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  CHRONIQUEURS / Vivement l'histoire

Notre histoire en archives – Une nouvelle vocation pour des édifices religieux


Par Gregory Savioz-Buck, stagiaire aux Archives nationales à Sherbrooke
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Archives nationales à Sherbrooke Par Archives nationales à Sherbrooke
archives.sherbrooke@banq.qc.ca
Jeudi le 6 octobre 2022      

Au Québec, les communautés religieuses ont longtemps eu la responsabilité, voire le contrôle, d'importantes sphères d'activité, notamment l'éducation et la santé. Jusqu'au xxe siècle, de nombreux bâtiments sont érigés par ces communautés, toutes dénominations confondues, afin d'accueillir leurs ouailles. À partir de l'après-guerre, la société québécoise entre dans un processus de laïcisation. Graduellement, le rôle des communautés religieuses se limite davantage à l'encadrement de la vie religieuse. Même si le nombre de clochers continue d'augmenter dans la première moitié du xxe siècle, plusieurs édifices, dont les hôpitaux et les écoles, doivent être rénovés et adaptés aux changements. Par la suite, le nombre de fidèles diminue progressivement, ce qui mène aux fermetures d'églises auxquelles on assiste actuellement. Alors que certains bâtiments sont détruits, d'autres se voient offrir une seconde vie. C'est le cas des édifices que nous vous présentons ici.

Hôpital Saint-Vincent-de-Paul de Sherbrooke

Une image contenant bâtiment, extérieur, ciel, blancDescription générée automatiquementL'hôpital Saint-Vincent-de-Paul de Sherbrooke, où logent actuellement les résidents du CHSLD Saint-Vincent, vers 1945. Archives nationales du Québec à Sherbrooke, fonds Chambre de commerce de Sherbrooke (P1, S6, SS10, D1, P18). Photo : Roméo Duford.

Au début du xxe siècle, l'essor de la population sherbrookoise crée une pression importante sur l'Hospice du Sacré-Cœur, qui n'arrive plus à soigner convenablement tous ses patients. C'est pourquoi l'Hôpital Saint-Vincent-de-Paul ouvre ses portes le 29 mars 1909. Les Sœurs de la Charité de Saint-Hyacinthe sont responsables de l'Hospice et du nouvel hôpital général. Dès son ouverture, l'hôpital Saint-Vincent-de-Paul offre la chirurgie ainsi que le traitement des maladies infantiles, oculaires, bactériologiques et urinaires. Puis, deux autres départements voient le jour, soit la radiologie et la radiothérapie, respectivement en 1910 et 1925.

La bonne réputation de l'hôpital lui permet de s'associer avec les universités de Montréal et Laval en 1954 et 1956. Grâce à cette affiliation, les internes peuvent poursuivre leur formation dans les couloirs de l'hôpital sherbrookois. Malgré sa renommée, le coût pour moderniser les équipements et la compétition avec l'Hôtel-Dieu de Sherbrooke poussent la communauté religieuse responsable à vendre l'établissement à un groupe laïc pour la somme symbolique d'un dollar. Les seules conditions de vente sont de payer les dettes et le passif de l'hôpital.

Grâce à sa vente et au paiement de sa dette, l'établissement médical peut poursuivre ses activités et voit même son personnel doubler. De ce fait, les locaux de l'hôpital laissés vacants par le départ des Sœurs de la Charité de Saint-Hyacinthe sont réaménagés, voire agrandis. Malgré cette modernisation, l'établissement du 300, rue King Est, sera plus tard transformé. Il accueille depuis le CHSLD Saint-Vincent. Le bâtiment conserve donc une vocation similaire à la mission d'origine des Sœurs de la Charité malgré leur départ. 

 

Église Sainte-Thérèse d'Avila de Sherbrooke 

Une image contenant bâtiment, extérieur, noir, blancDescription générée automatiquementL'église Sainte-Thérèse d'Avila, dans laquelle on trouve actuellement le restaurant OMG, entre 1952 et 1957. Archives nationales du Québec à Sherbrooke, fonds Denis Tremblay (P11, S3, SS2, D7). Photographe: non identifié.

Entre 1911 et 1921, la ville de Sherbrooke est en plein essor, passant de 22 424 à 32 154 habitants. En parallèle, le nombre de fidèles catholiques augmente également, d'où la création d'une nouvelle paroisse et l'érection de l'église Sainte-Thérèse-d'Avila en 1922. Celle-ci est la proie des flammes en 1938, mais est aussitôt rénovée. En 1952, l'église est reconstruite selon les plans de l'architecte Denis Tremblay.  

Faute de fidèles et parce qu'elle a besoin de nombreuses réparations, l'église Sainte-Thérèse-d'Avila ferme après la dernière messe, le 24 juin 2001. Dès lors, le lieu de culte est vendu et réaménagé afin d'accueillir une cuisine et une salle à manger. En 2004, le restaurant l'Olive Bleue ouvre ses portes à ses premiers clients. Puis, en 2013, le restaurant OMG (Oh My God), un clin d'œil à l'atmosphère bénie du lieu, reprend les fourneaux de l'ancienne église Sainte-Thérèse-d'Avila.

 

Église Sainte-Marguerite de Magog 

Une image contenant ciel, bâtiment, extérieur, tourDescription générée automatiquement

L'église Sainte-Marguerite de Magog, qui accueille aujourd'hui la bibliothèque municipale, 1964. Archives nationales du Québec à Sherbrooke, fonds Jacques Darche (P5, S2, SS2, D170). Photo : Jacques Darche.

Depuis sa fondation, l'essor démographique de Magog suit le rythme du développement industriel. Notamment, l'installation de la Dominion Textile (alors la Magog Textile and Print Company) en 1883 contribue à l'augmentation de la population. En 1949-1950, l'église Sainte-Marguerite de Magog est érigée afin d'accueillir ces nombreuses familles ouvrières. Celle-ci remplace le lieu de culte temporaire en bois construit en 1921.

Lors de son cinquantenaire, les fenêtres, les portes et le clocher de l'église sont réparés. Toutefois, en 2007, la diminution du nombre de fidèles ainsi que le manque de revenus pour continuer les réparations mènent à la fermeture du lieu. L'année suivante, l'église est vendue à la Ville de Magog qui lui donne une nouvelle vocation, celle de bibliothèque municipale, à partir de 2011. 

 

 Église Plymouth-Trinity de Sherbrooke

Une image contenant arbre, extérieur, maison, bâtimentDescription générée automatiquementÉglise Plymouth-Trinity de Sherbrooke, vers 1958. Archives nationales du Québec à Sherbrooke, fonds Denis Tremblay (P11, S1, SS6, D4). Photographe: non identifié.

L'église Plymouth-Trinity de Sherbrooke est construite en 1851 afin de répondre à l'augmentation du nombre de familles congrégationalistes, qui passe de 20 à 805 entre 1852 et 1861. En 1925, les méthodistes, les congrégationalistes et une partie des presbytériens du Canada s'unissent pour former l'Église Unie du Canada. Dès lors, le temple situé au coin des rues Dufferin et de Montréal est renommé Plymouth-Trinity United.

Le sort de l'église Plymouth-Trinity de Sherbrooke pourrait changer dans les prochaines années. Les élus du conseil municipal ont comme objectif de transformer cette dernière en cinémathèque. Selon ICI Radio-Canada Estrie, un nouveau bâtiment serait construit derrière l'édifice actuel afin de faire place à 15 résidences d'artistes, un studio de tournage, des locaux de création et un lieu de diffusion. On espère que ce bâtiment de style néoclassique signé par l'architecte Wilhelm Footner trouvera une nouvelle mission qui lui assurera de conserver sa place dans la ville aux nombreux clochers. 

Plusieurs bâtiments québécois, aux caractéristiques architecturales et aux vocations premières fort variées, ont réussi à adopter une seconde mission. D'autres, peut-être par manque de promoteur, ont été détruits ou le seront. C'est le cas de l'église Saint-Joseph de Granby, démolie en 2017, et de l'église Saint-James de Compton qui passera peut-être prochainement sous les pics démolisseurs. La désacralisation de lieux de culte ne peut malheureusement sauver tous les clochers. Toutefois, la région des Cantons-de-l'Est peut s'enorgueillir de ses projets de transformations exemplaires qui respectent les valeurs patrimoniales des bâtiments tout en répondant aux besoins contemporains de la population locale.

Ces archives vous intéressent? Prenez rendez-vous avec nous :

 

Les Archives nationales à Sherbrooke sont situées au

225, rue Frontenac, bureau 401

819 820-3010, poste 6330

archives.sherbrooke@banq.qc.ca

Sources

« Autorisation de Québec : Formation d'une nouvelle corporation à l'hôpital St-Vincent de Paul », La Tribune, 22 septembre 1965, p. 3.

BLANCHETTE, Guy, « L'hôpital universitaire ne devra pas exister au détriment des autres hôpitaux », La Tribune, 5 janvier 1967, p. 2.

BOMBARDIER, David, « Sainte Thérèse d'Avila aide Danville avant de s'effacer », La Tribune, 28 juin 2001, p. A3.

Centre Monseigneur Racine, « Hôpital Saint-Vincent-de-Paul (Sherbrooke) », Exposition virtuelle, https://expo2.archivesmgrracine.org/fr/soin/soeurs-de-la-charite-de-saint-hyacinthe/contributions/hopital-saint-vincent-de-paul-sherbrooke (consulté le 6 mars 2022).

DESHAIES, Thomas, « Un village de création à venir dans l'église Plymouth-Trinity de Sherbrooke? », Radio-Canada, 1er février 2022.

https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1859037/batiment-patrimonial-sherbrooke-hub-creatif-art-culture (consulté le 23 septembre 2022).

« Historique », La Tribune extra, 16 mars 1985, p. 2-3.

Université de Sherbrooke, « Population de Sherbrooke et ses arrondissements, 1818-2013 », Patrimoine espace web, http://patrimoine.espaceweb.usherbrooke.ca/fr/statistiques/habitants.php (consulté le 3 mars 2022). 



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