
rien, ni pour le sport ou le plaisir, mais pour ses propres besoins.
Le cycle de la vie en nature avant Walt Disney...
Ce matin au retour de la marche matinale, l'esprit habité
par le roman de Michel Jean, je m'installe pour lire mon journal. On y parle
des vertus (et pièges?) des nouvelles et très populaires assurances santé,
accident et bien-être pour pitou et minou.
Le contraste est grand dans mon esprit.
Donc, de plus en plus de Canadiens contractent des polices
d'assurance dont les primes moyennes jouent entre environ 500 $ et 800$ par
année, selon si c'est un chat ou un chien.
Je me dis que notre Picasso, un charmant chat de
gouttière qui a vécu 14 ans nous aurait coûté 7 000 $ au cours de sa vie.
Je constate. C'est tout.
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Animal de compagnie devenu essentiel
Normal que notre animal de compagnie prenne de la place. Je
constate qu'on vit dans des bulles personnelles dans lesquelles l'animal
devient une source d'équilibre, constitue un désennui, occupe le poste de
zoothérapeute, et tout ça. J'ajoute que même que quand on parle de désennui, il
est de moins en moins rare d'entendre des gens dire que leur animal est la
seule autre vie interactive dans leur quotidien.
Je le comprends bien.
Les choses changent, donc.
Vous me permettrez (ou non, puisque ce type de sujet est
incendiaire) de me questionner sur l'importance relative des animaux de
compagnie dans nos vies.
J'entends, par importance relative, cette impression que
j'ai que plusieurs animaux sont plus importants que bien des humains. Et
l'importance relative me semble un peu démesurée quand je vois l'immense allée
des produits pour chats et chiens, à l'épicerie.
Je constate avec une certaine crainte le nombre d'émissions de
télé dans lesquelles les vétérinaires sont prêts à tout (mais vraiment, à
tout!) pour sauver la vie d'un chat ou d'un chien.
J'essaie de relativiser. Et ce n'est pas simple. Surtout
dans le contexte d'un sujet si sensible.
Surtout quand cette dame me dit que « son chien est
triste si elle ne peut pas l'emmener avec elle au restau... » Je n'ai rien
contre le fait qu'en chien soit sagement couché aux pieds de son maître dans un
restau. Mais au moins, assumons le fait que ça fait plaisir au maître plus
qu'au chien!
Ou bien j'ai tout faux.
Ça se peut aussi.
Dernièrement, deux proches à moi ont vécu la maladie
soudaine de leur pitou respectif et ont dû se rendre sur la Rive-Sud de
Montréal parce que les « hôpitaux » vétérinaires de l'Estrie sont
fermés la fin de semaine.
Les deux pitous n'ont pas survécu. Euthanasie.
Les deux maîtres avaient les moyens de se rendre à Montréal.
Et ils pouvaient payer les presque 2 000 $ (chacun) nécessaires aux soins
d'urgence et de crémation. Je ne sais pas ce que les assurances auraient payé
de ce montant, cela dit.
À la police d'assurance, faudra-t-il greffer un arrangement
funéraire préalable pour pitou et minou?
Ouf...
J'essaie de relativiser, je disais.
Clin d'œil de la semaine
Presque 500 $ par année en assurances pour assurer la santé
et le bien-être de minou. Une chance qu'on n'assure pas les neuf vies du chat!