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Notre histoire en archives : le manège militaire de la rue Belvédère à Sherbrooke


Par: Hugo St-Pierre, stagiaire aux Archives nationales à Sherbrooke
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Archives nationales à Sherbrooke Par Archives nationales à Sherbrooke
archives.sherbrooke@banq.qc.ca
Jeudi le 4 mai 2023      

 

A large brick buildingDescription automatically generated with low confidence

Manège militaire (Armoury), [après 1907]. Archives nationales à Sherbrooke, collection Freeman Clowery (P14, S71, P108). Photographe non identifié. 

Le mois passé, nous avons présenté la riche histoire du manège militaire de la rue William, à Sherbrooke. Ce mois-ci, nous continuons sur cette lancée en abordant l'histoire du manège de la rue Belvédère Sud, toujours à Sherbrooke.  

Un nouveau bâtiment

Le manège militaire est construit sur la rue Belvédère Sud en 1908, à l'emplacement d'une ancienne briqueterie.

L'imposante structure en briques rouges, qui comporte des tours majestueuses imitant celles d'un château médiéval européen, n'est pas typique de l'architecture civile du XXe siècle. Elle est plutôt tributaire du souhait du gouvernement canadien de fournir des installations de qualité pour l'entraînement des milices volontaires. En effet, à cette époque, le gouvernement fédéral procède déjà à la construction de nombreux manèges militaires semblables dans des régions stratégiques du pays.

Le manège militaire accueillera plusieurs régiments, notamment le 54e Régiment, qui donnera au lieu une vitalité bien canadienne-française, par opposition à son équivalent anglophone de la rue William. 

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La naissance tardive d'un régiment francophone

Pendant le XIXe siècle, les troupes basées à Sherbrooke sont de langue anglaise : le Sherbrooke Battalion of Infantry, le 53rd Melbourne Battalion of Infantry, le 54th Sherbrooke Battalion of Infantry, le 53rd Sherbrooke Battalion, etc. L'industrialisation progressive de la ville et l'augmentation de son potentiel manufacturier mènent à une hausse de la population ouvrière, majoritairement canadienne-française. En 1910, afin de répondre à la demande de plusieurs francophones, et pour faire en sorte que l'organisation militaire locale reflète davantage la société qu'elle défend, on fonde le 54e Régiment, entièrement composé de Canadiens français. Le nom actuel, les Fusiliers de Sherbrooke, est adopté en 1933.

Au départ, le 54e Régiment loge au Monument National de la rue Académie (aujourd'hui la rue Ozias-Leduc). Cette décision vient du fait que le manège militaire de la rue Belvédère est déjà occupé par plusieurs régiments anglophones, notamment le 53rd Regiment; de plus, le Monument National est déjà le lieu de rassemblement principal des associations canadiennes-françaises de la ville. Il apparaît donc logique que le régiment francophone intègre le bâtiment.

Assez rapidement, cependant, le Monument National ne suffit plus à répondre aux besoins des soldats, dont les rangs ne cessent de grossir. Les membres du 54e Régiment n'ont d'autre choix que de s'installer avec leurs compatriotes anglophones sur la rue Belvédère Sud. Ils cohabiteront pendant deux ans; mais, une fois de plus, le manque d'espace devient criant. Dans ce contexte, le 53rd Regiment quitte le manège de la rue Belvédère Sud pour s'installer dans l'ancien palais de justice de la rue William, fraîchement rénové. Ce transfert est complété en 1913. À partir de ce moment, le manège militaire de la rue Belvédère Sud devient la base officielle du régiment francophone.

 

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Pierre Lacharité devant le manège militaire, rue Belvédère Sud, [après 1907]. Archives nationales à Sherbrooke, fonds Sylvio Lacharité (P3). Photographe non identifié. Photo: Sears & Goldburgh.

 

Entraînements militaires

Le déménagement du 53rd Regiment permet au corps militaire du 54e d'investir pleinement le lieu et de procéder aux entraînements militaires. Ainsi, le manège de la rue Belvédère Sud sera très actif tout au long du XXe siècle, en raison des nombreux conflits mondiaux. Durant la guerre froide, par exemple, il est fréquent de voir les miliciens des Fusiliers simuler l'évacuation de civils blessés, à l'aide de cordes et d'échelles; on surnomme cet entraînement « Snakes and Ladders » (serpents et échelles), comme le jeu de société populaire. C'est que, à partir de 1956, les forces de réserve se sont vu confier la mission de la « survie nationale », qui consiste à défendre et à secourir les civils en cas d'attaque. 

En 1963, le manège militaire devient également la base de l'Escadron des transmissions. À la suite de sa fusion, en 2013, avec le 713e Régiment des communications, basé à Beauport, l'escadron prend le nom de 35e Régiment des transmissions.

 

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Exercice de sauvetage au manège militaire de la rue Belvédère Sud, [6 août 1964]. Archives nationales à Sherbrooke, fonds Jacques Darche (P5, S2, SS2, D153, P14). Photo : Jacques Darche.

 

Manège militaire Colonel Gaétan-Côté

À l'occasion du centenaire du bâtiment, en 2008, les Fusiliers renomment celui-ci « manège militaire Colonel Gaétan-Côté », en l'honneur de cet homme qui a connu une carrière exceptionnelle. Lors du débarquement de Normandie, le colonel Gaétan Côté a fait preuve d'une grande bravoure. Il a ensuite dirigé avec succès la construction d'oléoducs, de ponts et de pistes d'atterrissage au fil de l'avancée des Alliés en Europe. Ingénieur de formation, il s'est impliqué dans la fondation de la Faculté des sciences de l'Université de Sherbrooke, et a participé à la construction d'hôpitaux et d'écoles en Afrique, au Proche-Orient et en Amérique du Sud. L'Université de Sherbrooke lui a remis un doctorat honorifique en sciences appliquées afin de souligner ses nombreuses réalisations. 

Patrimoine en danger

Au fil des ans, l'édifice a fait l'objet de plusieurs rénovations et travaux d'entretien. La vétusté des lieux a toutefois entraîné la fermeture du manège en 2021. Au mois de décembre 2022, l'annonce de sa préservation par le gouvernement fédéral a été particulièrement rassurante pour la population, mais aussi pour le groupe de pression Sauvons le manège, qui lutte pour la préservation des deux manèges militaires de Sherbrooke.

 

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225, rue Frontenac, bureau 401

819 820-3010, poste 6330

archives.sherbrooke@banq.qc.ca

 

Autres sources :

 

BERGER, Anick, « Les manèges militaires de Sherbrooke seront préservés », TVA Nouvelles, 2 décembre 2022 (consulté le 26 janvier 2023).  

BESSETTE, Gérard, L'histoire judiciaire du district St-François : Sherbrooke, s. l., 1987, 354 p. 

BOUCHARD, Marie-Christine, « Le manège militaire William condamné », La Tribune, 12 juin 2021 (consulté le 26 janvier 2023). 

Culture et Communications Québec, « Manège militaire Sherbrooke Hussars », Répertoire du patrimoine culturel du Québec (consulté le 26 janvier 2023). 

Gouvernement du Canada, « 35e Régiment des transmissions », 16 février 2021 (consulté le 26 février 2023). 

KESTEMAN, Jean-Pierre, Guide historique du Vieux Sherbrooke, Sherbrooke, Société d'histoire de Sherbrooke, 2001, 271 p.  

KESTEMAN, Jean-Pierre, Histoire de Sherbrooke, tome 2 : De l'âge de la vapeur à l'âge de l'électricité (1867-1896), Sherbrooke, Productions G.G.C., 2002, 280 p. 

KESTEMAN, Jean-Pierre, Histoire de Sherbrooke, tome 3 : La ville de l'électricité et du tramway (1897-1929), Sherbrooke, Productions G.G.C., 2002, 292 p. 

LITALIEN, Michel, Les Fusiliers de Sherbrooke, 1910-2010 - L'épopée d'une institution des Cantons-de-l'Est, Sherbrooke, Productions G.G.C., 2010, 819 p. 


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