Vous saluerez sûrement ma clairvoyance et je vous
surprendrai certainement au plus haut point, mais voilà que je me lance: je
prédis que nous aurons des élections fédérales en 2025. (!)
Nous sommes dans une drôle de situation politique.
Au Québec, d'abord, nous sommes en présence d'un
gouvernement qui cherche des options pour remonter dans les sondages. On dirait
qu'alors qu'il tergiverse sur le sort d'un troisième lien à Québec, le gouvernement
de M. Legault peine à rétablir son premier lien avec l'électorat.
Au Fédéral, bien voilà qu'on aura un nouveau chef libéral
élu en catastrophe. Une copie de ce qui s'est passé chez les démocrates aux
États-Unis en 2024.
Et le système politique, là-dedans...
"La démocratie est un mauvais système, mais elle est le moins mauvais de
tous les systèmes", disait Winston Churchill.
En fait, aucun système n'est parfait. Mais la démocratie est quand même
la seule option pour nous assurer, comme citoyens, d'une voix au chapitre. Et
c'est essentiel.
La façon dont on évolue dans le système démocratique constitue un danger
potentiel en soi. Trump a dénigré le système au cours de sa carrière.
Il a crié au loup
quand il a perdu. Il a voulu payer pour fausser des résultats en 2020. Il a
laissé (encouragé?) Elon Musk acheter littéralement des votes en 2024. Et la
liste serait longue.
Toutes ces actions dévalorisent un système et viennent créer
une démobilisation chez les électeurs qui finissent par regarder ailleurs
lorsque des élections se pointent. Je suis convaincu que la meilleure façon de
manipuler la démocratie est encore de faire justement en sorte que les
électeurs regardent ailleurs et ne se préoccupent pas de ce qui se passe.
Un autre danger est bien présent : le fait de ne jamais
répondre aux questions, de refuser les entrevues de fond, de contrôler le
message pour marteler les éléments qui font notre affaire.
M. Poilièvre en a fait une spécialité. Il répète qu'il
coupera les taxes. Il exemptera de taxes plusieurs grandes compagnies. Il
coupera dans les impôts.
Séduisant, non?
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Dans la phrase suivante, il affirme qu'il réduira de façon
draconienne le déficit et la dette.
La question à laquelle il ne répond pas est toute
simple : si on réduit les entrées d'argent et qu'on veut réduire en même
temps le déficit et la dette, quels seront les impacts dans notre vie
commerciale, sociale et communautaire?
Cette question n'obtiendra pas de réponse, j'en ai peur,
lors de la prochaine élection.
Ce sont les firmes de communication qui viennent encadrer
les messages. Ces firmes savent très bien que les électeurs sont résolument
centrés sur leur situation personnelle. Ils seront prêts à laisser tomber de
grands pans de sécurité sociale pour ne pas affecter leur modèle
personnel.
La question de l'urne
La question de l'urne, c'est la façon de nommer l'enjeu
principal d'une élection.
Difficile de dire, à ce stade-ci, ce qui retiendra
l'attention dans quelques mois. L'arrivée de Trump peut complètement occulter
d'autres enjeux qui, autrement, auraient pu s'exprimer.
Mais je m'inquiète. Beaucoup.
Je m'inquiète parce que la désinformation est présente, bien
sûr, mais probablement pas aussi puissante que la volonté de certains
politiciens à ne dévoiler que ce qu'ils veulent. Toutes ces questions qui ne
recevront pas de réponses seront très importantes pour la suite des choses.
J'ai peur qu'on arrive à un point de rupture. Un point où
l'équilibre déjà précaire entre les classes sociales s'écroule complètement.
Une société n'est pas riche que de son PIB (produit
intérieur brut). La richesse d'un pays réside, à mon sens, dans la qualité de
la vie des citoyens qui y résident.
C'est cette qualité qui est vraiment menacée.
Les « non-réponses » ne font qu'agrandir le fossé.
Si on croit que la qualité globale de la vie des gens est
importante, il est nécessaire qu'on sache dans quelle sorte de modèle on veut
évoluer.
Et pour ça, il faut aller beaucoup plus loin que ce que
propose la pensée magique de croire qu'on réduira les taxes et les impôts et
qu'on coupera la dette et les déficits de façon massive en même temps.
Je reprends donc la question posée plus tôt et j'en ferais
ma question de l'urne : si on
réduit les entrées d'argent et qu'on veut réduire en même temps le déficit et
la dette, quels seront les impacts dans notre vie commerciale, sociale et
communautaire?
Si on ne répond pas clairement à ça, le choix électoral ne
se fera pas sur les bonnes bases.
Diriger un pays, c'est plus complexe que la répétition d'un
slogan. Les cinquante dernières années nous l'ont appris. Il faut se le
rappeler.
Je me souviens, disait l'autre...
Clin d'œil de la semaine
C'est peut-être Trump qui provoquera le réveil des
Canadiens, finalement!