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Rabibocher le Québec, le défi de Legault

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Daniel Nadeau Par Daniel Nadeau
Mercredi le 7 décembre 2022      

La semaine dernière, nous avons assisté à la reprise des travaux parlementaires à la suite de la dernière élection. Mercredi, le premier ministre Legault a livré le discours d'ouverture des travaux de la 43e législature de notre histoire. Un discours d'ouverture marqué par une ribambelle de priorités où toutes les cases ont été cochées, mais qui dénote une certaine confusion dans les orientations du présent gouvernement. Certes, on y retrouve ses principaux engagements de la dernière campagne électorale ainsi que la rhétorique caquiste habituelle, mais on a du mal à retrouver une ligne directrice si ce n'est l'idée de continuer et celle de redonner la fierté et la prospérité au Québec. Commentaires sur une feuille de route chargée d'un gouvernement qui doit aujourd'hui plus que jamais se concentrer sur les résultats.

Le réseau de la santé est brisé

Nous sommes plusieurs à ressentir du respect et de la sympathie pour le député de La Prairie et ministre de la Santé, monsieur Christian Dubé. On lui reconnaît de grandes valeurs de gestionnaires. Son amour des chiffres et des cibles accroît sa crédibilité à nous convaincre qu'il sait ce qu'il fait concernant les choix qu'il nous propose pour réparer le système de santé qui est brisé. La tâche qu'il a de le remettre sur des rails est tout simplement herculéenne. Notre système de santé est à ce point dysfonctionnel qu'il est difficile d'entrevoir un jour la lumière au bout du tunnel. Les urgences sont surpeuplées, les listes d'attentes sont plus longues que jamais, le personnel est épuisé et démotivé et les gens ne parviennent plus à avoir un médecin de famille. Une situation catastrophique qui s'envenime avec la résurgence cet automne de multiples virus respiratoires dont un variant de la COVID-19. Les enfants sont plus touchés que jamais par un nouveau virus respiratoire. Le diable est aux vaches...

Devant ce triste constat, le ministre Christian Dubé a son plan et met en place des actions qui semblent aller dans le bon sens. Le problème majeur de ce ministre et du gouvernement c'est que toutes les solutions mises en place ne donneront pas de résultats assez significatifs à court terme pour calmer le jeu des oppositions qui se feront un plaisir d'attaquer sans relâche le gouvernement en matière de santé. Nous l'avons vu cette dernière semaine lors des périodes de questions. Le lustre du ministre Christian Dubé est atteint. Il n'est pas un magicien ni son premier ministre, et il est incapable du bout de sa baguette magique de faire apparaître du personnel médical qui viendra résorber la grave crise de pénurie de main-d'œuvre. À ce rythme, je crains que l'on ne fasse qu'amplifier la crise de confiance dans le réseau de la santé. Ce dont nous avons le plus besoin pour réparer notre système de santé c'est de la bienveillance les uns envers les autres. Il faut à mon sens que les oppositions cessent de se faire du bénéfice politique sur cet enjeu à court terme. La vérité c'est que personne ne serait capable de faire mieux que le ministre actuel de la santé. Voilà un dossier qui a besoin de cohésion sociale au Québec. À quoi ça sert de s'acharner à décrier cette situation sur une base quotidienne si cela a comme conséquence de diminuer le niveau de confiance de la population envers la capacité à trouver des solutions. Il faut donner du temps au temps.

Le réseau de l'éducation

Un autre réseau est mis à mal ces jours-ci. Notre système d'éducation à trois vitesses est surchargé de cas difficiles dans les classes qui bouffent l'oxygène de tous et l'énergie du corps enseignant est lui aussi en piètre état. Un parc immobilier désuet avec des écoles que l'on rénove au mieux, mais cela aussi prend du temps. À défaut de s'attaquer aux véritables enjeux de notre système d'éducation, on s'intéresse à des indicateurs sur la qualité de l'air dans les classes. Le nouveau ministre de l'Éducation, le député de Lévis, Bernard Drainville, vieux routier des médias, a bien compris la chose en mettant beaucoup de ses énergies pour faire le point sur la situation de la qualité de l'air dans nos écoles. Il a agi en prévention pour éviter de se retrouver comme son prédécesseur, le ministre Jean-François Roberge, crucifié sur la place publique avec des indicateurs de CO2 comme arme. Je ne sais pas ce que nous réserve Bernard Drainville comme plan d'action en éducation, mais j'espère qu'il va s'attaquer aux véritables problèmes que sont la pénurie de personnel et d'enseignants, le dysfonctionnement des classes à cause du nombre élevé de cas particuliers et la vétusté des infrastructures.

L'inflation

La population fait face à un taux d'inflation jamais vu depuis des décennies. Le panier d'épicerie s'en ressent et de nombreuses familles ont de la difficulté à joindre les deux bouts. Quoi qu'en dise le chef du parti conservateur à Ottawa, Pierre Poilievre, l'inflation n'est pas une invention du premier ministre du Canada et chef du Parti libéral, Justin Trudeau. Le gouvernement Legault a promis d'agir en ce domaine lors de la dernière élection avec son bouclier anti-inflation. Ces prochains jours, des chèques entre 400 $ et 600 $ seront postés aux contribuables en fonction de leur revenu. De plus, le gouvernement entend geler les tarifs de l'État à 3 % pour les prochaines années. Pour le co-leader de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois, qui s'est reconverti en champion de la remise de l'argent dans le portefeuille de la classe moyenne, ce qui constitue un virage notable eu égard au discours de ce parti durant la dernière campagne électorale. Cela n'est pas suffisant, car il propose le gel du prix des loyers, l'augmentation du salaire minimum et la diminution des taxes à la consommation sur certains produits. Un discours populiste qui va trouver des oreilles attentives. Le gouvernement Legault ne pourra pas faire de miracles. Cela risque d'être un hiver long et difficile.

Les changements climatiques

Sur la question des changements climatiques, le défi le plus important de tout le discours d'ouverture du premier ministre Legault, les Québécois auront droit à de nouvelles avancées qui risquent à mon sens d'être plus porteuses de changements que les discours habituels catastrophistes et qui ne font que nourrir de l'anxiété chez les plus jeunes d'entre nous. Premièrement, on parle de ce sujet plus globalement en le liant à la transition énergétique incontournable et au développement d'une économie durable. Ce discours est porteur à mon sens. Il devrait donner des résultats tangibles et permettre à la population d'accompagner le gouvernement dans des actions qui mèneront fatalement à des changements importants dans nos modes de vie. À commencer par notre façon d'utiliser et de consommer l'énergie ou de nous déplacer si on finit par doter le Québec de véritables infrastructures en matière de transport collectif.

Je comprends que les écologistes et les radicaux de la lutte aux changements climatiques n'aiment pas entendre le premier ministre Legault rappeler que le Québec est l'endroit où les émissions de GES sont les plus basses en Amérique du Nord. Meilleurs que les Canadiens et meilleurs que les Américains. Je sais que ces pays sont avec la Chine, l'Inde et le Brésil, les cancres de la classe, mais il n'en demeure pas moins que c'est une vérité. Il m'apparaît là aussi qu'il y a un enjeu d'aborder ce sujet avec intelligence et équilibre plutôt que d'emprunter les voies d'un discours apocalyptique qui a pour effet de rendre les gens plus anxieux.

Le défi de Legault

Un deuxième mandat n'est jamais facile pour un gouvernement, quel qu'il soit. En plus, Legault s'est donné le défi d'arrêter le déclin de la langue française. Comme il le dit, on verra ! Une chose certaine, le deuxième mandat de monsieur Legault sera marqué par les enjeux de la transition énergétique et de la langue, mais surtout par ses résultats ou non à réparer nos systèmes de santé et d'éducation. Ce gouvernement doit affronter la tâche la moins populaire de toutes : rafistoler le Québec qui est victime de nos incuries et de nos inactions depuis si longtemps. Qui aurait dit un jour que nous en serions rendus là : Rabibocher le Québec comme principal défi d'un gouvernement...


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