Écrire la première chronique de l'année, c'est toujours un défi en
soi. On vient à peine de se faire les vœux d'une bonne et meilleure année. Par
les vertus d'une baguette magique, on s'imagine le temps d'un réveillon que
l'on pourra mettre en arrière de nous les mauvaises nouvelles de l'année qui se
termine et entamer la nouvelle année sur un nouveau pied. On veut bien croire
que nous pourrons recommencer à neuf, sur un bon pied. Illusion ! 2024 ne sera
pas magique. Elle sera la continuité de 2023. Ni meilleure ni pire. Si l'on
veut nourrir l'illusion d'un monde nouveau qui s'annonce à nous, il faut se
garder de s'informer. Les faits d'actualité nous rappellent à l'ordre.
Chronique pessimiste sur une époque trouble.
La folie des
réseaux sociaux
Une chose demeure inchangée, en 2024 c'est la folie ambiante que
l'on retrouve sur les réseaux sociaux. On a fini l'année par des menaces de
mort à Sherbrooke à l'endroit des conseillers municipaux pour l'enjeu
dramatique ô combien important d'une taxe sur les piscines ! Les principaux
intéressés doivent trouver difficilement le sommeil. Imaginez un désaccord sur
une taxe amène des hurluberlus à proférer des menaces. On peut être en
désaccord, comme je le suis, avec le budget de notre ville sans menacer les
gens que nous avons élus. Pour ceux qui ne le savent pas, la meilleure façon de
régler ce genre de problèmes c'est de ne plus voter pour les gens que vous
jugez incompétents et qui prennent de mauvaises décisions. L'important dans
cette idée c'est de voter ce que nombre de gens ne se donnent même pas la peine
de faire.
Cette folie que l'on retrouve sur les réseaux sociaux fait des
ravages par les temps qui courent en France où l'affaire Depardieu occupe un
large espace médiatique. Le comédien mythique est accusé par des femmes de viol
et de harcèlement. Il est défendu par de nombreuses personnalités parmi lesquelles,
ce n'est pas rien, le président de la République, Emmanuel Macron. Encore là,
le mot défendre est quelque peu abusif en ce qui concerne Macron puisqu'il a
simplement rappelé l'importance de la présomption d'innocence et s'est désolé de
l'atmosphère de « chasse à l'homme » autour de cette affaire. Les porte-parole
d'un néoféministe n'ont pas laissé passer l'occasion d'accuser ce président
d'être complice de la violence faite aux femmes et aux enfants. Rien de neuf
sous le soleil.
Entente de
principe
Réjouissons-nous ! Le gouvernement Legault et les syndicats se
sont entendus avant la fin de l'année sur des ententes sectorielles avec la
presque totalité de ses employés et leurs syndicats y compris la militante frange
de la FAE. Reste maintenant à négocier les hausses salariales pour tous. Si
l'on en croit la rhétorique des uns et des autres grâce à ce vaillant combat de
nos centrales syndicales, nous aurons droit en 2024 à un système de santé et à
des écoles performantes qui répondront véritablement aux besoins de la
population. Personnellement, j'ai des doutes. Pour votre part, chers lecteurs
et lectrices d'EstriePlus, êtes-vous convaincus que l'issue de cette
négociation va permettre d'améliorer la qualité de nos services en santé et en
éducation ? Nos services publics seront-ils sauvés ? C'est ce que nous pourrons
constater tous ensemble en 2024. Je suis d'avis qu'il était nettement exagéré
de faire de ces négociations avec les employés du secteur public la voie royale
pour améliorer nos services publics. Cette rhétorique bien que servant les
intérêts des centrales syndicales est cousue de fil blanc comme le démontrera vraisemblablement
la réalité en 2024. Le problème est ailleurs. Il est dans la faillite des
promesses de l'État-providence.
Faillite de
l'État-providence
La question de la faillite de l'État providence est un
sujet complexe et controversé qui suscite des débats dans de nombreux pays. L'État
providence, également appelé État social, désigne un système dans lequel le
gouvernement intervient activement pour fournir des services publics, des
prestations sociales et des protections économiques à ses citoyens. Ces
services et prestations peuvent inclure l'éducation, les soins de santé, les
allocations familiales, les pensions de retraite, l'assurance-emploi, etc. Les
arguments en faveur de l'État providence soulignent qu'il contribue à réduire
les inégalités sociales, à assurer un filet de sécurité économique pour les
citoyens en cas de difficultés et à promouvoir la stabilité économique en
soutenant la demande intérieure. Il peut également jouer un rôle important dans
la réduction de la pauvreté et de l'exclusion sociale.
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Cependant, certains critiques de l'État providence
font valoir les points suivants. Les coûts financiers : les programmes de
protection sociale et les services publics associés à l'État providence peuvent
être coûteux, ce qui peut exercer une pression sur les finances publiques et
augmenter la dette nationale. La désincitation au travail : certains
estiment que les prestations sociales généreuses peuvent décourager les
individus à travailler, car ils peuvent percevoir des avantages similaires sans
emploi. L'inefficacité : on dit que les bureaucraties gouvernementales
associées à l'État providence peuvent être inefficaces et lourdes, ce qui
entraîne un gaspillage de ressources et des inefficiences. Le vieillissement de
la population : dans de nombreux pays, le vieillissement de la population
pose des défis pour les systèmes de retraite et de santé financés par l'État,
car le nombre de retraités augmente tandis que le nombre de travailleurs actifs
diminue. Enfin, la question de la pression sur les entreprises : les
charges sociales élevées imposées aux entreprises pour financer les programmes
de protection sociale peuvent entraîner des coûts supplémentaires et
potentiellement réduire leur compétitivité sur les marchés internationaux.
La question de savoir si l'État providence est en
faillite dépend en fin de compte de la situation économique et politique d'un
pays donné. Certains pays ont réussi à maintenir des systèmes de protection
sociale robustes tout en gérant leurs finances de manière responsable, tandis
que d'autres ont rencontré des défis liés aux coûts, à la dette et à l'efficacité
de leurs programmes sociaux.
En fin de compte, la discussion sur l'État providence
doit tenir compte des objectifs sociaux, économiques et politiques spécifiques
d'un pays, ainsi que de la capacité à financer et à gérer efficacement ces
programmes. Les réformes et les ajustements sont souvent nécessaires pour
répondre aux défis changeants de la société et de l'économie.
Le
Québec dans tout cela...
Au Québec, on se targue souvent d'être une société
égalitaire ou personne n'est laissé derrière. Ces derniers mois, la rhétorique
syndicale a été adoptée par la très vaste majorité de la population. Pourtant,
nous vivrons des lendemains difficiles. On veut bien croire que nos services
publics seront meilleurs, mais la réalité va nous rattraper. La seule certitude
que nous pouvons avoir au lendemain de ce bras de fer syndical-gouvernement
c'est que nous paierons beaucoup plus cher pour des services qui ne seront pas
au rendez-vous.
Toute ma vie, j'ai payé des impôts et des taxes rubis
sur l'ongle. Je n'ai jamais été hospitalisé, ni jamais bénéficié de services
particuliers de notre État. À l'âge où j'ai besoin d'un médecin de famille, je
n'en ai plus, le mien est parti à la retraite. Devinez quoi, pour mon prochain
examen médical je devrai faire appel à une clinique privée au coût de 650 $
pour une visite médicale annuelle. Dans ma réalité, vous comprendrez que j'ai
de la difficulté à imaginer que 2024 sera une meilleure année. Les changements
climatiques continueront d'empoisonner nos existences, les taxes et les impôts
poursuivront leur ascension, mes revenus diminueront et ma santé tôt ou tard
déclinera. La polarisation des dialogues sociaux s'amplifiera et le règne du « chacun
pour soi » continuera de triompher...