Les
choses changent. Évoluent. Je sais bien.
La
génération d'aujourd'hui veut toujours faire différemment que celle qui
précède. C'est comme ça aujourd'hui. C'était comme ça hier et avant-hier!
Une
série d'incidents me laissent perplexe depuis plusieurs mois.
Des
milliers de rendez-vous chez le médecin ne sont pas honorés. Pas par le
médecin, mais bien par les patients! On prend un rendez-vous, mais une fois le
moment venu, on fait autre chose. On se dit, bof, c'est pas si grave!
Même
chose chez les restaurateurs. Quiconque a travaillé en restauration sait très
bien que les ressources humaines et matérielles sont déployées en fonction du
nombre de réservations enregistrées. Quand quelqu'un ne se présente pas pour
honorer sa réservation, il prive le restaurateur de sa matière première, les
acheteurs de repas.
Le même bof
se fait entendre, bien installé dans les habitudes. « Pas grave, ils
refileront la table à quelqu'un d'autre, c'est tout! » Ben oui, parce qu'il
y a toujours d'autres clients qui attendent là, sagement, que des réservations
s'annulent!
Les
salons de coiffure vivent la même situation. Et probablement bien d'autres
secteurs qui fonctionnent avec une dynamique de rendez-vous.
Le bof. L'affaire d'une
génération?
Je
dirais que c'est l'affaire d'une époque bien plus que d'une génération.
L'affaire
avec les générations, c'est que les jeunes s'en prennent aux vieux et
vice-versa.
Pas
d'avance!
Ce qui
demeure, à la fin? Le fait que notre époque est bâtie autour d'un mot :
moi.
Trois
lettres qui changent tout.
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Depuis
des décennies, il y a eu assez d'ouvrages écrits sur l'importance du moi
pour remplir plusieurs pièces d'une maison! Des livres sur le moi,
sur le lâcher prise, sur ce qui tracasse mon moi, sur la recherche de
mon moi intérieur, sur le fait que le moi intérieur doit être
reflété par mon moi extérieur et combien d'autres!
Le moi
a beau vanter sa singularité, ses tentacules sont pluriels!
Un moi
devenu si important qu'il devient condescendant au point de dire bof
quand un engagement n'est pas honoré
Le rythme et le bof.
Il y a
plusieurs années, lors d'un séjour au Mali, un homme de là-bas me taquinait
avec le fait que je marchais vite pour passer d'un point A à un point B. Que
j'avais toujours l'air pressé. Il me disait : « tu vois, chez vous,
vous avez l'heure. Chez nous, on a le temps! » Tout ça avec un grand rire
heureux!
Je veux
bien convenir que notre société va vite. Très. Trop...
Mais je
dirais aussi de notre société qu'elle est organisée. Et qui dit organisation,
dit interaction entre les gens. Et pour que ces interactions fonctionnent, il
faut pouvoir se fixer des moments précis dans le temps. Et les respecter
ensuite.
Pour moi,
ce n'est pas une question de génération, de jeunes ou de vieux. C'est une
question d'engagement les uns envers les autres.
J'entendais
cette semaine un reportage sur le phénomène des retards en classe. Des retards
chroniques. Entre 5 et 30 minutes! Des parents qui viennent reconduire les
enfants sans justifier quoi que ce soit.
Et
l'enfant voit ce manège. Et il comprend que la ponctualité et l'assiduité sont
des concepts qui se contournent sans justification, au nom de l'importance du moi
omniprésent.
L'école
instruit, les parents éduquent.
Comprendre
la valeur d'un engagement envers une structure interactive comme l'école ne
relève pas de l'instruction, mais de l'éducation.
Clin
d'oeil de la semaine
« La
nouvelle génération est tellement poche! »
Je
ne sais bien pas qui a élevé ces jeunes-là...