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Notre histoire en archives : Les animaux de compagnie sous la lentille


Par Chloé Ouellet-Riendeau, agente de bureau aux Archives nationales à Sherbrooke
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Archives nationales à Sherbrooke Par Archives nationales à Sherbrooke
archives.sherbrooke@banq.qc.ca
Jeudi le 9 mars 2023      

L'art de la photographie n'a jamais été aussi accessible grâce aux téléphones cellulaires, qui sont munis d'appareils photo de plus en plus performants. Aujourd'hui, il est possible de capturer tout moment ou tout sujet par un simple clic. On peut également saisir autant d'images que l'on souhaite afin d'obtenir le cliché parfait. Dans ce contexte, on peut comprendre comment nos animaux domestiques deviennent les vedettes de nos photos. Il faut avouer qu'il est difficile de ne pas sourire devant l'image d'un chat qui dort en petite boule ou d'un chien fier de rapporter la balle!

La photographie n'a pas toujours été aussi répandue. Et encore moins celle des animaux domestiques!

Les premiers photographes devaient détenir une gamme de connaissances techniques en plus de maîtriser divers matériaux et procédés chimiques afin de produire une photographie. Cette forme d'art a donc longtemps été réservée à ces « peintres de la lumière » itinérants et à leur clientèle aisée. Avant 1850, la plupart des familles n'ont pas les moyens de payer un portrait d'eux-mêmes, encore moins celui d'un animal. Bien qu'il existe des portraits d'animaux datant des débuts de la photographie, ils sont rares, et sont plutôt le résultat d'expérimentations des photographes que de demandes provenant de leur clientèle.

Avancées technologiques et foisonnement des studios de photographie

Une image contenant texte, vieux, d'époque, noirDescription générée automatiquement

Portrait en studio de trois enfants et un chien, probablement naturalisé, dans un décor, vers 1890. Archives nationales à Sherbrooke, fonds Famille Lippé (P39, S10, D1). Photo : Stanislas Belle, coin des rues Sainte-Catherine et Saint-André, Montréal.   

À partir de la deuxième moitié du XIXe siècle, certains photographes s'installent dans des studios de manière permanente. Ces lieux permettent aux familles d'être mises en scène dans des décors de leur choix. Dès lors, les animaux de compagnie commencent à pointer leurs museaux dans les photos de familles, même si cela demeure un phénomène marginal.

À cette époque, l'équipement encombrant, l'imperfection des lentilles et les basses vitesses d'exposition limitent les possibilités de photographier des scènes en mouvement. En effet, produire une photographie nécessite une longue exposition d'un sujet immobile, d'où l'expression « garder la pose ». Par exemple, le premier procédé photographique accessible au public, le daguerréotype, requiert qu'une personne soit exposée de 3 à 15 minutes pour fixer son image sur une plaque métallique. Puisqu'il est difficile pour un animal - et même pour une personne - de rester complètement immobile pendant tout ce temps, ces premiers procédés photographiques ne conviennent pas aux animaux de compagnie. D'ailleurs, certaines familles vont plutôt immortaliser leur animal après son décès. L'animal naturalisé ne peut faire de mouvements pouvant rendre la photographie floue.

Une image contenant personne, chienDescription générée automatiquement

Portrait en studio du fils de madame Neilson, photographié avec un teckel, 1951. Archives nationales à Sherbrooke, fonds Studio Boudrias (P21, S1, D5740). Photo : Jean-Paul Boudrias.

Au tournant du XXe siècle, le processus photographique connaît de grandes améliorations en ce qui a trait aux aspects optiques, chimiques et pratiques. Par exemple, le procédé du collodion humide -par lequel le photographe devait recouvrir la plaque de l'émulsion, l'exposer et la développer avant qu'elle sèche et qu'elle perde de sa sensibilité - est remplacé par la plaque sèche à gélatine. Le photographe n'a donc plus besoin de préparer son matériel sur place et peut le préserver plus facilement grâce à sa plus grande stabilité.

Des changements majeurs sont également observés dans les temps d'exposition nécessaires pour fixer une image, ce qui popularise la réalisation de portraits. Les gens - ou les animaux de compagnie - n'ont plus besoin de rester immobiles pendant de longues minutes pour qu'on puisse en saisir un portrait clair. Grâce à ces avancées, il est même possible de prendre des clichés de qualité d'animaux en mouvement. 

Par ailleurs, la simplification des procédés et de l'équipement utilisé rend la photographie progressivement plus abordable. À titre d'exemple, en 1843, le photographe itinérant E. F. Bucknam annonce dans les journaux son arrivée à Sherbrooke. Celui-ci offre des daguerréotypes miniatures pour la somme de 3 $ à 10 $, ce qui équivaut à entre 100 $ et 300 $ actuellement. Un siècle plus tard, soit en 1959, le Studio Boudrias à Sherbrooke offre des photographies à 1 $ chacune, ce qui équivaut à 10 $ aujourd'hui.

Les animaux domestiques dans l'œil du photographe amateur

Une image contenant banc, assis, extérieur, en boisDescription générée automatiquement

Georges Darche, âgé de deux ans, et son compagnon à quatre pattes sur une galerie, 1959. Archives nationales à Sherbrooke, fonds Jacques Darche (P5, S1, SS3, D4, P214). Photo : Jacques Darche.

En 1888, George Eastman invente l'appareil photo à main, le Kodak. Ainsi, la photographie n'est plus la seule affaire de professionnels manœuvrant un équipement lourd et complexe. Tout le monde peut s'enorgueillir d'être un photographe amateur grâce à cet appareil, et à d'autres modèles qui le suivront. Le développement de la pellicule demeure entre les mains de l'entreprise, d'où son slogan : « Vous appuyez sur le bouton, nous faisons le reste. » Les différentes versions de l'appareil Brownie sont abordables et donc fort populaires auprès des familles. D'autres compagnies vont tout de même faire compétition à Kodak, notamment Polaroid, qui inaugure un peu plus tard le développement instantané des clichés.

Avec cette prolifération d'appareils destinés au grand public, les animaux domestiques, qui sont partie prenante de la vie familiale, deviennent nécessairement des sujets bien-aimés. Voici quelques beaux spécimens pris à différentes époques :

Un jeune garçon et son chien prêts à profiter des joies de l'hiver, [193-?]. Archives nationales à Sherbrooke, fonds Sylvio Lacharité (P3). Photographe non identifié.

Une image contenant herbe, extérieur, arbre, fauteuilDescription générée automatiquement

Une jeune femme allongée sur une chaise au soleil donne à manger à un épagneul, [194-?]. Archives nationales à Sherbrooke, fonds des familles Lafleur, Charbonneau, Hallé et Beaudry (P1003, S5, D3). Photographe non identifié.

 

Une image contenant texte, personneDescription générée automatiquement

Les enfants Darche, Christine, Georges et Anne, donnent le bain à leur chien, dans la « calvette » (le ponceau) située à proximité de leur demeure de la rue King Ouest à Sherbrooke. Le système de douche, des plus ingénieux, permet autant aux enfants qu'à Miki de se rafraîchir, juillet ou août 1964. Archives nationales à Sherbrooke, fonds Jacques Darche (P5, S2, SS2, D150). Photo : Jacques Darche.

Depuis leur arrivée dans les foyers, les animaux de compagnie sont appréciés pour les rôles qu'ils peuvent jouer dans la vie familiale. Alors que ces derniers sont ancrés dans notre quotidien, nos appareils photo sont de plus en plus souvent dirigés vers eux. Ils font partie de la famille, après tout!

Si ces quelques photos n'ont pas réussi à combler votre besoin quotidien de mignonnerie, il y en a heureusement d'autres par ici :

https://www.flickr.com/photos/banq/albums/72157691424687130

 

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Les Archives nationales à Sherbrooke sont situées au

225, rue Frontenac, bureau 401

819 820-3010, poste 6330

archives.sherbrooke@banq.qc.ca

Sources

Animal History Museum. « Part of the Family : Pet Photos Through History », The Dodo, https://www.thedodo.com/part-of-the-family-capturing-t-883540275.html (consulté le 1er décembre 2022)

BENNETT, Paul. « Les animaux domestiques aussi ont une histoire », Le Devoir, https://www.ledevoir.com/lire/402587/les-animaux-domestiques-aussi-ont-une-histoire (consulté le 1er décembre 2022)

KOVACS, Arpad. « A Brief History of Animals in Photography », Getty, https://blogs.getty.edu/iris/a-brief-history-of-animals-in-photography/ (consulté le 1er décembre 2022)

PFLUGHBETT, JAMIE. « The History of Pet Photography », Beautiful Beasties: A Creative Guide to Modern Pet Photgraphy, Wiley, 2012, 352 p.

ROBINSON, Jody. « Early Photography in the Townships », Townships Sun, vol. 49, no. 5, février 2002, p. 11.



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