On tient plusieurs choses
pour acquises. Petit, qu'on se le dise, « mon père était plus fort que le
vôtre ».
C'est dit.
Petit, aussi, sur le
terrain de la maison familiale, il y avait deux érables argentés qui étaient très
généreux dans le partage de leur feuillage une fois l'automne arrivé. J'aimais
bien faire des tas de feuilles, puis m'y coucher pour regarder les formes des
nuages dans le ciel.
Le fond du ciel bleu était
comme une toile qui délimitait ce qu'était l'espace. Dans ma tête, en tous les
cas. La nuit, sur cette toile devenue noire, venaient s'accrocher des points
brillants de formes connues.
Je tenais pour acquis que
l'espace, c'était ça.
Je sais maintenant que mon
cerveau ne me permet pas d'imaginer l'infini. « Oui, je sais que c'est
infini, mais à un moment donné, ça arrête, non? « Non ». « Ouin..."
La limite de ma perception me provoque des vertiges quand je la pousse trop
loin!
La recherche de sens
Au début des années '70,
couché dans les feuilles, j'essayais d'imaginer que quelqu'un avait marché sur
la Lune. Pas simple. J'avais l'image du Petit Prince qui semble toujours en
déséquilibre sur sa petite planète.
Pourtant, on avait marché
sur la Lune. On avait conquis la Lune.
Méchante habitude qu'on a de
poser le pied quelque part et d'y planter notre drapeau en disant :
« Ça, c'est à moi! ». Champlain et Cartier pourraient en témoigner...
Aujourd'hui, c'est Bezos,
Musk et autres supra richissimes terriens qui proposent des voyages dans
l'espace.
« Ils ont ben l'droit,
c'est leur argent! »
Ah, ça, des droits, on en
a!
Mais est-ce que tout ça a
un sens? Je veux dire qu'une personne puisse ainsi posséder un large
pourcentage de la richesse de la terre et en disposer à sa guise, ça a du sens?
Que Musk vienne influencer le cours de la Bourse à coups de Tweets sur ses
intentions, ça a du sens? Que le tourisme dans l'espace à coups de centaines de
millions de dollars sans se soucier de payer sa juste part d'impôts pour
favoriser la collectivité, ça a du sens? Polluer l'atmosphère pendant que notre
planète étouffe et recrache ses trop-pleins de cochonneries à coups de
catastrophes « naturelles » qui se succèdent de plus en plus
rapidement, ça a du sens?
Personnellement, je trouve
que non. Vous pouvez bien penser le contraire cela dit.
David St-Jacques
Je n'ai jamais rêvé d'aller
dans l'espace. C'est comme ça.
J'ai porté une attention
particulière aux propos de David St-Jacques qui recevait un doctorat
honorifique de l'Université de Sherbrooke.
« C'est important pour
moi de leur parler (aux jeunes), parce que le savoir, tu ne peux pas garder ça
pour toi. Il faut absolument le partager, sinon il perd son sens. »
Et il va plus loin :
« une chose qu'on devrait faire sur la Terre comme on fait dans l'espace,
c'est de rendre la vie comme elle est dans la station spatiale internationale :
internationale. On est avec des gens de différentes cultures et ce qui empêche
les conflits culturels c'est qu'on a un but commun lors de notre mission, en
plus du fait qu'on est interdépendant. Ces deux éléments-là sont nécessaires au
cheminement de l'Être humain pour qu'il devienne, un jour, une seule société
humaine. »
C'est quoi "le but
commun" de nos sociétés dites avantagées? J'entends Louis-Jean Cormier
chanter : « on joue au solitaire, tout le monde en même temps ».
Chacun dans sa bulle, on prétend être un collectif. On pourrait le prouver? Pas
sûr!
Puis, je repense à Musk,
Bezos et ces gens-là. Et je me dis qu'ils ont certes travaillé fort pour
arriver où ils sont. Mais ce serait malhonnête de ne pas admettre qu'une immense
part de chance et d'opportunisme a soufflé dans la grande voile de leur navire.
Comme pour les
connaissances acquises décrites par St-Jacques, la richesse, c'est un privilège
à notre disposition. Si on ne les partage pas, ça perd son sens.
Clin d'œil de la semaine
« T'es dans la Lune,
François! »
« ....grrrr... J'étais bien,
là! »