Jamais je n'aurais imaginé voir mon pays, le Canada, être
accusé de sympathie avec le régime nazi. Cette accusation est fondée sur une
erreur de jugement du président de la Chambre des communes, Anthony Rota, qui a
invité un commettant de son comté et qu'il a fait acclamer par les députés de
la Chambre des communes en présence du président de la République d'Ukraine,
Volodymir Zelensky. Quelle honte Canada !
On peut bien saluer la décision tardive du président Rota de
démissionner, s'interroger sur l'utilisation ultra-partisane de l'événement par
le prétendant Poilievre, mais cela n'efface pas la honte et l'inculture du
Canada en matière d'histoire et de politique étrangère. Poilievre plutôt que
d'exagérer les faits à la façon trumpienne devrait, s'il veut prétendre devenir
notre premier ministre, nous dire ce qu'il ferait lui en matière de politique
étrangère. Que nous propose-t-il comme politique de rupture avec une politique
étrangère qui s'appuie sur les diasporas ? À ma connaissance, Poilievre et son
parti courtisent, tout comme les libéraux, les diasporas présentes au Canada
dans le cadre de son idéologie multiculturaliste. L'enfer c'est les autres
comme le disait Sartre, mais en matière de politique étrangère l'enfer ce sont
les diasporas.
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L'acclamation d'un nazi à la Chambre
des communes
On peut bien évoquer l'inculture canadienne en matière
d'histoire européenne, mais il faut admettre que les événements qui se sont
déroulés en Europe à l'époque de la Seconde Guerre mondiale étaient tout sauf
simples. D'abord, rappelons que l'histoire pour la comprendre commence bien
avant la Seconde Guerre mondiale. Il faut rappeler l'héritage de l'empire austro-hongrois
dont la Galicie faisait partie jusqu'en 1918. C'est la domination de l'empire austro-hongrois
jusqu'en 1918, relayé par la Pologne jusqu'en 1939 qui fonde les premières
manifestations du développement du nationalisme ukrainien. En 1922, l'Ukraine
est intégrée à l'URSS. Des mouvements nationalistes se créent dans la
clandestinité. L'arrivée de l'armée hitlérienne a été vue par les nationalistes
ukrainiens comme une circonstance favorable à l'expansion du nationalisme
ukrainien. L'arrivée des
Allemands est accueillie, par eux, comme un retour à l'ancien régime, plus
favorable aux aspirations nationales ukrainiennes, par opposition à l'attitude
des « grand-russes » refusant de reconnaître les spécificités de l'Ukraine. C'est là
que prend racine de l'acclamation du ressortissant ukrainien Yaroslav Hunka, un
ancien combattant âgé de 98 ans. Citoyen de la circonscription du
président libéral, Anthony Rota, a été chaudement ovationné par les élus et les
sénateurs du Parlement canadien à l'invitation du président de la Chambre et
cela en présence du président Zelensky. Une gaffe monumentale.
Personne parmi l'assistance n'a sourcillé lorsqu'il fut le temps
d'acclamer l'ancien nazi Ukrainien. Ce que les gens ont retenu alors c'est
qu'il avait combattu la Russie en défendant les couleurs de l'Ukraine. Personne
ne se rappelait alors que la Russie combattait avec les alliés contre
l'Allemagne hitlérienne. Il faut dire qu'il y avait eu changement d'allégeance
de la Russie au cours de ce conflit qui au début était du côté allemand. On
peut bien pointer l'inculture historique canadienne, mais l'histoire dans ce
cas est tout sauf simple à comprendre. Expliquer la cause de l'erreur du
président Rota ne change en rien à la honte que nous pouvons ressentir devant cet
événement et plus encore n'efface pas les dommages immenses à la réputation du
Canada sur la scène internationale et sur les effets dans la vie de notre ami
Zelensky en pleine guerre contre la machine à propagande russe. La vraie cause
de tout cela c'est chez nous qu'il faut la trouver. C'est l'influence démesurée
des diasporas sur la politique étrangère canadienne.
Les diasporas et la politique étrangère
canadienne
Le Canada a une politique étrangère active et
engagée, qui met l'accent sur la diplomatie, la paix, les droits de l'homme, le
développement international et le multilatéralisme. Les diasporas canadiennes,
constituées de personnes originaires de différents pays et vivants au Canada,
jouent un rôle dans la politique étrangère du Canada de plusieurs manières. Sur
le plan culturel, les diasporas contribuent à la diplomatie culturelle en
favorisant la compréhension et les échanges entre le Canada et leurs pays d'origine.
Elles servent de ponts entre les cultures et favorisent un dialogue ouvert et
constructif.
En matière commerciale, les communautés de
diasporas peuvent faciliter le commerce et les investissements entre le Canada
et leurs pays d'origine en créant des réseaux d'affaires et en offrant des
connaissances locales. Quand on pense aide au développement, il faut
reconnaître que les membres des diasporas sont souvent engagés dans des
initiatives de développement dans leurs pays d'origine, que ce soit par des
transferts de fonds, des projets de développement communautaire, ou d'autres
formes de soutien.
Les diasporas sont aussi très actives en lobby
auprès de la classe politique canadienne. Les diasporas peuvent influencer la
politique étrangère canadienne en plaidant pour des causes qui leur tiennent à
cœur, notamment par rapport à des questions de droits de l'homme, de conflits, et
de développement dans leurs pays d'origine.
En fait, les diasporas sont au cœur de la politique
canadienne en vertu de sa politique favorable au multiculturalisme. Il est
clair que chez nous la diversité des diasporas au Canada reflète et renforce
les valeurs canadiennes de multiculturalisme et d'inclusion. Cela contribue à
façonner une politique étrangère qui valorise la diversité et cherche à
promouvoir ces valeurs à l'échelle internationale.
Cela s'appuie notamment sur le fait simple que les diasporas
peuvent contribuer à renforcer les relations bilatérales entre le Canada et
leurs pays d'origine. De plus, elles peuvent jouer un rôle dans les
organisations multilatérales en favorisant la coopération et le dialogue entre
différents pays et les différentes cultures. Par conséquent, elles favorisent
aussi les relations avec de nombreux pays. Elles facilitent entre autres les
échanges éducatifs et scientifiques entre le Canada et d'autres pays,
contribuant ainsi à l'avancement des connaissances et à la collaboration
internationale. Enfin, dans le cas de crise humanitaire ou de catastrophes
naturelles dans leur pays d'origine, les communautés de diasporas sont souvent
en première ligne pour mobiliser des ressources et fournir une aide humanitaire.
Les diasporas et leur empreinte sur nos politiques
En somme, les diasporas canadiennes jouent un rôle
significatif dans la manière dont le Canada interagit avec le reste du monde.
Elles contribuent à enrichir la politique étrangère canadienne et à renforcer
les liens entre le Canada et de nombreux pays partout dans le monde. Elle
contribue aussi à assombrir de larges pans de notre politique. Nous n'avons
qu'à penser à l'exemple de l'Inde et de la présence chez nous de nationalistes
radicaux sikhs ou encore au problème avec la Chine. L'influence importante des
diasporas sur la politique étrangère canadienne cause parfois des couacs comme celui
de l'acclamation d'un nazi à la Chambre des communes par les parlementaires. Cette
situation nécessite une réflexion en profondeur sur nos pratiques. Le Canada
doit s'émanciper de l'influence des diasporas sur sa politique étrangère. La
politique étrangère canadienne doit être pensée par le Canada et pour les
Canadiens, non pas en relation avec le poids électoral de telle ou telle
diaspora. Il est clair que nous devons réfléchir ensemble à ce problème
contemporain canadien en lien avec notre dévotion au multiculturalisme et à la
diversité, celui de la présence des diasporas organisées et de notre relation
au monde...