Juillet. Chaleur, soleil, baignade, randonnée en automobile ou en vélo, les cheveux au vent. Juillet c'est aussi pour beaucoup de gens synonymes des vacances et de la canicule. Incursion dans le monde de nos souvenirs d'été.
Les ilots de chaleurs des villes
Gamin, je vivais à Montréal. La période d'été et surtout le mois de juillet était pour moi de grands moments de liberté. Ma routine quotidienne se bâtissait autour de la piscine publique, des jeux organisés par les moniteurs des terrains de jeux que je fréquentais et par les matchs de mon équipe de baseball pee-wee où j'agissais à titre de receveur et arrêt-court pour l'équipe d'Immaculée Conception, ma paroisse de l'époque. L'été de mes 11 ans fut mémorable puisque l'équipe avait remporté le championnat pee-wee du Québec. Imaginez, j'étais membre de l'équipe championne du Québec. Faut dire cependant que j'étais un simple réserviste dans cette équipe et que ma contribution à ce championnat s'était limitée à agir comme coureur suppléant dans un match sans importance en quart de finale dont l'issue était déjà scellée à la 5e manche. À l'époque, les matchs duraient sept manches et après cinq manches, le score était déjà 8 à 1. C'est là que je fus appelé à apporter ma contribution à l'équipe.
Outre les matchs de baseball, il y avait peu de choses à faire en ville comme je le racontais à mes cousines et cousins des Cantons-de- l'Est, mes amis et moi flânions et avions chaud puisque nous vivions dans de véritables ilots de chaleur sous des températures accablantes de plus de 90° Fahrenheit. Aujourd'hui, on dirait plutôt 32 degrés. Outre la piscine, nous nous rafraichissions avec des ballons gonflables remplis d'eau que nous faisions éclater près de nous.
Les magnifiques Cantons-de-l'Est
Il faut dire que nous avions aussi la chance dans ma famille de pouvoir aller en campagne visiter notre parenté dans les régions de Drummondville et dans les magnifiques Cantons-de-l'Est. Alors, les piscines publiques et les ballons d'eau étaient judicieusement remplacés par les lacs naturels. Quel plaisir avais-je comme jeune montréalais de pouvoir profiter des lacs et de la campagne des Cantons de l'Est pour me rafraichir et m'amuser? C'est à cette époque que j'ai appris les joies des bateaux avec moteur hors-bord, le mystère des petits dériveurs et la fascination qu'exerçaient sur mon univers d'enfant les feux de camp au crépuscule du jour.
Le camping, les lacs et les jeux avec des grenouilles et des couleuvres venaient remplacer mon univers peuplé de jeux organisés au terrain de jeux, de matchs de baseball et de randonnées en bicyclette dans l'univers déjà dangereux des rues de Montréal. Les Cantons-de-l'Est et ses paysages, la baie Boissoneau et nos baignades, les magnifiques espaces verts du quartier est de la ville de Sherbrooke, ou se trouve aujourd'hui les 12e et 13e avenues, étaient mes meilleurs compagnons pour vaincre la canicule. Il y avait aussi Pointe-Calumet.
Pointe-Calumet et l'autre vie
Les Cantons-de-l'Est c'était la famille du côté de ma mère. Il y avait aussi ma riche tante du côté de mon père qui avait un chalet à Pointe-Calumet qui a rythmé mes souvenirs de gamin de la canicule. C'était une autre vie. Une vie tout autre. Une vie qui donnait plus dans le formel et où la richesse était plus ostentatoire. Rien à voir avec la bonhommie et la modestie de ma vraie famille qui était celle du côté de ma mère. Une vie avec des déjeuners sur l'herbe, de la musique classique et chose rare pour l'époque du vin français servi dans de belles coupes de cristal.
À Pointe-Calumet, on marchait les fesses serrées. On s'habillait chic et on faisait attention pour ne pas salir nos beaux habits. C'était aussi un monde d'intrigues et de chuchotements. On y apprenait que le fils ou la fille de tel ou tel riche résident avait eu un ennui, un accident d'auto ou encore que des idylles inacceptables étaient nées le temps d'un vent d'été. Tiens, si vous avez lu l'excellent roman de la journaliste de Radio-Canada, Claudine Bourbonnais, Métis Beach, je vous dirais que mes souvenirs de Pointe-Calumet ressemblent beaucoup à ceux racontés dans Métis Beach. Dramatisation en moins.
Vive le farniente...
La Canicule est un beau moment de l'année. Il est propice aux souvenirs et de façon générale ces réminiscences sont de beaux moments à se souvenir. Pour moi, la canicule c'est le plaisir de voir ma parentèle dans des lieux différents de ma vie quotidienne. C'est aussi le moment des jeux grands et petits et de la prise de contact avec des mondes inconnus comme celui de Pointe-Calumet. La canicule c'est aussi formateur, car c'est propice à pressentir ce que nous préférons dans la vie. Pour moi, il est clair que je préférais la modestie et la franchise de la famille de ma mère aux intrigues de celle de mon père. Gamin, j'avais déjà choisi mon camp, je n'aimais pas les riches bourgeois et leurs histoires. Je préférais nettement la modestie ouvrière et l'ardeur au travail des gens ordinaires.
Aujourd'hui, la canicule est encore synonyme de plaisirs pour moi. Le golf a remplacé le baseball, mais je conserve toujours mes préférences pour les lacs et les montagnes des Cantons-de-l'Est et surtout, je profite de la canicule pour partager de bons repas et du bon vin avec les amis. En fait, la vie bonne triomphe toujours de la canicule...