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L’obsession de la santé

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Photo : Il ne se passe pas un jour sans que notre système de santé ne fasse l’objet de reportages dans nos médias.
Daniel Nadeau Par Daniel Nadeau
Mercredi le 25 octobre 2017      

Il ne se passe pas un jour sans que notre système de santé ne fasse l'objet de reportages dans nos médias. La santé est non seulement un sujet d'actualité, mais c'est le poste budgétaire qui pèse le plus dans les finances publiques québécoises. Avec le vieillissement de la population, la recherche, les technologies médicales et les traitements de toutes sortes d'affections du corps humain qui ne cessent de progresser, on peut se demander pourquoi nous n'avons pas une préoccupation plus importante pour la prévention et pour l'adoption de saines habitudes de vie.

Je suis moi-même un exemple de cette lucidité impuissante puisque je pourrais mieux m'alimenter et bouger plus afin de vaincre un surpoids qui ne peut que causer du tort à mon corps. C'est pourquoi nous devons saluer la prise de position la semaine dernière des présidents des clubs sportifs de la communauté sherbrookoise qui ont réclamé des candidats à l'élection de se prononcer en faveur de l'adoption d'un plan stratégique pour les sports. Réflexion autour de la santé et de la prévention.

Sommes-nous en bonne santé?

Selon la perception des Québécoises et des Québécois, nous sommes en bonne santé. « De 2000-2001 à 2009-2010, au Québec, la proportion de la population de 12 ans et plus se disant en bonne santé a très peu varié. Elle est d'environ 90 %. » De façon générale, les hommes se disent moins en santé que les femmes, 89,6 % pour les hommes contre 90,8 % pour les femmes.

Nonobstant nos perceptions, la situation sans être alarmante n'est pas aussi claire pour les professionnels de la santé. On doit s'inquiéter du fait qu'une proportion grandissante de la population souffre d'un surpoids, que le taux de tabagisme dans notre société est encore élevé et que la consommation de sucre et de sel est abondante. Il faut aussi être préoccupé par la recrudescence de la sédentarité et des coûts croissants des bons ingrédients pour se donner une bonne alimentation.

Certes, l'état de santé des Québécoises et des Québécois est plutôt bon, mais il est généralement admis que l'on pourrait faire plus en matière de prévention et de promotion de saines habitudes de vie. Il est évident que pratiquer une activité physique, mieux s'alimenter en évitant les plats avec beaucoup de sels et de sucre et manger moins de viande sont des outils privilégiés pour favoriser une meilleure santé de la population. C'est dans ce contexte qu'il faut accueillir avec enthousiasme le cri du cœur des présidentes et des présidents des clubs sportifs dans la présente campagne électorale.
Qu'en est-il de l'organisation sportive à Sherbrooke?

On rappelle d'abord que le sport organisé sherbrookois compte plus de 7500 membres dont 75 % sont dans la sphère de la participation. Ce n'est pas qu'au nom des activités de compétition que les clubs sportifs interviennent dans la campagne électorale sherbrookoise. Il est vrai qu'il faut aussi encourager les sports d'excellence et la compétition, car cela crée des modèles pour les jeunes et les moins jeunes et favorise d'autant la participation à des activités sportives.

D'autre part, il faut reconnaître que Sherbrooke est assez bien dotée en matière de plateaux sportifs de toute sorte. Le problème, s'il y en a un, c'est souvent le manque de coordination entre la ville, la commission scolaire et les clubs sportifs qui se traduit par une moins bonne utilisation de nos équipements. Par exemple, si l'on pouvait réussir à intégrer la pratique du hockey mineur dans les activités scolaires, tous s'en porteraient mieux. Cela n'est pas simple.

Avec nos espaces verts, nos sentiers pédestres, nos gymnases, nos arénas et nos parcs dotés de terrain de soccer, de patinoires, de piscines et de terrains de baseball et de football, nous sommes une ville permettant à sa population de pratiquer ses activités sportives préférées. Néanmoins, il y a beaucoup à faire encore en matière de mobilité durable, les pistes cyclables, le transport en commun notamment, avant de crier victoire. Quoi qu'il en soit, si l'on se regarde on peut bien se désoler, mais si l'on se compare on peut se rassurer. Sherbrooke n'a rien à envier aux villes de tailles comparables au Québec toutes choses étant égales par ailleurs.

Que veulent les clubs sportifs?

Néanmoins, on pourrait toujours faire mieux. C'est l'esprit dans lequel interviennent les présidentes et les présidents des clubs sportifs. Ils réclament ni plus ni moins un plan d'action stratégique en matière de soutien et de développement des activités sportives à Sherbrooke. Ils veulent aussi commencer par un État des lieux. Avoir un portrait clair de la situation avant d'agir semble une voie d'action raisonnable. Ainsi, on pourrait agir en toute connaissance de cause et faire en sorte que nos interventions soient à la fois judicieuses et à meilleur coût.

Les questions qui pourraient être ainsi posées, nous disent les signataires d'une lettre parue dans un quotidien local, « Quels sont les bons coups et les défis? Les clubs et organisations font tous face aux mêmes défis, le financement, la difficulté de recruter de bénévoles, les ressources humaines, la gouvernance et bien d'autres? Que peut faire la Ville pour nous aider? Quelles sont les meilleures pratiques dont nous pouvons nous inspirer? Comment peut-on faciliter l'accès aux installations sportives de la Ville et de ses partenaires afin qu'un plus grand nombre de Sherbrookois soient actifs? »

Armés de réponse à ces questions, les clubs sportifs souhaitent que le prochain conseil municipal convoque des Assises sur le sport et la pratique de l'activité physique à Sherbrooke. Ils veulent aussi dans le sillage de cet événement que la ville s'engage à se doter d'une nouvelle politique du sport et de l'activité physique et enfin que la ville se gouverne par la suite en conséquence en injectant les sommes nécessaires à la mise en œuvre de sa politique. Plein de bon sens que ces demandes des clubs sportifs.

Mettre ses bottines là où sont nos babines.

Pas un jour qui passe sans que l'on s'inquiète des coûts croissants de notre service de santé. On en parle tellement, cela occupe un tel espace médiatique qu'il y a des jours où l'on peut se demander si le Québec n'est pas devenu un gros hôpital dirigé par des médecins. Ce qui laisse bien peu de place dans nos discussions pour ce qui devrait être notre principale priorité : l'éducation de nos enfants et de nos petits-enfants, la qualité des services de garde et le soutien à nos jeunes diplômés à la sortie de leur formation pour leur assurer une bonne intégration dans notre monde.

Il est manifeste qu'il faut s'inquiéter de la recrudescence de la sédentarité, de l'obésité et de la malbouffe parmi la population. Les villes ne sont pas le gouvernement. Elles peuvent faire cependant leur petit bout de chemin. C'est manifestement une façon d'être près des gens, de jouer le rôle de gouvernement de proximité en favorisant parmi la population l'adoption de meilleures habitudes de vie et la pratique de l'activité physique. Une sacrée bonne idée que ces Assises sur le sport et l'activité physique pour Sherbrooke. J'ai déjà un président à vous proposer pour mener à bien les travaux de ce projet ambitieux, notre ancien maire de Sherbrooke, Jean Perrault. Si quelqu'un croit en cela c'est bien Jean Perrault et l'on pourrait demander à notre ancien ministre de la santé, le docteur Rejean Hébert de coprésider l'événement. Belle initiative mesdames, messieurs des clubs sportifs.

Il faut entendre ce cri de ralliement d'actions concrètes et lui répondre favorablement s'il est vrai que nous sommes vraiment habités par l'obsession de la santé...


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