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2023, nous y voilà !

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Daniel Nadeau Par Daniel Nadeau
Mercredi le 4 janvier 2023      

Que nous réserve la nouvelle année qui commence ? Ma foi, une suite de recommencements. Rien ne change, mais tout se transforme au gré des événements. De nombreux événements ont marqué la fin de l'année tant chez nous qu'à l'étranger. Il y a eu la COP 15 à Montréal qui s'est terminée sur un consensus fragile pour protéger les espèces menacées et le territoire de la petite planète que nous habitons. Il y a eu aussi la conclusion des audiences au Sénat américain sur l'invasion du Capitole du 6 janvier 2021 et ses recommandations de poursuivre l'ex-président Donald Trump. Plus près de nous, il y a eu cette rencontre au sommet entre Justin Trudeau et François Legault qui promettent des solutions pour très bientôt en matière de santé : faudrait voir... La colère du ministre Fitzgibbon à l'endroit d'un journaliste qui a fait un plat avec une donation généreuse du ministre à son université, les HEC. Il y a eu les budgets municipaux avec des hausses importantes d'impôt foncier pour permettre à nos villes de faire face à l'inflation. À Sherbrooke, nous nous en sommes mieux sortis que la plupart des grandes villes avec une hausse moyenne de 3 %. Bref, tous des sujets qui reviendront hanter l'actualité en 2023.

Comme première chronique de l'année, je veux m'attarder à Donald Trump et à l'invasion du Capitole. La question d'actualité est de savoir si le procureur général de la justice américaine, Merrick Garland, poursuivra ou non Donald Trump à la suite des recommandations de la Commission sénatoriale sur les événements du 6 janvier 2021. Une question qui marquera la politique américaine et le prochain rendez-vous électoral. Réflexions libres sur la justice américaine à l'ère des réseaux sociaux.

Trump coupable !

Sans surprise, le rapport de la Commission sénatoriale américaine sur les événements du 6 janvier conclut dans un rapport de plus de 800 pages que le principal artisan de ce « coup d'État manqué » est l'ex-président Donald Trump. Après avoir entendu des centaines de témoins, la Commission conclut que : « Donald Trump s'est engagé criminellement dans une "conspiration en plusieurs parties" pour annuler les résultats légaux de l'élection présidentielle de 2020 et n'a pas agi pour empêcher ses partisans d'attaquer le Capitole. En conséquence, la Commission recommande que des poursuites pénales soient lancées contre l'ancien président, pour appel à l'insurrection, complot contre l'État américain, entrave à une procédure officielle (de certification d'un scrutin présidentiel) et fausses déclarations. Ils ont aussi préconisé des réformes des lois électorales, des mesures fédérales contre les groupes extrémistes et la classification de la certification des élections présidentielles par le Congrès en tant "qu'évènement national à sécurité spéciale", comme le discours de l'état de l'Union, prononcé chaque année par le président des États-Unis. » Le rapport de la Commission du 6 janvier est d'avis que Trump a été la source de l'assaut du Capitol. Si le verdict des membres de la Commission était hautement prévisible, la décision que prendra pour la suite des choses le procureur général des États-Unis Merrick Garland reste un mystère pour le moment.

Poursuivre ou pas ?

Pour les fervents de la démocratie, la cause semble déjà entendue. Donald Trump s'est livré à une rocambolesque tentative de coup d'État menaçant même la vie de son vice-président, Mike Pence qui ne lui a pas pardonné ce geste si l'on en croit ses mémoires publiées à la fin de l'année 2022. D'ailleurs, cela sera normal si la classe politique américaine se range toute derrière ce rapport accablant, mais tel n'est pas le cas. Les conclusions de ce rapport sérieux sont soumises aux aléas des convictions partisanes soient républicaines soient démocrates. L'invasion du Capitole demeure un enjeu politique plutôt qu'un enjeu de justice. L'actuel procureur général Garland sera accusé de partialité politique s'il poursuit Trump et on ne manquera pas de rappeler que sa nomination à la Cour Suprême par l'ex-président Obama a été torpillée par les républicains. Pour se sortir de là, Merrick Garland a nommé un procureur spécial. Il n'empêche que la décision de poursuivre ou pas l'ex-président Trump demeure un enjeu de premier plan pour la politique américaine en 2023. Malgré les preuves irréfutables, je suis d'avis que poursuivre l'ex-président Trump demeure une fausse bonne idée pour un partisan de la démocratie libérale. Je m'explique.

Les crimes de Donald Trump

Ça ne prend pas beaucoup de perspicacité pour comprendre que Donald Trump est un individu qui ne respecte aucune règle qui ne lui permet pas de gagner. Son narcissisme, sa malhonnêteté et son manque de jugement ont été maintes fois démontrés par les médias et ont caractérisé tout son mandat à la présidence américaine. La question qui se pose concernant les événements du 6 janvier au Capitole ce n'est pas tant si Trump en a été à l'origine, ce qui a clairement été démontré par la Commission sénatoriale dans son rapport, mais comment il a pu être aussi incompétent dans sa mise en œuvre. On a beau évoquer la force des institutions américaines, mais Donald Trump en contrôlait les principaux paramètres et il a échoué dans son rôle de mauvais perdant. Aux yeux des observateurs politiques avertis de la politique américaine, la cause est entendue. Pourtant, faire la preuve devant une cour criminelle des méfaits de Trump ne serait pas une chose aisée. Il risque au pire de faire les manchettes, mais de sortir d'un tel procès innocenté, faute de preuves suffisantes, hors de tout doute raisonnable. Ce mauvais procès que certains démocrates veulent intenter contre Trump le mauvais perdant risque de servir de catalyseur à sa base électorale et de remobiliser une partie de l'électorat républicain qui l'a délaissé ces derniers mois. Du point de vue de la justice, il faut tenir un procès à Donald Trump même s'il s'en sortira indemne, mais du point de vue démocratique, ce n'est pas une bonne idée de tenir un procès. Comme on le dit, il ne faut jamais tirer sur une ambulance. C'est pourquoi je pense qu'il ne faut pas poursuivre Trump. Son procès devant l'histoire est entendu et on se souviendra de lui comme un mauvais perdant et un homme pour qui tous les moyens étaient bons pour arriver à ses fins.

Choisir la démocratie

Ne pas intenter de procès à Donald Trump c'est le meilleur choix pour la démocratie américaine. Le jeu de celle-ci risque de l'éliminer du jeu et c'est le seul sort qu'il mérite. Les défis qui se posent aux démocraties occidentales et aux États-Unis sont trop importants pour se laisser distraire par l'épiphénomène Trump. Ne pas s'occuper de ce personnage est la meilleure façon de célébrer le début de cette nouvelle année. 2023, nous y voilà !


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