Le désir d'échapper à la
routine est loin d'être un phénomène contemporain. Depuis les débuts de son
histoire, la région des Cantons-de-l'Est répond à ce besoin en mettant à profit
ses paysages et ses attraits naturels propices aux activités de plein air. En
été, la randonnée pédestre ou à vélo et, en hiver, la raquette et le ski font
partie des activités coutumières des habitants de la région et attirent les
gens de l'extérieur depuis le début du 20e siècle. Et que dire des
couleurs à couper le souffle qui illuminent les paysages en automne? Le charme
pittoresque de la région enchante une foule de curieux chaque année.
En ce mois de janvier, la
neige et les grands froids de l'hiver se sont confortablement installés chez
nous et resteront encore quelque temps. On se fera un plaisir de profiter de
cette saison toute de blanc vêtue, mais... on peut aussi s'offrir une escapade hors
du quotidien hivernal et une petite dose de chaleur grâce à quelques
photographies estivales!
Mettez de côté vos
manteaux, vos tuques et vos mitaines, car aujourd'hui nous vous proposons d'explorer
un classique des étés québécois où s'entremêlent le parfum du barbecue, les
effluves de crème solaire et l'odeur du lac : les plages des Cantons-de-l'Est.
Plongez avec nous dans ces archives et profitez-en pour planifier vos vacances
dans le sud... du Québec!
Danielle
Gosselin au centre, et deux jeunes garçons inconnus assis sur un quai au Petit Lac
Magog [vers 1945]. Archives nationales du Québec à Sherbrooke, fonds Émile
Gosselin (P1004, S2, P2). Photographe
non identifié.
Au
tournant du 20e siècle, certaines localités en bordure des lacs
Memphrémagog et Massawippi deviennent des lieux de villégiature importants.
C'est le cas de Magog, de North Hatley, de Georgeville et d'Ayer's Cliff. Les
berges du lac Brome, du Petit Lac Magog et du lac Mégantic connaîtront le même
engouement un peu plus tard. De riches familles montréalaises et américaines s'y
font construire de vastes domaines où elles séjournent durant la période
estivale. D'autres profitent des grands hôtels nouvellement érigés. Les familles
des environs, dont la famille Gosselin (et sa petite Danielle qui apparaît sur
la photo), visitent également ces petits paradis d'été.
Vue
sur le lac Brompton où un pêcheur fume la pipe, tandis que trois jeunes femmes
discutent sur le quai [vers 1925]. Archives nationales du Québec à Sherbrooke,
fonds Studio Boudrias (P21, S6, D300207).
Photographe non identifié.
À
la même période, les lacs et les rivières des Cantons-de-l'Est sont également visités
par des touristes sportifs. Grâce à l'étendue croissante du réseau de voies
ferrées, les adeptes de pêche découvrent de nouveaux points d'eau où les
poissons abondent, comme le lac Brompton. C'est l'occasion pour eux de
construire des camps de fortune ou de louer des chalets. Nous sommes encore
très loin de la réglementation et des quotas de pêche! Croyez-vous que ce
pêcheur connaissait les rumeurs selon lesquelles un monstre marin habite ce lac
aux eaux opaques?
Joseph
Lippé (en haut), Marius Blais (au centre) et un ami inconnu s'amusent à la
plage de Piopolis, dans la région du Granit. En arrière-plan, quelques
personnes préfèrent rester au quai afin de profiter de l'ombre [vers 1935]. Archives
nationales du Québec à Sherbrooke, fonds Famille Lippé (P39, S7SS1,
D18). Photographe non identifié.
L'histoire
de Piopolis, petit village pittoresque situé entre le lac Mégantic et les
montagnes appalachiennes, commence en 1871. Un groupe de 14 zouaves canadiens reçoit
alors des lots de défrichement sur le bord du lac Mégantic afin d'y bâtir une
nouvelle localité. Avec ses attraits naturels, la municipalité offre une plage
à la vue époustouflante.
Au
bord du lac Mégantic, les sœurs Andrée et Françoise Lippé et leur belle-sœur
Claire Guertin prennent une pose comique avec une chambre à air (1937).
Archives nationales du Québec à Sherbrooke, fonds Famille Lippé (P39, S7SS1,
D18). Photographe non identifié.
La
région de Lac-Mégantic regorge de plages sablonneuses; il est donc difficile
d'identifier l'endroit visité par ces trois jeunes femmes. Il pourrait s'agir
de la plage de Baie-des-Sables, qui fait le bonheur des familles à la recherche
de soleil et de fraîcheur depuis plus de 100 ans, ou encore de la plage du lac
aux Araignées (n'ayez crainte : son nom fait référence à la forme du lac
et non à la présence de bestioles!).
Des amateurs de baignade
profitent de la plage du parc Lucien-Blanchard, à Sherbrooke (août 1965).
Archives nationales du Québec à Sherbrooke, fonds Jacques Darche (P5, S2, SS2,
D376, P10). Photographe : Jacques Darche.
Vers 1963, le parc de la
paroisse Saint-Esprit est renommé en l'honneur de son fondateur, l'abbé Lucien
Blanchard. Une partie des travaux d'aménagement du parc et de sa plage ont été
exécutés par les paroissiens, qui ont ainsi créé une oasis récréative en plein
cœur de la ville de Sherbrooke, sur la berge de la rivière Magog. Les amateurs
de baignade n'ont donc plus à se déplacer loin de la ville pour se rafraîchir.
En revanche, ce petit garçon nous laisse dubitatifs quant à la température de
l'eau!
Nous
espérons que cette brève aventure sur les plages ensoleillées des
Cantons-de-l'Est a su vous charmer. Ce ne sont que quelques endroits parmi tant
d'autres qui valent tout autant le détour. Si vous souhaitez découvrir plus de
lieux de villégiature en attendant de pouvoir les visiter cet été, les archives
vous attendent!
Sources :
AUGER,
Christian, « À la recherche du pittoresque dans l'Estrie », Cap-aux-Diamants,
no 22, printemps 1993, p. 59-62.
CARDIN,
Gaston et Michel LESSARD, « Les sentiers de la villégiature », Cap-aux- Diamants, no 33,
printemps 1992, p. 10-14.
ROBIN,
Renaud, « Un charmant paradis d'été de l'aristocratie sherbrookoise. Le Petit
lac Magog de 1892 à 1917 », Revue
d'études des Cantons de l'Est, automne 2004, no 25, p. 79-127.
SAMSON,
Marcel, « La route des villégiateurs », Continuité, no 40,
été 1998, p. 12-15.
Société d'histoire de Sherbrooke
(dir.), Quelques parcs historiques de Sherbrooke, Sherbrooke, Société
d'histoire de Sherbrooke, 2009, 53 p.
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