Mis à part les plus
jeunes d'entre nous, qui ne se souvient pas des fameuses cabines
photographiques? Il n'y a pas si longtemps, il était possible d'en repérer dans
de nombreux centres commerciaux du Québec. Aussi nommées « photomatons »,
ces machines à portraits sont constituées d'une cabine, d'un siège où
s'installe la personne qui désire se faire photographier et d'un appareil qui
prend, développe et tire automatiquement les photographies.
Les premières
tentatives liées à la cabine photographique remontent aux années 1880, mais le
modèle que nous connaissons a été perfectionné à New York en 1925 par Anatol
Josepho. Le modèle qu'il invente alors est totalement automatique et produit
une image positive sur papier, éliminant d'un seul coup la nécessité du négatif
et d'un opérateur. En 1926, Josepho ouvre son studio Photomaton, qui connaît un
succès immédiat. À une époque où la photographie est surtout l'affaire de
professionnels, l'automatisation rend la pratique plus accessible et abordable.
Au départ, on obtient une lisière de 4 portraits pour la modique somme de 25
sous.
En peu de temps, la
cabine photographique est adoptée un peu partout dans le monde. Même au milieu
de la crise économique des années 1930, le photomaton continue de gagner en
popularité. L'engouement atteint un nouveau sommet à partir des années 1950,
alors que la famille Grostern introduit les cabines photographiques au Canada
en les installant dans les magasins Woolworth du pays. Cette famille pave ainsi
le chemin à l'entrée des photomatons dans le quotidien des Canadiens, qui
peuvent les utiliser entre autres au cinéma, au centre commercial et, un peu
plus tard, dans les stations de métro.
Dans les années 1970,
les cabines produisant des photos en couleur font leur apparition sur le
marché. Vingt ans plus tard, le numérique commence tranquillement à supplanter
les cabines argentiques : le mécanisme se numérise et il est assisté par
ordinateur. Aujourd'hui, au Québec, il est plutôt rare de croiser une cabine
photographique, et celles qui sont toujours en opération sont numériques. Mais
puisqu'il est possible d'en louer, elles ont encore la cote dans les événements
tels que les mariages.
Le photomaton a un
côté utilitaire, puisque le format des photos produites est idéal pour les
pièces d'identité ou encore les passeports. Par ailleurs, bien que la cabine
soit conçue pour un seul sujet à la fois, il est beaucoup plus amusant de
partager l'unique siège avec ses amis afin de saisir des moments loufoques, ou
encore avec sa douce moitié pour immortaliser un moment romantique sans sentir
le regard d'un photographe. Derrière le rideau, les convenances du portrait
professionnel laissent place à une certaine liberté.
L'analyse des photos
produites par les machines argentiques peut être captivante si l'on s'intéresse
au quotidien des gens d'une période précise. Ce type d'images permet de suivre,
par exemple, les tendances vestimentaires ou les coiffures à la mode. Contrairement
à une photographie professionnelle, où le sujet est arrangé ou mis en scène, le
photomaton révèle son sujet tel qu'il est. On peut facilement s'imaginer une
personne qui s'arrête à une machine entre deux emplettes, puis une autre qui souhaite
tout simplement tuer le temps avant que la représentation d'un film commence.
Le dossier de la
famille Bédard-Boucher du fonds Jacques Darche contient plusieurs autres photos
du même genre où les sujets se prêtent au jeu du photomaton.
Sources
:
BLOCH, Mark
(2012). Behind the Curtain: A History of
the Photobooth [site Web]. Consulté le 3 février
2021. http://www.panmodern.com/photobooth.htm
CHAMPAGNE, Stéphane (31 janvier 2012). « L'adieu au
photomaton », La Presse [site Web].
Consulté le 3 février 2021. https://www.lapresse.ca/vivre/societe/201201/31/01-4491013-ladieu-au-photomaton.php
FLETCHER,
Kenneth R. (septembre 2008). « Four for a Quarter », Smithsonian Magazine [site Web]. Consulté le 3 février 2021.
https://www.smithsonianmag.com/arts-culture/four-for-a-quarter-7651349/
FOLIE-BOIVIN, Émilie (29 mai 2015). « Les boîtes à souvenirs
», Le Devoir [site Web]. Consulté le
3 février 2021. https://www.ledevoir.com/opinion/chroniques/441297/les-boites-a-souvenirs
Le Monde (9 juin 2011). « Le Photomaton, un intime absolu »,
Le Monde [site Web]. Consulté le 3
février 2021.
https://www.lemonde.fr/livres/article/2011/06/09/raynal-pellicer-le-photomaton-un-intime-absolu_1533859_3260.html
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