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Mon ami John!

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Je viens d'achever la lecture du livre de John Parisella, ouvrage qui est le récit de son implication en politique québécoise, tant au Parti libéral du Québec qu'au service des premiers ministres Robert Bourassa, Claude Ryan, Daniel Johnson et Jean Charest. Certains d'entre vous connaissent peut-être John dans son rôle de commentateur ou d'analyste de la politique américaine, mais vous ne pouvez prendre la pleine mesure de l'homme que si vous avez pu le voir à l'œuvre de près. John, c'est en un mot un chic type. J'ai eu le privilège de collaborer avec lui et de débattre de grands enjeux du Québec dans son bureau de la rue Gilford à Montréal en compagnie de mon ami Pierre Anctil. J'invite celles et ceux qui aimeraient mieux comprendre pourquoi John était surnommé, « Mr Nice Guy » dans le monde politique québécois à lire « La politique dans la peau », publié chez Les Éditions La Presse la semaine dernière. Incursion dans l'univers d'un gentilhomme de la politique...

Les années Bourassa II
J'ai connu John Parisella au Parti libéral du Québec (PLQ) dans le cadre des préparatifs de la campagne électorale de 1985, à la suite de laquelle M. Bourassa a repris le pouvoir. J'étais depuis un an associé de très près à Monique Gagnon-Tremblay, avec laquelle je travaillais pour qu'elle soit élue députée de Saint-François. Je l'assistais également dans ses tâches de présidente du groupe de travail sur les femmes du PLQ.

Des suites de l'élection de 1985, je suis devenu membre du cabinet de la nouvelle ministre à la Condition féminine du gouvernement Bourassa et ministre régionale de l'Estrie, Mme Gagnon-Tremblay. Plus que jamais, je militais au PLQ et je fus de bien des commissions d'étude de la Commission politique du parti et jouais un rôle actif lors des conseils généraux et des congrès avec mes amis Pierre Anctil et Carole Diodati. C'est là que j'ai vraiment connu John Parisella, qui était à l'époque directeur général du PLQ.

John aimait les débats et il était convaincu de l'importance d'écouter les membres du parti. Comme directeur général, il a toujours su faire de la place aux bénévoles comme moi dans les débats importants du Québec. Il rappelait avec Robert Benoit une vérité élémentaire aux ministres et aux membres du personnel des cabinets politiques : « Sans le parti, vous ne seriez pas au pouvoir! » (John Parisella, La politique dans la peau, Montréal, Les Éditions La Presse, 2015, p. 156).

Pour le président du parti de l'époque, Robert Benoît, et le directeur général, John Parisella, le PLQ devait être un carrefour d'idées et de débats et non une machine à ramasser de l'argent ou à faire sortir le vote. Ils ont pris les moyens pour arriver à cet objectif : « Pour faire en sorte que le parti demeure aussi un carrefour d'idées et un lieu de débats, nous avons décidé de tenir des conseils généraux thématiques avec des experts externes et non alignés avec le parti, de maintenir le congrès jeunesse annuel tous les étés, d'organiser un colloque auprès des communautés culturelles et de faire des colloques régionaux pour préciser les thématiques du prochain congrès des membres, fixé pour 1988. De plus, nous gardions une marge de manœuvre pour débattre et contester les actions gouvernementales qui se démarquaient en partie de nos engagements électoraux. » (loc cit.)

De grandes années pour la politique québécoise, durant lesquelles de grands enjeux ont été débattus, dont la Loi 178 sur l'affichage, la signature du traité historique de l'Accord du lac Meech, la signature du traité de libre-échange avec les États-Unis et l'adoption en 1989 de la loi sociale très importante sur le Patrimoine familial, pilotée par Monique Gagnon-Tremblay. Loi à laquelle John Parisella a apporté son concours aussi efficace que discret : « Cette réforme majeure démontrait encore une fois comment le PLQ pouvait avoir une préoccupation sociale, et non uniquement économique. Ma participation à cette loi, que j'ai pilotée du début jusqu'à la fin en étroite collaboration avec la ministre Gagnon-Tremblay et où j'ai pu intervenir pour aplanir les différents points de vue reste à ce jour, le travail dont je suis le plus fier. » Ibid., p. 178

Le deuxième mandat de Bourassa II
John Parisella est devenu le chef de cabinet du premier ministre Robert Bourassa après sa réélection en 1989. On ne peut pas dire que ce fut une période facile. Rappelez-vous les crises environnementales des BPC à Sainte-Julie et de l'incendie d'un réservoir monstre de pneus à Saint-Amable; l'assassinat de jeunes femmes innocentes par le tueur Lépine à Polytechnique; l'échec de l'Accord du lac Meech et les suites de Charlottetown qui ont mené à la défaite référendaire de 1995; la crise d'Oka; la crise du rapport Allaire, le départ de Mario Dumont et le cancer de peau de Robert Bourassa qui l'a mené à son retrait de la vie politique et à la mort.

John a été de tous ces événements, aux premières loges à gérer les crises tout en conservant sa bonhommie, sa gentillesse et son affabilité. Il a aussi été associé de très près à l'accord McDougall-Gagnon-Tremblay qui permet aujourd'hui au Québec de choisir lui-même ses immigrants. Pour la petite histoire, c'est grâce à l'intervention du premier ministre Brian Mulroney que le Québec a pu obtenir cette entente : « Il (Mulroney) me demanda s'il pouvait "faire quelque chose pour Robert". Sans réaliser le manque de décorum de ma réplique, je lui ai répondu : "Il aimerait tellement que l'on règle l'entente sur l'immigration qui semble dans une impasse." Sans aucune hésitation, il me répondit : "dis à Robert que je m'en occupe." Mulroney est intervenu auprès de sa collègue et une entente a été signée entre le fédéral et le Québec, le 5 février 1991... Mulroney avait tenu parole » ibid., p. 230

John toujours épris de politique
John a fini par quitter la politique au milieu des années 1990 pour devenir membre de l'équipe d'Yves Gougoux chez BCP à titre de vice-président. Par la suite, il a été nommé délégué du Québec à New York. Il s'est réinvesti en politique en 2007 comme conseiller auprès du premier ministre Jean Charest. John n'a jamais pu se défaire de la politique. Il aurait aimé être un député à l'Assemblée nationale, mais le sort en a voulu autrement, il fut plutôt conseiller du prince.

Mais ce qu'il faut retenir de John Parisella, c'est sa grande civilité, son idéalisme militant et son éternel optimiste et sa foi en la jeunesse. John est une véritable soie et il a vraiment, comme l'indique le titre de ses mémoires, la politique dans la peau. Ce fut un privilège pour moi d'avoir pu collaborer avec lui tant au Parti libéral du Québec, comme bénévole à la commission politique, que comme membre d'un cabinet alors qu'il était au cabinet de monsieur Bourassa. Je suis heureux de pouvoir signer cette chronique qui relate imparfaitement son parcours professionnel en écrivant : mon ami John...

Référence : John Parisella, La politique dans la peau. Mes années avec Robert Bourassa, Claude Ryan, Daniel Johnson et Jean Charest. Montréal, Les Éditions La Presse, 2015, 389 p.


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