La confiance.
Celle qu'on accorde à qui mieux mieux d'une main et qu'on
refuse systématiquement de l'autre.
Tout cela part d'un exemple somme toute anodin.
Samedi matin. Je dois répondre à une demande toute
simple : télécharger une chanson disponible sur Youtube et la transformer
en fichier de type mp3 pour la glisser sur une clé USB. Je comprends que j'ai
besoin d'un petit logiciel de transition. Je fais la demande au sieur de Google
de la façon suivante : « convertisseur sécuritaire de Youtube à Mp3
avis ». Je me dis qu'avec le mot "avis", je devrais avoir des sites
sérieux qui recommanderont ceci plutôt que cela.
Vous me direz peut-être que ma demande était candide, voire
naïve, mais bon.
J'omets d'abord tous les sites commandités qui s'affichent
en premier. Je tombe sur un site à l'allure presque journalistique. Je clique
sur un lien que le site propose et voilà que mon écran s'anime de demandes
d'adhésion, d'offres de logiciels pour bloquer les publicités, des antivirus,
bref, exactement le type de site que je voulais éviter.
Un piège, quoi.
L'épisode est anodin, disais-je. J'ai finalement trouvé un
petit outil en ligne et j'ai dépanné la personne qui en avait besoin.
Pas de quoi chroniquer là-dessus!
C'est que mes constats ne faisaient que débuter!
Le chemin que j'ai emprunté pour accéder à l'information
dont j'avais besoin est le même que des millions de personnes empruntent pour
s'informer quotidiennement sur tous les sujets. Et bien des sites ont toute
l'apparence de quelque chose de crédible.
Comment trier le vrai du faux?
Mais ma journée n'était pas terminée! Une dame m'interpelle
et en vient à me parler d'une situation médicale qu'elle traite par elle-même :
« de toute façon, les docteurs sont des revendeurs des pharmaceutiques. Je
préfère faire mes recherches et régler la situation par moi-même! »
Ouf...
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Le principe me heurte : les convictions de la dame font
qu'elle condamne tout le corps médical, mais elle est prête à croire n'importe
qui sur le Web. Ses convictions sont inébranlables au point de ne pas voir que
la sollicitation des pharmaceutiques (et tant d'autres!) est bien plus facile
et vicieuse sur le Web!
En fin de journée, un autre élément m'attend au détour. Un
coup d'œil au bulletin de nouvelles télévisé m'apprend qu'un autre conseil
municipal est envahi par les citoyens qui manifestent contre les hausses de
taxes foncières. Il n'y avait personne lors du dépôt du budget, mais plein de
monde lors de la réception du compte de taxes.
Et une dame affirme : « je veux voir tous les
livres moi-même. Je n'ai pas confiance! »
Puis, au moment où je croyais ma journée complète, j'entends
un homme affirmer que « Trump est le seul homme crédible en politique.
Tous les autres sont pourris! » Je paraphrase un peu, mais l'esprit y est.
La confiance, c'est con ou quoi?
Pour moi, la confiance est nécessaire. Pas la confiance
aveugle et niaise, mais la confiance en nos institutions. La confiance qui s'alimente
du fait de mon implication minimale dans les processus.
La situation de notre société du chacun-pour-soi a tellement
marqué nos vies qu'on se croit meilleur que tout. Meilleur que la nature,
meilleur que les politiciens, meilleur que les professionnels.
Et le vrai piège est là, tendu. Il ne reste qu'à y mettre le
pied : quand on se sent autonome au point de croire que rien ne peut
vraiment nous arriver, qu'on n'a pas à s'abaisser à compter sur les autres,
bien voilà qu'on s'isole et qu'on se met soi-même en situation de
vulnérabilité. Une vulnérabilité qu'on confond avec l'invincibilité!
Dans le cycle de vie naturel, chaque espèce a son prédateur.
Le prédateur est celui qui apporte une forme d'équilibre. Qui nous garde aux
aguets.
L'humain a su se protéger de ses prédateurs.
Mais la nature ayant horreur du vide, voilà que l'humain
nourrit son propre prédateur : lui-même...
Clin d'œil de la semaine
On attribue à Gilles Vigneault une pensée que je paraphrase
ici : les pluies, les marées, les vents et les tornades sont de
merveilleux professeurs d'humilité.