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  CHRONIQUEURS / Deux mots à vous dire

Plus conservateur que ça...

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Le budget fédéral est tombé. Comme tombe une pluie désagréable. Celle qui fait qu'on sent un frisson jusqu'aux os.

Le rouleau compresseur des conservateurs avance lentement, rempli au maximum de sa capacité d'une doctrine qui s'appuie encore et toujours sur deux choses : l'entreprise privée pour tout réguler dans notre vie économique, et des valeurs morales d'une autre époque pour régenter nos vies quotidiennes.

Mais allons-y par étape . Les changements profonds aux programmes en formation de main-d'oeuvre sont directement en ligne avec la philosophie qui a voulu qu'on détruise systématiquement tous les efforts faits en recherche fondamentale. Je m'explique. On donne des subventions à l'entreprise pour qu'elle forme, de concert avec les institutions en place (le système d'est pas déterminé) la main d'oeuvre qu'elle juge avoir besoin. Tout comme on a dit que les budgets de recherche qui seraient dorénavant disponibles sont ceux reliés à la recherche appliquée. En clair, il s'agit de la recherche qui améliore des processus qu'on souhaite développer. Tout ça au détriment de la recherche fondamentale. Cette dernière peut paraître floue, mais, entre autres exemples, c'est cette recherche qui a fait qu'on a mis au point le laser. Celui-ci sert maintenant partout autour.

Ce qui nous a été annoncé la semaine dernière, c'est ni plus ni moins la philosophie conservatrice qui met sa grosse main sur la formation du personnel. Une juridiction qui n'est pas fédérale, mais ça, c'est le moindre des soucis de ce gouvernement qui impose une vérité en laquelle il croit fermement.

Et il y a pire.

Il y a toute cette façon d'évacuer les éléments de notre société qui appartiennent au bien commun. On préfère favoriser, en lieu et place, la réussite personnelle et la petite cellule familiale parfaite. Vous savez, celle qui n'aura pas à vivre avec le fait qu'un de ses enfants est homosexuel ou qu'une des filles doit se faire avorter. Pourquoi? Parce que dans un univers à la « papa a raison », de tels écarts ne surviennent pas, tout simplement! C'est le retour au début des années 1900...

Cette fois, c'est sur un élément de solidarité que les conservateurs attaquent. En coupant les réductions d'impôt accordées aux fonds de solidarité comme ceux de la FTQ et de la CSN, on vient sabrer des appuis économiques majeurs. Des appuis que les banques traditionnelles ne risqueront jamais. Leur quête de profits accumulés serait mise en cause, et ça, jamais!

Tout n'est peut-être pas parfait dans ces fonds de solidarité. Mais de là les mettre en péril, il y a une marge. Maxime Bernier, un des lieutenants de Harper au Québec, disait, sur son ton détaché habituel, que le gouvernement coupe les réductions d'impôt parce que c'est qu'il n'y a que 11 % du fonds (dans ce cas, celui de la FTQ) qui retourne directement aux entreprises. Ce qui n'est pas beaucoup, dit-il.

C'est ça, faire parler les chiffres. 11 %, ça veut que 89 % des sous ne vont pas aux entreprises. Je crois plutôt que la façon de voir ces chiffres doit être différente : d'abord, 11 %, sur presque 9 milliards de dollars, c'est 900 millions de dollars. Il s'agit d'un apport important qu'il me semble malsain de mettre en péril. Année après année, les Québécois acceptent une forme de risque dans la valeur attendue des fonds de solidarité, parce qu'ils savent que certains placements sont plus risqués et qu'ils servent à appuyer des entreprises en difficulté. L'incitatif, pour ne pas mettre en péril leurs économies pour la retraite? La déduction fiscale plus généreuse, entre autres, du gouvernement fédéral.

Ma lecture de tout ça, c'est que, tant sur le plan social qu'économique, il faut entrer dans le moule prescrit par le groupe de Stephen Harper pour espérer s'en sortir. Il faut adhérer aux valeurs sociales et familiales ultra conservatrices, d'un côté, et entrer dans le cadre prescrit par les banques et les grandes entreprises de l'autre.

Je me rappelle que le Fonds de solidarité est né de l'appui de Brian Mulroney, lui-même premier ministre conservateur à l'époque. C'était une époque, faut-il croire, où le mot solidarité ne répugnait pas systématiquement les gens au pouvoir.

Mais appelons un chat, un chat : Harper n'est pas un conservateur. C'est un réformiste (Reform party) déguisé en conservateur par opportunisme. Si son parti du temps était demeuré, il n'aurait jamais percé l'électorat. Il a pu le faire en prenant une identité autre. Une couverture idéale, en fait.

Je continue de craindre pour la suite des choses.

Clin d'oeil de la semaine

Plusieurs membres du Parti conservateur du Canada sont résolument contre l'avortement et l'homosexualité. Disons qu'ils réussissent, comme ils le disent, à sauver le bébé, mais que ce dernier est homosexuel. Le protégeront-ils encore?


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