Société Arts & culture Sports Chroniqueurs Concours Annonces Classées

  CHRONIQUEURS / L'Agora

L’année René Lévesque : péquisteries à l’œuvre

 Imprimer   Envoyer 
Daniel Nadeau Par Daniel Nadeau
Mercredi le 15 juin 2022      

S'il y a une conviction partagée par une majorité de Québécoises et de Québécois, c'est bien celle qui fait de René Lévesque l'une des personnalités les plus marquantes de l'histoire du Québec contemporain. Lundi dernier, on a lancé officiellement l'année René Lévesque pour souligner le fait qu'il aurait eu 100 ans le 24 août 2022 et mettre en évidence son héritage politique. Mort prématurément à 65 ans le 1er novembre 1987, René Lévesque a été le ministre responsable de la nationalisation de l'électricité, le fondateur du Parti québécois, et le premier ministre d'un gouvernement qui a laissé un héritage marquant au Québec avec la Loi 101 sur la langue, la protection du territoire agricole, la création du régime d'assurances automobile universel et tutti quanti...

René Lévesque a aussi défendu bec et ongle le Québec et prôné pour ses habitants la voie de l'indépendance. Son gouvernement a tenu un référendum en 1980 qui s'est soldé par une défaite et par le rapatriement unilatéral de la constitution canadienne par le gouvernement de son adversaire et ami de toujours, Pierre Elliott Trudeau. Pour notre grand chansonnier Félix Leclerc, René Lévesque faisait partie de la courte liste de libérateurs des peuples. Figure polarisante en son temps, René Lévesque n'en demeure pas moins aux yeux de maints observateurs et d'une majorité de la population comme le meilleur premier ministre qui a dirigé le Québec contemporain. Le bilan de ce personnage est exemplaire à plusieurs égards. La mise en œuvre d'une année René Lévesque est une bonne idée pour rappeler les réalisations de cette personnalité marquante. Sa mémoire méritait mieux que les querelles stériles du Parti québécois par anciens chefs interposés. Retour sur des péquisteries...

Bouchard hante son ancien parti...

Tout cela a commencé lors de l'inauguration d'un monument à la mémoire de Jacques Parizeau, un autre premier ministre issu du Parti québécois et fervent indépendantiste, alors que l'ancien premier ministre Lucine Bouchard était interrogé par les médias sur l'état du parti québécois à la veille de la campagne électorale québécoise. L'ancien premier ministre Lucien Bouchard, fidèle à lui-même n'a pas été tendre envers son ancien parti évoquant de façon sibylline que les partis politiques sont des véhicules et que parfois il faut les changer pour s'adapter à son époque rappelant ainsi une idée phare de l'ancien premier ministre René Lévesque qu'il a écrite dans ses mémoires publiés en 1987 Attendez que je me rappelle. Monsieur Bouchard en a remis en précisant sa pensée dans une entrevue donnée au journaliste Patrice Roy sur les ondes de Radio-Canada.

Dans cette entrevue, Lucien Bouchard a rendu un hommage bien senti à René Lévesque rappelant son courage, son pragmatisme et son lien privilégié avec le Québec et ses habitants. Il a rappelé aussi les déchirements vécus par René Lévesque. La coupe de 20 % du salaire des employés de l'État québécois au plus fort de la crise économique de 1981-1982. La défaite au référendum de 1980 et le rapatriement unilatéral de la constitution canadienne par le gouvernement de Pierre Elliott Trudeau et surtout le choix du beau risque par René Lévesque et sa rupture avec ses compagnons d'armes Jacques Parizeau et Camille Laurin. Cela a fait de René Lévesque un être brisé à la fin de sa carrière politique.

Ce qui a fait l'objet de controverses dans cette entrevue, ce sont les propos de monsieur Bouchard sur l'importance du Parti libéral du Québec. Il a par ailleurs dit du bien du PLQ en mentionnant qu'il faisait  partie de l'histoire du Québec et a exprimé sa conviction voulant que ce grand parti trouve les moyens de renouer avec son illustre passé. Il a rappelé l'histoire de cette formation politique la présentant comme  une coalition de francophones et d'anglophones ainsi que de membres des communautés culturelles franchement fédéralistes et nationalistes. Il a eu des mots durs envers le Parti québécois en affirmant qu'il n'allait pas bien et qu'il méritait de ne pas aller bien. Il faut dire qu'il n'y a jamais eu d'amours perdus entre le Parti québécois et son chef Lucien Bouchard. Entendre cet ancien premier ministre répéter une idée souvent émise par René Lévesque n'a pas eu l'heur de plaire aux apparatchiks actuels du Parti québécois. Au premier chef, son chef actuel Paul Saint-Pierre Plamondon et l'ancien chef Jean-François Lisée. Si bien que la controverse s'est vu amplifier par une lettre ouverte adressée à Lucien Bouchard par la sœur de René Lévesque, Alice Lévesque. Incidemment, celle-ci est aussi la mère de l'actuelle directrice de cabinet de Paul Saint-Pierre Plamondon, madame France Amyot. Un petit monde tricoté serré qui s'est offusqué au sujet de paroles disant des évidences et surtout reprenant mot pour mot la pensée de René Lévesque sur les partis politiques.

René Lévesque et le Parti québécois

Ce n'est pas d'hier que l'on peut constater des relations difficiles entre le Parti québécois et ses chefs. René Lévesque n'a pas fait exception avec ses passes d'armes régulières avec les purs et durs de son parti autour de l'enjeu concernant l'article 1 du programme du Parti québécois qui voulait faire du Québec un État souverain. Il faut aussi rappeler les colères de René Lévesque sur la préservation des droits des minorités et son allergie à la gauche de son époque. René Lévesque était un homme politique pragmatique et en communion avec son peuple. Loin de lui les aventures utopiques. Il a aussi eu des relations tourmentées avec les partis politiques. D'abord, avec le Parti libéral du Québec qu'il a quitté en 1966, incapable de faire partager son idée de souveraineté-association. Une lecture des manchettes politiques de 1970 à son départ de 1984 témoigne éloquemment des relations difficiles entre René Lévesque et le parti québécois. Pas étonnant que le principal intéressé ait un jour écrit et je cite dans le texte : « Pour moi, tout parti politique n'est au fond qu'un mal nécessaire, un de ces instruments dont une société démocratique a besoin lorsque vient le moment de déléguer à des élus la responsabilité de ses intérêts collectifs. Mais les partis appelés à durer vieillissent généralement assez mal. Ils ont tendance à se transformer en églises laïques hors desquelles point de salut et peuvent se montrer franchement insupportables. À la longue, les idées se sclérosent et c'est l'opportunisme politicien qui les remplace. »

Ces propos tirés de ses mémoires publiés en 1986 étaient plus durs encore que ceux tenus par Lucien Bouchard dans son entrevue avec Patrick Roy. On ne peut pas prétendre que monsieur Bouchard a exagéré la pensée de celui dont il veut célébrer la mémoire. C'est pourquoi je suis d'avis que le Parti québécois par ses anciens chefs ou par ses militants actuels a instrumentalisé la célébration de ce personnage marquant de notre histoire à des fins de politiques partisanes. Pour moi, cela est inacceptable. Le Parti québécois doit se rappeler que René Lévesque appartient à l'histoire du Québec d'abord et avant tout et pas au Parti québécois. Les sautes d'humeur des apparatchiks péquistes ont en quelque sorte jeté un ombre sur les événements de l'année René Lévesque. Le Québec a besoin de se rappeler René Lévesque, mais n'a rien à faire des péquisteries mises en œuvre à des fins partisanes...


  A LIRE AUSSI ...

Les maudits gars

Mercredi le 20 novembre 2024      
Les maudits gars
Prendre parti…

Mercredi le 6 novembre 2024      
Prendre parti…
La démocratie en dérive…

Mercredi le 30 octobre 2024      
La démocratie en dérive…
NOS RECOMMANDATIONS
Quoi faire ce weekend en Estrie

Jeudi le 21 novembre 2024      
Quoi faire ce weekend en Estrie
Disparition de Jean-François Isabelle de Coaticook : la Sûreté du Québec lance un appel à la population

Mardi le 19 novembre 2024      
Disparition de Jean-François Isabelle de Coaticook : la Sûreté du Québec lance un appel à la population
Michel Frigon du Provigo Le marché à Magog intronisé au temple de la renommée de l’ADA

Mardi le 19 novembre 2024      
Michel Frigon du Provigo Le marché à Magog intronisé au temple de la renommée de l’ADA
PLUS... | CONSULTEZ LA SECTION COMPLÈTE...

 
Chat GPT, Le sommelier du journal Estrieplus
Vendredi, 22 novembre 2024
Le Burg Ravensburg Riesling

Daniel Nadeau
Mercredi, 20 novembre 2024
Les maudits gars

François Fouquet
Lundi, 18 novembre 2024
Les pépites d’espoir

inscription infolettre 600
Trois hommes arrêtés avec une arme prohibée et des stupéfiants à Sherbrooke Par Martin Bossé Lundi, 18 novembre 2024
Trois hommes arrêtés avec une arme prohibée et des stupéfiants à Sherbrooke
Arrestation sur la rue Bowen Sud à Sherbrooke : drogue et matériel saisis Par Martin Bossé Mercredi, 20 novembre 2024
Arrestation sur la rue Bowen Sud à Sherbrooke : drogue et matériel saisis
Mise en application de la taxe sur l’immatriculation à Sherbrooke Par Martin Bossé Lundi, 18 novembre 2024
Mise en application de la taxe sur l’immatriculation à Sherbrooke
ACHETEZ EstriePlus.com
bannières | concours | répertoire web | publireportage | texte de référencement | site web | vidéos | chroniqueur vedette
2024 © EstriePlus.com, tous droits réservés | Contactez-nous