La période estivale s'étire lascivement et la coloration des
feuilles se fait tout doucement. Probablement ralentie par la présence du
soleil et de la brillante lumière du jour.
Un début d'automne tout doux. Tout ça dans un univers plus
large qui manque désespérément de cette douceur !
Peut-être est-ce le beau temps, mais voilà que j'avais mis
de côté ma rancœur par rapport à la subvention de 5 à 7 millions de dollars
(gageons déjà pour 7 !) pour amener deux matchs hors-concours des Kings de Los
Angeles à Québec.
Bien qu'enfouie dans la moiteur estivale, ma rancœur est
demeurée intacte !
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Et là, bien, nous voilà à quelques jours de ces fameux matchs.
Ceux destinés à créer un quatrième lien avec la population de Québec,
j'imagine ! 7 millions de dollars pour envoyer un message fort à la Ligue
nationale de hockey... À une semaine de l'événement, 8 000 billets n'avaient
pas trouvé preneur, selon La Presse. Je n'en suis pas surpris. Ça finira
peut-être avec des billets au rabais pour déclarer salle comble. Pour le
message fort, c'est déjà raté.
Ma rancœur est à l'effet de financer des entreprises
multimillionnaires avec l'argent issu des impôts des contribuables.
Maintenant, c'est une autre subvention de 9 millions de
dollars pour du golf de la pauvre PGA. La ministre du Tourisme avertit qu'il y
en aura d'autres !
Mais bon, au lieu de tergiverser sur le bien et le mal de
ces subventions, je me demande ceci : ça vaut combien, 7 millions de dollars ?
La réponse est simple : ça dépend pour qui.
Pour le contribuable moyen, c'est l'équivalent de 133 ans de
salaire (à 52 500$ en moyenne par année).
Pour François Legault, c'est un banal, 0.000015 % du budget
annuel. Tellement infime que ça équivaut à la petite ligne de poussière qui refuse
toujours de se loger sur le porte-poussière quand on balaie. D'où la
désinvolture, voire l'incompréhension de François Legault et son équipe quand
quelqu'un ose dire que c'est trop !
Oh ! Et j'entends déjà les détracteurs de mon calcul :
« tu le vois bien que c'est rien, alors, regarde ailleurs ! »
Mais je n'y arrive plus. C'est ça, je n'y arrive plus. Ça
aurait pu être le titre de cette chronique.
Quand je regarde la situation des guerres dans le monde.
Quand je constate le coût du logement qui devient prohibitif. Quand je vois les
banques alimentaires qui ne fournissent plus. Quand je vois le nombre
d'itinérants qui augmente. Quand je constate à quel point la vie en société est
fragile et combien il est facile de trébucher et de se retrouver à la rue.
Bien quand je pense à tout ça, je n'arrive plus à me
consoler en disant que je suis né sous une bonne étoile. C'est plus profond que
le calcul que je vous ai proposé.
Je ne me console plus à l'idée que 7 millions, c'est une
poussière dont il faut se foutre. Ce n'est pas une question de mathématique,
c'est une question de pertinence et de conséquence dans les dépenses.
Comment peut-on être pertinent et conséquent en octroyant
des millions à gauche et à droite alors que notre déficit annuel est énorme et
qu'on ne cesse de parler « du respect de la capacité de payer des
contribuables » !
Respect, vous dites ?
J'ai beau apprécier ma situation, je n'arrive plus à
m'aveugler devant le mur qui s'en vient pour la société nord-américaine.
Et des fois, je me dis qu'un de ces quatre, on se fera
reprocher par les générations qui nous suivront : « ben coudonc, vous
n'avez pas réagi ? Ce qui s'en venait n'était pas assez clair pour vous ? »
Ça a l'air que non.
Je n'y arrive plus, je disais...
Clin d'œil de la semaine
L'aveuglement volontaire, ce n'est pas être aveugle. C'est
refuser de voir.