Par Julie Roy, archiviste-coordonnatrice aux Archives
nationales à Sherbrooke
Que de vieux films, cassettes, disquettes et bandes
magnétiques traînent à la maison, sans possibilité de révéler ce qu'ils contiennent! En effet, la vétusté
des appareils technologiques rend souvent impossible la lecture de ces supports.
Que de trésors perdus, souvenirs de famille, voyages dans une époque révolue
qui rappellent à tous la fugacité du temps qui passe! Ces précieux moments,
emprisonnés dans un boîtier, méritent pourtant qu'on en prenne soin.
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Heureusement, BAnQ dispose d'un laboratoire d'archéologie
numérique qui rassemble une collection de vieux appareils de lecture. La
constitution de cette collection, comme l'entretien et la réparation des
appareils, représentent tout un défi car, avec le temps, les appareils
encombrants sont envoyés à la casse par leur propriétaire, devenant une rareté
sur le marché de la revente, y compris pour les pièces indispensables à leur
réparation. Comme quoi les déchets des uns font le bonheur des autres!
Lorsque BAnQ acquiert des documents sur des supports « inintelligibles »,
elle les envoie au laboratoire afin d'en extraire les informations. Ces
opérations d'extraction et de numérisation permettent de rendre en langage
clair l'information qui était jusqu'alors invisible à l'œil nu. Par la suite, un
processus d'évaluation se solde par une décision : selon son importance
historique, le document sera détruit ou préservé.
Une fois qu'ils sont numérisés et qu'une décision a été prise
concernant leur conservation, si le droit d'auteur et autres considérations
d'accès le permettent, les documents sont rendus accessibles au public sur BAnQ
numérique.
Voici des films de familles numérisés issus des fonds
d'archives conservés aux Archives nationales à Sherbrooke.
Fonds Famille Poulin
Arrivée de J. Aimé Poulin et
son épouse Irène Leblanc en visite chez Albert Poulin, 1 film 16 mm d'Albert
Poulin, 1950. Archives nationales à Sherbrooke, fonds Famille
Poulin (P7,
S2, SS1, D22, P2).
La famille
Poulin est connue à Sherbrooke pour ses deux éminents architectes,
Joseph Aimé
Poulin (1889-1952) et son fils
Albert (1915-1999). Si la production architecturale de ces derniers a été
acquise par les Archives nationales dans les années 1980, les documents
personnels de cette famille n'ont été offerts à BAnQ que dernièrement.
Parmi les journaux intimes, les albums photos, les dessins
et la correspondance familiale ajoutés au fonds d'archives se trouvent également
17 films 16 mm d'une qualité inaccoutumée, réalisés par Albert Poulin. Les
films, noir et blanc ou couleur, toujours muets, représentent tous les moments
forts d'une famille québécoise des années 1940-1950 : les baptêmes,
mariages et sépultures, le temps des Fêtes, les séjours au chalet du
Petit-Lac-Magog, les voyages touristiques, etc. Les films témoignent aussi de
la vie au quotidien : les soins aux bébés, les jeux et occupations des enfants,
l'entretien du potager, le délassement dans la cour arrière, le chat familial, les
domiciles des rues Prospect et Argyll, les visites entre membres de la famille,
etc.
André Poulain et la poudre
Johnson, 1 film 16 mm d'Albert Poulin, [1949]. Archives nationales à Sherbrooke, fonds Famille
Poulin (P7,
S2, SS1, D22, P1).
Quelques films se distinguent en raison de thèmes hors du
commun: cérémonie de l'Année sainte de 1950 avec Maurice Duplessis, alors premier
ministre du Québec; jamboree scout de 1953; visites à l'abbaye de Saint-Benoît-du-Lac
(notamment des scènes d'emballage du fromage, de jardinage, de promenades dans
les vergers); visites de Mgr Alfred Lanctôt, évêque en Tanzanie et beau-frère
d'Albert Poulin.
Inspection des badges lors d'un
jamboree scout, 1 film 16 mm d'Albert Poulin, 1953.
Archives nationales à Sherbrooke, fonds Famille Poulin (P7,
S2, SS1, D1, P1).
Un moine de l'abbaye
Saint-Benoît-du-Lac, 1 film 16 mm d'Albert Poulin, [1953]. Archives nationales
à Sherbrooke, fonds Famille Poulin (P7,
S2, SS1, D22, P7).
Jardinage à l'abbaye de
Saint-Benoît-du-Lac, 1 film 16 mm d'Albert Poulin, [1953]. Archives nationales
à Sherbrooke, fonds Famille Poulin (P7,
S2, SS1, D22, P7).
La majorité de ces films peuvent être vus sur BAnQ
numérique. Quelques-uns peuvent être regardés uniquement sur un
poste spécifique dans un des édifices de BAnQ.
Fonds Émile Gosselin
La famille Gosselin : Blandine
(née Savoie), Émile, Danielle et la petite Monique, 1 film 16 mm, Noël
1947. Archives nationales à Sherbrooke, fonds Émile Gosselin (P1004,
S1, P6).
Émile
Gosselin était un homme d'affaires bien connu dans le milieu de
l'hôtellerie et du tourisme jusqu'à son décès en 1976. En effet, M. Gosselin était
propriétaire de l'hôtel King George de Sherbrooke depuis 1944. Il a également
occupé les postes de président de l'Association des hôteliers des Cantons de
l'Est et de directeur de l'Association touristique des Cantons de l'Est.
Le fonds d'archives contient 13 films amateurs,
principalement de sa vie familiale, lesquels mettent en vedette ses filles,
Danielle et Monique, lors de leurs anniversaires, premières communions ou activités
de guides. Quelques scènes se distinguent de par leurs sujets, comme des images
captées à l'hôtel ou des parades militaires.
Émile Gosselin devant
l'Hôtel King George à Sherbrooke, 1 film 16 mm, 1947.
Archives nationales à
Sherbrooke, fonds Émile Gosselin (P1004,
S1, P6).
Parade militaire sur la rue
Dufferin à Sherbrooke, 1 film 16 mm d'Émile Gosselin, vers 1940. Archives
nationales à Sherbrooke, fonds Émile Gosselin (P1004,
S1, P1).
Camp de guides de Sherbrooke,
1 film 16 mm d'Émile Gosselin, vers 1955. Archives nationales à Sherbrooke,
fonds Émile Gosselin (P1004, S1, P10).
Tous les films peuvent être vus sur BAnQ
numérique, à l'exception de Réception
baptême Danielle Gosselin, qui
peut être regardé uniquement sur un poste spécifique dans un des édifices de
BAnQ.
Fonds Jean-Paul Falardeau
Ski au mont Sutton, 1 film 8 mm
de Jean-Paul Falardeau, vers 1963. Archives
nationales à Sherbrooke, fonds Jean-Paul Falardeau (P55, P9038).
Jean-Paul
Falardeau (1933-1999), originaire de Saint-Méthode-de-Frontenac,
est contremaître en excavation. Il a travaillé sur plusieurs gros chantiers
routiers des années 1960-1970 : autoroute Décarie, autoroute des
Cantons-de-l'Est, Expo 67, Manic 5, pipeline transcanadien, etc. À partir des
années 1980, il est représentant des ventes pour Esso à Granby, puis il s'installe
à Brigham et devient propriétaire des Services Sanitaires Deslandes.
Son fonds d'archives contient 14 films 8 mm qu'il a produits
Ces films amateurs témoignent de la vie familiale des Falardeau entre 1960 et
1976. On y trouve les événements familiaux avec la parenté (Noël, jour de l'An,
mariages et noces, baptêmes, anniversaires), de même que des scènes de vie au
quotidien plus intimistes (pique-nique, soins et jeux des enfants, partie de
sucre ou période des foins à la ferme de Saint-Méthode, ski à Sutton ou à Orford,
voyages à Magog et à Thetford Mines, etc.).
Mais celle qui vole la vedette est la magnifique madame
Falardeau, née Colette Mailloux, originaire de Bromont. D'une élégance
implacable, elle affiche un style et une démarche qui ravissent les yeux, tel
que le démontrent les extraits suivants.
Colette Mailloux, 1 film 8 mm
de Jean-Paul Falardeau, Noël 1962. Archives
nationales à Sherbrooke, fonds Jean-Paul Falardeau (P55, P9034).
Colette Mailloux, marraine de
Marc Mailloux, 1 film 8 mm de Jean-Paul
Falardeau, décembre 1962. Archives nationales à Sherbrooke, fonds Jean-Paul
Falardeau (P55, P9034).
Colette Mailloux, 1 film 8 mm
de Jean-Paul Falardeau, 31 décembre 1964.
Archives nationales à Sherbrooke, fonds Jean-Paul Falardeau (P55, P9032).
Tous ces films peuvent être vus sur BAnQ
numérique.
Que retenir des films de famille ?
Certains diront que les films de famille se ressemblent
tous, avec la captation des mêmes sujets : baptêmes, mariages, sépultures,
souvenirs des Fêtes, vacances d'été à Old Orchard ou chez les grands-parents, sorties
au parc ou à la cabane à sucre. Pris individuellement, les films de famille pointent les
moments forts d'un noyau familial, tout comme les moments simples du
quotidien : à travers eux, on souhaite conserver des souvenirs de nos
proches, leurs airs, leurs démarches et leurs mimiques. Pris dans leur ensemble, les films de famille témoignent des
traditions et des rites d'une communauté. Ils retracent les codes sociaux d'une
société, dévoilent ses croyances et résument les fondements d'une collectivité.
C'est en raison de ces deux approches que les films de
famille dévoilent leur richesse.
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