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  CHRONIQUEURS / Deux mots à vous dire

La relecture : comme un bon prof le ferait

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François Fouquet Par François Fouquet
Lundi le 19 avril 2021      

J'ai souvent parlé de mes anciens professeurs. Plusieurs m'ont marqué. Denis Charest et Robert Milot en sont. Je nomme ces deux-là particulièrement pour une raison qui était évidente, mais dont je viens de prendre conscience.

Les deux profs m'enseignaient respectivement le français et l'histoire. M. Charest m'a enseigné (entre autres!) que le contexte de la phrase pouvait donner différents sens à un même groupe de mots. M. Milot, s'il nous racontait une guerre, évitait de tomber dans les bons et les méchants. Il nous a fait comprendre que même si elle souligne un acte de bravoure, une médaille a toujours deux côtés.

Ces deux enseignements m'ont amené à entendre et lire les choses différemment dans quelques situations ces dernières années.

La relecture qui dévoile

Je ne sais pas pourquoi, c'est presque biologique. Le rythme résolument western d'une pièce musicale, surtout lorsque c'est appuyé d'une trop évidente « steel guitar », joue sur mon système nerveux de façon négative. Comme une allergie.

En fait, c'est comme être allergique au pollen : ce n'est pas un jugement de valeur envers les plantes, c'est une allergie!

Pourtant, des fois, comme ça, sans qu'on ne s'y attende, la relecture d'une œuvre est proposée. Ainsi, j'avais catégorisé « Mille après mille » de Willie Lamothe dans la colonne allergique. Voilà que j'ai été bousculé par la valeur du texte lorsque servi via la relecture de Fred Pellerin. Un rythme complètement différent a d'abord agi comme un comprimé de Claritin sur moi. Puis, doucement, le texte a dévoilé son histoire. Parce que servi différemment. Parce que relu, je crois bien.

Une histoire de quête qui colle tellement à nos vies. La quête de ce bonheur qui nous échappe. Ce sentiment de ne pas pouvoir exprimer correctement ce qu'on ressent quand on est dans la même pièce que l'autre, mais qu'on aurait le goût de crier quand on est loin.

C'est ça, la maturité d'un texte, d'une poésie: le pouvoir de semer des images différentes dans la tête de personnes aussi différentes.

Plus tard, Louis-Jean Cormier sort sa guitare et, avec la douceur qui le caractérise bien, propose une nouvelle approche de « Ce soir, l'amour est dans tes yeux » de Martine St-Clair.

Encore une fois, l'enrobage m'avait éloigné de l'œuvre. Pour moi, c'était une chanson rose bonbon. Ce rose qui peut être tentant, mais qui tombe sur le cœur assez vite ensuite. Encore une fois, c'est une réaction épidermique chez moi. Même chez les allergiques au pollen, tout le monde ne réagit pas aux mêmes plantes. N'y voyez pas d'offense, surtout!

Mais quand Cormier brise le rythme pour attaquer doucement le refrain, disons que les phrases « ce soir, l'amour est dans tes yeux, mais demain matin, m'aimeras-tu un peu » dévoilent subitement, à mon oreille, toute la notion de l'engagement. Toute l'importance des promesses faites parfois sans trop réfléchir et qu'on oublie trop vite, faute de réflexion, probablement.

C'est ce que j'entends par la relecture qui dévoile.

Il y a plus de 25 ans, Piché chantait : « une sensation m'envahit, quand j'entrevois tes yeux ». Une phrase marquante pour moi quand j'ai rencontré celle qui marche à mes côtés depuis.

Et j'ai réalisé, quand j'ai entendu Vincent Vallières relire la Dame en bleu de Michel Louvain, qu'une phrase tout aussi belle y était, mais que je n'entendais pas parce que l'enrobage me rendait sourd à la poésie toute simple de la phrase : « à cause d'un regard, maintenant plus rien ne nous sépare ».

L'amour n'est pas quelque chose de rationnel qu'on encadre avec sa volonté. Piché et Louvain ont chanté la même chose, de façon différente.

Au revoir, M. Louvain

Ça fait quand même un bout que j'ai décidé de ne plus bouder le plaisir de fredonner des airs de Louvain. Disons que c'était rare qu'en prenant une bière avec les amis, quelqu'un dise: "il est hot, Louvain"! Pourtant, l'homme est marquant pour sa qualité fondamentale d'être humain. Il incarne la classe, mais surtout, la constance dans la classe. La constance dans le respect. Il a été parodié, souvent ridiculisé. S'il n'a pas sombré, c'est probablement à cause de cette bouée qu'il chérissait sans prétention aucune : son public.

Sa foisonnante et florissante carrière, étalée sur plus de soixante ans, est une leçon d'humilité profonde dont on a bien besoin quand on constate les dérapages multiples des gens parvenus à une popularité dans le showbusiness. 

Se rappeler Monsieur Louvain devient une source d'inspiration solide. Ce n'est pas rien comme empreinte!

Je lui dis simplement au revoir parce que sa marque va demeurer présente. Ce qui est vrai marque la pierre pour toujours.

 

Clin d'œil de la semaine

Une relecture des oeuvres de Normand L'Amour ne m'a pas permis d'introspection digne d'une chronique...     

  



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